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Au pays de la corruption
07/02/2014 14:36
Au pays de la corruption
L'affaire a fait beaucoup de bruits. Des journalistes ivoiriens qui tentent de corrompre un des leurs. Ils ont été missionnés par une ministre de la république pour tenter d'obtenir, contre espèce sonnante et trébuchante, une «trêve» auprès de ce collègue à propos d'une magouille dans les caisses de l'Etat au détriment du contribuable ivoirien. La circonstance qui aggrave cette affaire de tentative de corruption -même si le cas n'est pas nouveau- est qu'il s'agit fort bien de personnalités du pays; une ministre de la république et des journalistes dont un est le président de tous les journalistes de Côte d'Ivoire. Plein d'amertume, je me suis demandé comment les journalistes de mon pays ont-ils pu confier leur sort à l'un d'entre eux dont la rigueur morale est aussi ténue. Comment ces hommes et femmes que j'aime bien et que je respecte pour leur rigueur et vigilance intellectuelles ont-ils pu manquer de vigilance eux qui sont toujours prêts à brocarder les hommes politiques? Au-delà de mes préoccupations, se pose rigoureusement le problème de la corruption dans la société ivoirienne. Il n'y a aucun doute que notre société est foncièrement corrompue, depuis le sommet de l'Etat jusqu'au plus petit service de l'administration publique ou privée. A tous les échelons, se côtoient quotidiennement et merveilleusement bien corrupteurs et corrompus. Dans ce vacarme corrupteur, les uns, à qui mieux mieux tentent, sans aucun scrupule, de séduire les autres. Il n' y a pas un seul service de notre administration qui échappe à la gangrène corruptrice. Présidence, ministères, tribunaux, police, gendarmerie, armée, mairies, sous-préfectures, préfectures, universités, lycées, collèges, hôpitaux, tout est miné et infecté par les corrupteurs et les corrompus. Tous les pouvoirs qui se succèdent les favorisent et en dehors des déclarations de façade pour faire plaisir aux investisseurs, le système se ramifie et se perfectionne davantage au fil des ans. Chaque pouvoir a sa façon d'organiser son système. Il en établit ses critères, ses principes et en choisit ses hommes. Mais tous ont le même objectif: la perfection scientifique de la corruption. A quoi peut servir le corps quand la tête est pourrie?
J'ai lu un jour cet écriteau ahurissant sur un Woro-woro à Daloa: «C'est pas diplôme qui compte c'est connaissance». Cet écriteau résume à lui tout seul cette pratique mafieuse qu'est la corruption en Côte d'Ivoire. Les statistiques dans ce domaine sont vraiment effroyables et inquiétantes: dans le classement de la Fondation Mo Ibrahim sur la gouvernance africaine en 2013, la Côte d'Ivoire occupe le 44è rang sur 52 pays. Dans la sous région Cedeao, notre administration occupe la 15è place sur les 16 pays de la zone. Transparency International classe notre pays au 166è rang sur 177 pays classés dans le monde. Et dans l'espace Uemoa, nous occupons la dernière place: 8è sur 8. Le bilan est à la fois triste et honteux. Mais on peut le comprendre aisément. En effet, quand on a fait pendant deux décennies le pied de grue devant le palais présidentiel dans l'intention d'y occuper par tous les moyens le fauteuil qui s'y trouve et quand on réussit à y pénétrer sous escorte des bombes démocratiques, on ne peut que parvenir à ce sombre et honteux bilan malgré l'opération de communication et de charme qu'on exhibe intempestivement et bruyamment aux Ivoiriens pour leur cacher la détresse et la misère morale. Donc, dans l'état actuel de la gouvernance dans notre pays, nous devons savoir que la corruption n'a pas émergé ex nihilo. Quand on accède au pouvoir par les armes, la corruption n'est jamais loin dans la gestion des affaires de l'Etat, arme et corruption faisant bon ménage. Et constatons aussi que le «rattrapage ethnique» érigé en règle de gouvernement par les autorités du palais ivoire ne peut être que le vecteur favorisant la corruption qui vient d'être mise à nu par le fait que nous évoquions au début de cette réflexion. Tous les membres du clan veulent manger, surtout que les griots de service nous chantent à longueur de discours que la soupe est désormais abondante. Et chacun y va par ses moyens et par ses forces en comptant sur la bénédiction du chef.
Ainsi, petit à petit, et à sa manière, notre pays avance vers son «émergence» qu'on nous a promis pour très bientôt et à laquelle beaucoup, naïvement y croient. Mais si cela devrait vraiment arrivé, notre progrès serait atypique dans l'histoire des pays émergents: une monnaie de colonie, une économie de colonie et de prédateurs tranchants, un pouvoir corrompu, des dozos qui traumatisent la population, des journalistes qui se transforment en bras corrupteurs des hommes au pouvoir!
Tant qu'on n'aura pas compris ici que la corruption est le premier obstacle contre le développement et que par conséquent les autorités – si tant est qu'elles ont encore de l'autorité - doivent prendre des mesures draconiennes pour la prévenir ou la sanctionner, nous serons toujours les derniers de la classe. Pour ne pas comprendre cela, il faut avoir été abasourdi par le bruit des armes qui ont conduit au pouvoir.
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Homosexualité à Abidjan: danger contre la jeunesse ivoirienne
30/01/2014 23:02
Homosexualité à Abidjan: danger contre la jeunesse ivoirienne
«Ce n'est plus facile d'avoir un homme pour sa vie. Voir des hommes sortir avec d'autres hommes, ce n'est pas normal. Ça ne nous arrange pas», ainsi commençait l'article relatif à la révolte contre les homosexuels dans un quartier d'Abidjan dans le quotidien Notre voie du lundi 27 janvier 2014, page 8. Au-delà de la simple question «d'arrangement» dont parle cette femme, avec l’homosexualité posons la vraie question qui soutient sa pratique qui est plutôt une question de morale, de dignité, de vertu et d'honneur. Savoir qu'un sous quartier d'Abidjan est pris en otage par les homosexuels, cela me donne la chair de poule et même froid dans le dos. Dans une récente réflexion partagée dans cette même rubrique et qui était relative à la loi sur le mariage des homosexuels votée en France, abusivement appelée «Mariage pour tous», j'avais attiré notre attention en écrivant:«Que feront aujourd’hui nos gouvernants, si prompts à quémander l’aide financière française, si cette aide devrait désormais être conditionnée par la reconnaissance officielle des droits des homosexuels français qui vivent aussi chez nous en nombre pléthorique? Il y a peu, David Cameron avait exigé cela aux pays africains attachés à sa soupe. Heureusement, le grand Mugabe l’a traité de «porc» et de «chien». Il y a donc urgence! Il nous faut nous battre, pour nous qui croyons encore avoir quelques valeurs éthiques à protéger, pour s’opposer à cette loi qui nous guette.»
Dans cette logique, je le dis tout net: l'homosexualité est une perversité, une maladie, un crime contre l'amour et contre la nature. Elle est une déviation de la pire espèce. Être homosexuel en Afrique, c'est refuser de rentrer dans la ligne vertueuse de l'amour tracée pour nous par nos Ancêtres depuis des temps immémoriaux et qui permet depuis toujours la survie de notre race. «Des garçons qu'on voit au marché en train de se faire tresser les cheveux. Des garçons qui portent des soutiens-gorges, qui posent de faux cils, qui se font vernir les ongles, nous n'en voulons pas. Ils s'embrassent en pleine rue...», révèle l'article. Allez parler d'homme qui couche avec un autre homme à nos parents au village et ils vous montreront de quel bois ils se chauffent! Un ami mien m'a dit un jour non sans humour que «l'homosexualité c'est barbe contre barbe, moustache contre moustache, fesse dure contre fesse dure». Quelle histoire! Cette chose horrible et scandaleuse que nous avions regardée et considérée longtemps comme une «affaire des Blancs» a fait bruyamment irruption dans notre société ivoirienne d'aujourd'hui, surtout dans le milieu des jeunes.
Il est inconcevable qu'aujourd'hui où l'espèce humaine se vante de sa civilisation et de sa mondialisation tous azimuts, l'on inverse, sous de fallacieux prétextes, les vraies relations entre l'homme et la femme en la substituant pitoyablement à une perversité qu'on s'égosille à nommer et à présenter comme une relation normale. La motivation réelle de la pratique homosexuelle chez nous comme ailleurs est un déni de l'amour, une banalisation sans scrupule du sexe, une dévalorisation à grande échelle de l'acte sexuel voulu par la nature. De façon plus générale, quoi qu'on dise, l'homosexualité est le signe manifeste de la piteuse déchéance de notre humanité. L'espèce humaine est en danger. Les Ivoiriens le sont aussi. Cette ong dénommée «Alternative Côte d'Ivoire» est une gangrène qui va pervertir sexuellement nos jeunes gens en s'infiltrant malicieusement dans l'ensemble de la société. D'ailleurs, que veut-elle alterner? Le naturel et le pervers? Le pur et l'impur? Son existence ne doit pas être justifiée par la liberté d'association. Une liberté d'association qui détruit perfidement notre jeunesse devient un poison qu'on doit extraire de notre société. De plus, le simple fait que cette association reçoive un financement de l'ambassade de France dans notre pays pour l'organisation de ses activités doit attirer notre attention et nous tenir en veille permanente. C'est une subvention pernicieuse. Chez nous, la pratique homosexuelle s'apparente depuis toujours à une véritable mafia où l'on brasse d'énormes sommes d'argent qui attirent nos jeunes aussi bien désœuvrés et paresseux qu'étudiants et fonctionnaires cherchant une promotion dans leur nouvelle fonction. Il n'y a pas de doute que derrière un jeune qui pratique l'homosexualité en Côte d'Ivoire, se cache un réseau nuisible d'hommes d'affaires nationaux et étrangers malades de sexe qui font de leurs richesses à la provenance douteuse un appât facile pour ces jeunes qui les suivent pour profiter de miettes qu'ils leur lancent après chaque opération impudique aux allures souvent sataniques. Les propos des riverains dans l'article sus mentionné ne nous surprennent pas:«Quand on se plaint, ils nous répondent qu'ils s'en fichent. Et qu'ils ont des contacts haut placés». Qui sont ces «contacts haut placés?» Mesurons alors sérieusement l'ampleur et la gravité du phénomène face à ces réseaux sexuels politico-économiques qui paient au plus fort et qui écument nos cités universitaires pour nuire et détruire notre jeunesse.
Après la politique qui déstructure aujourd'hui encore notre société ivoirienne et la guerre qu'elle a engendrée, l'homosexualité se présente de plus en plus sous nos yeux comme le plus grand fléau qui va bientôt miner notre pays et contre lequel il va falloir donc déterrer la hache de guerre. Si les Ivoiriens ont accepté les rebelles et leurs sponsors qui ont défiguré notre pays, ils ne doivent pas accepter les homosexuels qui dépravent notre jeunesse. Bien sûr, l'on ne doit rien attendre du politique et du pouvoir en place pour mener la lutte. En effet, soucieux de préserver son pouvoir par tous les moyens, la clique gouvernementale n'entreprendra aucune action dans ce sens. Les lobbies homosexuels à Abidjan sont assez puissants pour l'éjecter du fauteuil présidentiel (encore faut-il douter qu'il n'en soit pas). C'est pourquoi l'action des riverains de ce quartier est à encourager. L'on ne doit pas laisser prospérer de telles déviations chez nous. Ces lobbies homosexuels et leurs adeptes doivent être traqués pour préserver la dignité sexuelle de notre société et de notre jeunesse en particulier. Et je trouve suspecte l'intervention de l'Onuci dans une affaire de mœurs qui de loin ne la regarde pas et pour laquelle elle n'a pas besoin de pondre une «résolution». Il n'y a pas à douter que ces fonctionnaires internationaux, très souvent impliqués dans ces affaires nauséeuses de mœurs (viols, pédophilie, homosexualité) soient eux-mêmes comme acteurs actifs ou passifs au cœur de ce fléau qui nous guette. Il faut aussi les combattre. Nous n'avons pas à abandonner notre jeunesse aux mains de personnes sans aucune morale sexuelle qui ne se satisfont que de leur unique jouissance sexuelle et diabolique au mépris des vertus morales et qui ne s'intéressent à nos jeunes que parce qu'ils les frottent sans cesse là où il ne faut pas.
perejeank@yahoo.fr
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Démocratie copier-coller
24/01/2014 15:05
Démocratie copier-coller
Un président qui s'en va, sous la clameur et la huée populaires du peuple fatigué de lui; un autre qui s'en vient, sous les acclamations et cris de joie du même peuple; le même qui s'en va à son tour sous les acclamations joyeuses encore du peuple, un autre qui s'en vient encore avec la bénédiction du peuple qui le porte au pinacle; la «communauté internationale» qui s'en mêle et qui salue le changement ou le condamne selon ses intérêts en jeu. Tel est le rituel démocratique- ou si l'on veut l'agenda démocratique- auquel l'Afrique s'est soumise depuis les indépendances et surtout depuis qu'un vent venu de l'Est nous a emballés, à notre corps défendant, dans ce que l'on appelle «la démocratie». Même schéma, même rituel, même décor: un président en place, une opposition, une milice, un renversement, des cris de joie, la communauté internationale, des condamnations ou des félicitations et bénédictions, des promesses d'aides financières, une transition, un gouvernement d'union ou de réconciliation, des élections «transparentes» et ouvertes à tous, le candidat de la France, l'exil du président sortant ou renversé...Telle est la remarquable contribution de l'Afrique à la démocratie occidentale dont on dit que les Grecs sont les inventeurs et qu'on veut par tous les moyens tropicaliser.
Pour écrire cette réflexion, j'ai pris le temps de revisiter le discours de la Baule référencé comme la matrice et le cordon ombilical du multipartisme et de la démocratie en Afrique. Ce discours a été prononcé le 20 juin 1990 par le président français socialiste François Mitterrand. Il est vrai que je n'apprécie pas le fond de celui-ci, mais la forme a retenu au moins mon attention: «Lorsque je dis démocratie, lorsque je trace un chemin, lorsque je dis que c'est la seule façon de parvenir à un état d'équilibre au moment où apparaît la nécessité d'une plus grande liberté, j'ai naturellement un schéma tout prêt : système représentatif, élections libres, multipartisme, liberté de la presse, indépendance de la magistrature, refus de la censure : voilà le schéma dont nous disposons», martèle-t-il.
Il n'y a donc pas de doute que la démocratie a bel et bien été imposée aux Africains, selon un «schéma» bien prédéfini, «tout prêt», avec ses critères et peut-être aussi avec ses hommes. La suite du discours est davantage révélateur: «Plusieurs d'entre vous (les Chefs d’État africains qui l'écoutaient discourir) disaient : "transposer d'un seul coup le parti unique et décider arbitrairement le multipartisme, certains de nos peuples s'y refuseront ou bien en connaîtront tout aussitôt les effets délétères. D'autres disaient : "nous l'avons déjà fait et nous en connaissons les inconvénients". Ou encore: «Mais les inconvénients sont quand même moins importants que les avantages de se sentir dans une société civiquement organisée. D'autres disaient : "nous avons commencé, le système n'est pas encore au point, mais nous allons dans ce sens". Je vous écoutais. Et, si je me sentais plus facilement d'accord avec ceux d'entre vous qui définissaient un statut politique proche de celui auquel je suis habitué, je comprenais bien les raisons de ceux qui estimaient que leurs pays ou que leurs peuples n'étaient pas prêts. Alors qui tranchera ?»
Malgré le temps, ce discours relance et pose opportunément à nouveaux frais la question de la démocratie en Afrique. Des doctes, toujours bien ou mal inspirés, ont crié et crient toujours sous tous les toits et à longueur de discours académiques qu'il faut une démocratie propre à l'Afrique, qui s'inspire de nos cultures, de nos traditions, de notre philosophie du monde et de nos religions. D'autres encore soutiennent mordicus qu'il nous faut nécessairement, pour être dans la mouvance de la civilisation, adopter la démocratie car ses principes et ses critères sont universels. «Ou on fait la démocratie ou on ne la fait pas», préviennent-ils. Et depuis, le débat se poursuit alimenté par les coups d’État, les rebellions, les milices, les crises post électorales, les massacres des populations, les interventions de la France, les résolutions de l'Onu, etc, etc.
En Afrique, la démocratie doit naître. Ou si elle l'est déjà elle a encore du chemin à parcourir. Qu'elle soit de source occidentale ou pétrie et formatée aux couleurs locales, elle cherche son pied d'appui et son équilibre. Le système importé ou tropicalisé, tant qu'il n'aura pas une originalité et une caractéristique, tant qu'il ne subira pas ce que les théologiens africains appellent une «inculturation», battra toujours de l'aile et offrira au monde entier le honteux et malheureux spectacle dont se nourrissent les médias internationaux et les Ong occidentales. Le printemps arabe avait suscité quelque espoir. Mais très vite, en bons Africains, nous avons déchanté, montrant par là aux yeux du monde que l'Afrique reste l'Afrique, qu'elle soit noire ou blanche. L'actualité centrafricaine vient ajouter à nos tristes malheurs et à notre honte démocratiques. Dans le chaos, les frères centrafricains se sont «fabriqués» sur mesure leur présidente en dehors du rituel habituel. Est-ce une nouvelle voie pour la démocratie sous les tropiques? Quand la France actionne l'Union européenne qui à son tour bouscule et intimide le Conseil de sécurité de l'Onu pour voler au secours de ces pauvres africains en crise qui s’entre-tuent, c'est sûr que les choses iront forcément toujours mal et pour notre malheur. C'est pourtant le rituel classique, impitoyable et improductif. Et quand la nouvelle présidente centrafricaine ira faire allégeance très prochainement au propriétaire de l’Élysée pour signer en catimini les contrats d'affaires en reconnaissance au service rendu, c'est le peuple qui continuera de souffrir de sa pauvreté et de sa misère, prêt à déterrer la hache de guerre.
Si l'on pouvait comprendre que la démocratie, quelle que soit sa forme ne pourra jamais être imposée à un peuple sous forme de «copier-coller», l'on fera un grand pas vers le développement du continent africain. A-t-on jamais imposé la démocratie à l'Europe ou à l'Occident en général? Les autres peuples se sont-ils aussi bruyamment imposés dans leurs affaires? Et si pour l'Afrique la démocratie ne devrait pas être le prêt à penser auquel Mitterrand le destine, à savoir : «système représentatif, élections libres, multipartisme, liberté de la presse, indépendance de la magistrature, refus de la censure»? Les réponses à ces questions pourraient nous aider à avancer en constituant l'enjeu même de la démocratie en Afrique. En attendant, les Africains doivent continuer de réfléchir, loin de toute passion, au type de gouvernance de leurs cités et de leurs peuples.
De mon point de vue, il n'y a pas une démocratie universelle, une marque déposée pour le bonheur de tous les peuples du monde. Quand l'Afrique saura prendre conscience de ses richesses culturelles, humaines et matérielles, quand elle se rendra compte que sur son sol le pétrole, le cacao, l'or, l'uranium, le diamant ne peuvent pas marcher ensemble avec la démocratie occidentale très matérialiste et conquérante, violente et armée chez nous (une démocratie de bombes); quand elle comprendra ces mots mêmes de Mitterrand dans son même discours: «Le colonialisme n'est pas mort. Ce n'est plus le colonialisme des États, c'est le colonialisme des affaires et des circuits parallèles», elle trouvera les formes, les critères et les principes pour la conduite de ses peuples et de ses États. Et cela n'appellera que la paix, la justice et les droits de l'homme.
Ce ne sont pas les résolutions de l'Onu et ses missions en Afrique; ce ne sont pas les opérations Licorne, Serval, Sangaris qui démocratiseront l'Afrique. Ce ne sont pas non plus les «aides au développement» du FMI et de la Banque Mondiale qui apporteront le progrès souhaité sous les tropiques. Sinon depuis 54 ans que nous les recevons, nous serions plus développés que l'Asie qui n'a que faire de ces «aides». Tous ces instruments de paupérisation, tout cet acharnement démocratique nous infantilisent au contraire, malgré l'éloge qu'on leur fait et le vacarme dans lequel nous les recevons.
Entrons en nous-mêmes et méditons pour trouver ce qui peut faire notre propre bonheur loin des fusils, des bombes, des coups d’État, des rattrapages ethniques, de l'humiliation de ses opposants, des tripatouillages de nos constitutions, des présidences à vie pour combler son clan, sa tribu et sa région.
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Le cas Tiken
09/01/2014 23:55
Le cas Tiken
Je consacre aujourd'hui, et cela malgré moi, ma réflexion hebdomadaire à Tiken Jah. Pour être sincère et franc, malgré la réputation surfaite dont il bénéficie, c'est un artiste qui ne m'a jamais impressionné, encore moins séduit. Je ne pense pas avoir un seul CD de lui dans ma discothèque privée. Et je ne suis pas sûr que cela soit pour maintenant. Mais j'ai décidé de parler de lui aujourd'hui pour ce que j'ai pu lire de lui dans le quotidien Notre voie du lundi 6 janvier dernier. Marcellin Boguy, le journaliste qui semble être séduit par les derniers propos de l'artiste rapporte: «Ici, on voit des chefs d’État qui n'ont pas encore fini leur mandat, mais qui déjà annoncent qu'ils vont se présenter. Et ils battent même campagne en ce moment pour se faire réélire. Je ne les comprends pas. Le pouvoir grise les dirigeants africains. Et c'est bien dommage».
Cet artiste, qui doit encore faire des efforts pour s'imposer à nous autres encore dubitatifs sur ses talents réels, est l'un de ceux qui au plus fort de la crise qui a douloureusement secoué et meurtri notre pays à cause des bandes armées et barbares de Soro et de Ouattara pendant dix ans, ont parcouru le monde entier avec leur matos et micros pour diaboliser systématiquement le pouvoir de l'époque et ses dignitaires, les traitant de tous les maux et de tous les noms et jouant eux-mêmes les paranoïaques, les persécutés et les martyrs d'un système qu'ils ont diabolisé. Par ce fait, il s'est acquis une «réputation» qu'il ne mérite pas et se déclarait lui-même persona non grata chez lui. Il avait résolument choisi son camp et il ne le cachait pas: celui de la rébellion et de ses tenants malgré les meurtres qu'ils commettaient. Là n'est pas le problème. Car chacun est bien libre d'aller là où il veut, de suivre qui il veut selon son éducation, sa culture politique et son intelligence. Moi j'ai aussi mon camp et personne ne m'en détournerait. L'artiste a donc chanté partout que notre pays et ses dirigeants étaient maudits et constituaient la pire espèce qui pût exister sur terre et qu'il fallait un autre système et d'autres dirigeants sortis tout droit des cuisses mêmes de Jupiter, ceux qu'il glorifie à longueur de concerts et qui sont bien installés aujourd'hui au pouvoir et profitent, avec lui, de ses honneurs et de ses gloires en annonçant, tambours battants, qu'ils y resteront encore et encore. Pourquoi alors le sieur Tiken s'en offusque-t-il? Pourquoi l'annonce de candidature de son mentor l'émeut-il? A y voir de près, Tiken joue bien le jeu du pouvoir. En se transformant aujourd'hui en «critique» ou «pourfendeur» du pouvoir qu'il a, d'une manière ou d'une autre, aidé à installer et qu'il soutient de fort belle manière, il est bien dans son grand et beau rôle. Et il le joue à merveille. De même que les évêques d'Odienné et coadjuteur de Yopougon jouent le rôle que leur mentor au pouvoir leur a donné, l'artiste Tiken joue à merveille le sien. Si les premiers s'attaquent à tous ceux de leur confrère qui critiquent courageusement la politique hasardeuse, sanguinaire et inhumaine des hommes au pouvoir, l'artiste est chargé quant à lui de brouiller les pistes, de distraire le peuple par de pseudo critiques, impertinentes et sans conviction. En «critiquant» ouvertement son mentor qu'il n'a d'ailleurs pas le courage de nommer, il veut bien nous donner l'impression qu'il est un homme intègre qui va du côté de la vérité et de la démocratie, qu'il se situe aux côtés du peuple pris en otage et qui souffre. Ce qui n'est pas le cas en scrutant profondément son passé et ses choix. Ne nous laissons donc pas impressionner et distraire par les propos de cet artiste, ce faux intègre et démocrate en trompe-l’œil à la réputation surfaite, boîte de résonance du pouvoir actuel. Cet artiste qui joue de tout temps le «révolutionnaire» et l'«éveilleur de conscience» est bel et bien au service de son mentor et il est tout à fait en phase avec sa politique et ses ambitions présentes et futures. Que celui-ci reste toute sa vie au pouvoir, il serait bien content d'être à ses côtés pour le louanger en jouant les griots. Et bien entendu, il en retire les dividendes subséquentes.
Tiken n'est pas un africaniste contrairement à ce qu'il veut faire croire à ceux qui le vénèrent et qui prennent de leur temps pour l'écouter. C'est pour cela que je suis surpris par ses propos-ci: «Je veux m'adresser aux peuples africains. Il faut que les Africains se prennent en charge. Qu'ils comprennent que l'Afrique a d'énormes potentiels (sic) et qu'ils doivent prendre en main le destin de leur continent.» A quel peuple africain veut-il s'adresser maintenant et à quel titre? On ne peut pas soutenir de bout en bout une rébellion, avoir des atomes crochus avec elle, être fier que la France intervienne à tort et à travers en Afrique avec ses bombes démocratiques et venir proclamer devant micros et caméras que les Africains doivent se prendre en charge en prenant leur responsabilité. On ne peut pas être un admirateur propagandiste zélé et démesuré de Soro et de Ouattara, être complice de leurs exactions, profiter de leur pouvoir et prétendre donner des leçons d'africanisme et de démocratie aux Africains. Véritablement, cet artiste prêche le faux pour avoir le vrai. Pendant que le jour il joue au consciencieux et au révolutionnaire, nuitamment il mange à la table de ses tuteurs et autres amphitryons. Ne nous laissons donc pas distraire par des «africanistes» sans envergure, qui chantent leur propre malheur et qui soutiennent les rébellions et les interventions militaires infantilisantes de la France en Afrique; qui font «l'apologie de l'ignorance et de l'inculture» (Cf. Kofi Yamgname, Afrique, introuvable démocratie, Brest, 2013, p.32).
D'ailleurs, il me faut apprendre à Tiken qu' ATT qu'il admire tant n'est pas un modèle pour les Africains. Il ne suffit pas de renoncer au pouvoir pour être déclaré grand homme en Afrique. Le passé d' ATT que nous connaissons tous ne fait pas de lui le paradigme d'un chef d’État africain intègre, soucieux de l'avenir de son peuple et du progrès de notre continent. L'Afrique ne pourra jamais être un pôle de développement quand elle sera dirigée par des présidents comme ATT. N'endormons pas la génération future avec de faux modèles, des modèles taillés sur mesure ou fabriqués de toute pièce. Notre avenir se construira avec nous-mêmes et des leaders qui prennent de plus en plus conscience de notre domination et sont prêts à engager à nos côtés la vraie lutte pour notre libération des jougs de l'impérialisme moderne,violent et pillard; des leaders qui sauront dire non aux préfets occidentaux qui dirigent et orientent l'Afrique depuis leurs bureaux à travers des réseaux mafieux et des chefs sans envergure et ambition qu'ils placent à la tête de nos États et nos peuples. L'enjeu de notre libération est tellement immense qu'il nous impose de choisir nous-mêmes nos modèles. Et je ne crois pas qu' ATT en soit ou que cela soit la mission de Tiken de nous en trouver. De toutes les façons, et même dans un rêve fou, ce n'est pas un artiste de petit calibre qui doit nous guider dans le choix de nos modèles et de nos leaders charismatiques qui ne flirtent pas avec les armes et les bombes.
Comme la semaine dernière, je termine avec ces propos du sage sud-africain: «Nous parlons d'un continent qui, alors qu'il est à la base de l'évolution de la vie humaine et qu'il a joué un rôle central dans la connaissance, la technologie et les arts des temps anciens, a traversé diverses périodes traumatiques, lesquelles ont arriéré ses peuples et les ont enfoncés toujours plus dans la pauvreté.» (Nelson Mandela, Pensées pour moi-même. Citations, Paris, Points, 2011, p.25).
Père JEAN K.
www.perekjean.vip-blog.com
Je consacre aujourd'hui, et cela malgré moi, ma réflexion hebdomadaire à Tiken Jah. Pour être sincère et franc, malgré la réputation surfaite dont il bénéficie, c'est un artiste qui ne m'a jamais impressionné, encore moins séduit. Je ne pense pas avoir un seul CD de lui dans ma discothèque privée. Et je ne suis pas sûr que cela soit pour maintenant. Mais j'ai décidé de parler de lui aujourd'hui pour ce que j'ai pu lire de lui dans le quotidien Notre voie du lundi 6 janvier dernier. Marcellin Boguy, le journaliste qui semble être séduit par les derniers propos de l'artiste rapporte: «Ici, on voit des chefs d’État qui n'ont pas encore fini leur mandat, mais qui déjà annoncent qu'ils vont se présenter. Et ils battent même campagne en ce moment pour se faire réélire. Je ne les comprends pas. Le pouvoir grise les dirigeants africains. Et c'est bien dommage».
Cet artiste, qui doit encore faire des efforts pour s'imposer à nous autres encore dubitatifs sur ses talents réels, est l'un de ceux qui au plus fort de la crise qui a douloureusement secoué et meurtri notre pays à cause des bandes armées et barbares de Soro et de Ouattara pendant dix ans, ont parcouru le monde entier avec leur matos et micros pour diaboliser systématiquement le pouvoir de l'époque et ses dignitaires, les traitant de tous les maux et de tous les noms et jouant eux-mêmes les paranoïaques, les persécutés et les martyrs d'un système qu'ils ont diabolisé. Par ce fait, il s'est acquis une «réputation» qu'il ne mérite pas et se déclarait lui-même persona non grata chez lui. Il avait résolument choisi son camp et il ne le cachait pas: celui de la rébellion et de ses tenants malgré les meurtres qu'ils commettaient. Là n'est pas le problème. Car chacun est bien libre d'aller là où il veut, de suivre qui il veut selon son éducation, sa culture politique et son intelligence. Moi j'ai aussi mon camp et personne ne m'en détournerait. L'artiste a donc chanté partout que notre pays et ses dirigeants étaient maudits et constituaient la pire espèce qui pût exister sur terre et qu'il fallait un autre système et d'autres dirigeants sortis tout droit des cuisses mêmes de Jupiter, ceux qu'il glorifie à longueur de concerts et qui sont bien installés aujourd'hui au pouvoir et profitent, avec lui, de ses honneurs et de ses gloires en annonçant, tambours battants, qu'ils y resteront encore et encore. Pourquoi alors le sieur Tiken s'en offusque-t-il? Pourquoi l'annonce de candidature de son mentor l'émeut-il? A y voir de près, Tiken joue bien le jeu du pouvoir. En se transformant aujourd'hui en «critique» ou «pourfendeur» du pouvoir qu'il a, d'une manière ou d'une autre, aidé à installer et qu'il soutient de fort belle manière, il est bien dans son grand et beau rôle. Et il le joue à merveille. De même que les évêques d'Odienné et coadjuteur de Yopougon jouent le rôle que leur mentor au pouvoir leur a donné, l'artiste Tiken joue à merveille le sien. Si les premiers s'attaquent à tous ceux de leur confrère qui critiquent courageusement la politique hasardeuse, sanguinaire et inhumaine des hommes au pouvoir, l'artiste est chargé quant à lui de brouiller les pistes, de distraire le peuple par de pseudo critiques, impertinentes et sans conviction. En «critiquant» ouvertement son mentor qu'il n'a d'ailleurs pas le courage de nommer, il veut bien nous donner l'impression qu'il est un homme intègre qui va du côté de la vérité et de la démocratie, qu'il se situe aux côtés du peuple pris en otage et qui souffre. Ce qui n'est pas le cas en scrutant profondément son passé et ses choix. Ne nous laissons donc pas impressionner et distraire par les propos de cet artiste, ce faux intègre et démocrate en trompe-l’œil à la réputation surfaite, boîte de résonance du pouvoir actuel. Cet artiste qui joue de tout temps le «révolutionnaire» et l'«éveilleur de conscience» est bel et bien au service de son mentor et il est tout à fait en phase avec sa politique et ses ambitions présentes et futures. Que celui-ci reste toute sa vie au pouvoir, il serait bien content d'être à ses côtés pour le louanger en jouant les griots. Et bien entendu, il en retire les dividendes subséquentes.
Tiken n'est pas un africaniste contrairement à ce qu'il veut faire croire à ceux qui le vénèrent et qui prennent de leur temps pour l'écouter. C'est pour cela que je suis surpris par ses propos-ci: «Je veux m'adresser aux peuples africains. Il faut que les Africains se prennent en charge. Qu'ils comprennent que l'Afrique a d'énormes potentiels (sic) et qu'ils doivent prendre en main le destin de leur continent.» A quel peuple africain veut-il s'adresser maintenant et à quel titre? On ne peut pas soutenir de bout en bout une rébellion, avoir des atomes crochus avec elle, être fier que la France intervienne à tort et à travers en Afrique avec ses bombes démocratiques et venir proclamer devant micros et caméras que les Africains doivent se prendre en charge en prenant leur responsabilité. On ne peut pas être un admirateur propagandiste zélé et démesuré de Soro et de Ouattara, être complice de leurs exactions, profiter de leur pouvoir et prétendre donner des leçons d'africanisme et de démocratie aux Africains. Véritablement, cet artiste prêche le faux pour avoir le vrai. Pendant que le jour il joue au consciencieux et au révolutionnaire, nuitamment il mange à la table de ses tuteurs et autres amphitryons. Ne nous laissons donc pas distraire par des «africanistes» sans envergure, qui chantent leur propre malheur et qui soutiennent les rébellions et les interventions militaires infantilisantes de la France en Afrique; qui font «l'apologie de l'ignorance et de l'inculture» (Cf. Kofi Yamgname, Afrique, introuvable démocratie, Brest, 2013, p.32).
D'ailleurs, il me faut apprendre à Tiken qu' ATT qu'il admire tant n'est pas un modèle pour les Africains. Il ne suffit pas de renoncer au pouvoir pour être déclaré grand homme en Afrique. Le passé d' ATT que nous connaissons tous ne fait pas de lui le paradigme d'un chef d’État africain intègre, soucieux de l'avenir de son peuple et du progrès de notre continent. L'Afrique ne pourra jamais être un pôle de développement quand elle sera dirigée par des présidents comme ATT. N'endormons pas la génération future avec de faux modèles, des modèles taillés sur mesure ou fabriqués de toute pièce. Notre avenir se construira avec nous-mêmes et des leaders qui prennent de plus en plus conscience de notre domination et sont prêts à engager à nos côtés la vraie lutte pour notre libération des jougs de l'impérialisme moderne,violent et pillard; des leaders qui sauront dire non aux préfets occidentaux qui dirigent et orientent l'Afrique depuis leurs bureaux à travers des réseaux mafieux et des chefs sans envergure et ambition qu'ils placent à la tête de nos États et nos peuples. L'enjeu de notre libération est tellement immense qu'il nous impose de choisir nous-mêmes nos modèles. Et je ne crois pas qu' ATT en soit ou que cela soit la mission de Tiken de nous en trouver. De toutes les façons, et même dans un rêve fou, ce n'est pas un artiste de petit calibre qui doit nous guider dans le choix de nos modèles et de nos leaders charismatiques qui ne flirtent pas avec les armes et les bombes.
Comme la semaine dernière, je termine avec ces propos du sage sud-africain: «Nous parlons d'un continent qui, alors qu'il est à la base de l'évolution de la vie humaine et qu'il a joué un rôle central dans la connaissance, la technologie et les arts des temps anciens, a traversé diverses périodes traumatiques, lesquelles ont arriéré ses peuples et les ont enfoncés toujours plus dans la pauvreté.» (Nelson Mandela, Pensées pour moi-même. Citations, Paris, Points, 2011, p.25).
Père JEAN K.
www.perekjean.vip-blog.com
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Entre pouvoir, bilan et promesse
04/01/2014 13:04
Entre pouvoir, bilan et promesse
L'année 2013 vient de s'achever comme toutes les autres qui l'ont précédée. Cela est le rythme normal de la nature. Tout a un début. Tout a aussi une fin. Rien n'est éternel sur cette terre. C'est le rituel de la nature même qui l'impose. Et surtout, comme a dit le sage juif, «vanité des vanités, tout est vanité». Le philosophe a aussi dit qu'on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. L'année 2014 qui vient d'arriver et celles qui la suivront connaîtront le même sort malgré le tintamarre dans lequel elles sont accueillies. De gré ou de force, tout passe et trépasse. Il en est de même pour nous les humains. Personne n'est éternel sur cette terre. Tu auras beau vivre 1000 ans, tu t'en iras un jour. Tu t'auras bien soigner dans les meilleurs hôpitaux du monde, et manger les meilleurs plats de la planète, tu finiras un jour. Il en est également de même pour le pouvoir. Tu l'auras beau protéger avec une horde d'armées, il ne te sera point éternel. Tu auras beau amasser tout le trésor du monde, tu n'en jouiras point éternellement.
Chez nous, ceux qui ont pris le pouvoir par les «bombes démocratiques» sarkoziennes, encore pleins d'orgueil, oublient ces leçons pourtant élémentaires de la vie ordinaire et de la nature. Fiers de leur pouvoir obtenu comme on sait, riches de tout le flic du pays pris en otage, fruit du bradage de nos biens, ils se projettent déjà dans l'avenir à coups de calculs d'intérêts. Ils veulent encore être là les années à venir, aussi longtemps qu'ils le voudront, sans demander l'avis du peuple. Ils veulent toujours tout garder pour eux-mêmes et pour eux seuls en maintenant leurs opposants en prison. Ils cherchent déjà les alliances pour consolider leur pouvoir et leurs biens. Ils accentuent le rattrapage ethnique pour protéger leurs clans contre tout danger de misère et de galère. Vanité des vanités, tout est vanité.
Quel bilan sincère peuvent-ils faire aux Ivoiriens et à ceux qui ne sont pas de leur clan et de leur parti ou même de leur région? Nul n'est dupe. Tout ce qui a été présenté aux Ivoiriens était déjà connu. Du déjà entendu. Un discours fort bien commandé, du copier coller. Les scribes de service, triés sur le volet, ont bien fait le boulot. Ne sont-ils pas payés pour ça? Ne sont-ils pas payés pour nous mentir à longueur de discours de leur mentor? Ils peuvent écrire et lire sans sourire ce que leur orgueil leur commande. Ne sont-ils pas au pouvoir? N'ont-ils pas toute la poudrière du monde avec eux? Il est de notoriété publique que le pouvoir rend aveugle et sourd. On croit qu'il est sien. On croit le maîtriser. Or il nous échappe dangereusement. Le pouvoir de chez nous étouffe tout esprit de discernement et abrutit l'intelligence. Tel qu'il est acquis et exercé chez nous, il y a toujours à craindre qu'il soit une poudrière qui peut à tout moment exploser.
Le meilleur bilan, c'est chacun qui le fait. Chacun sait et voit ce qui a été dit et fait. Ces genres de discours, ce rituel annuel, «exercice convenu», inutilement bavard et ennuyeux, bien commandés, sont donc du folklore pour distraire le peuple et cacher les lacunes et les ignorances. Nos discours présidentiels se suivent et se ressemblent incroyablement à travers un genre littéraire brumeux, uniquement intelligible pour ceux qui les écrivent et celui qui les déclame. Aucune originalité, aucune invention, juste pour faire survivre une tradition mensongère pour laquelle, à cors et à cris, les médias soumis sont associés. Il est à se demander si ce rite d'incantation, cette épouvantable phraséologie bâtie sur la même thématique incantatoire doit continuer d'autant qu'on sait déjà, comme un grand vaticinateur, ce qui va être officiellement proclamé devant caméras et micros.
Morceaux choisis d'un «discours prophétique», qui n'est pas loin d'un opium, toujours entendu et trompeur: «Nos excellents résultats économiques doivent se traduire nécessairement par une amélioration des revenus et un effort en faveur des plus démunis...J'ai le plaisir de vous annoncer qu'avec ces mesures, chaque fonctionnaire verra son salaire augmenter régulièrement, améliorant ainsi son pouvoir d'achat...L'année 2014 verra la fin de la pénurie d'eau...Toute la Côte d'Ivoire se modernise...»!
Quand on a fini de tenir un tel discours mensonger et incantatoire, bien pour plaire à ses applaudimètres, en face d'un peuple pris en otage par les dozos, on court festoyer et faire bombance avec son copain Sarkozy à la plage. Et c'est cela la modernisation de toute la Côte d'Ivoire. On a envie de crier: Vive la Côte d'Ivoire de notre bravetchê et warifatchê!
Terminons avec le sage sud-africain que tout le monde continue encore de pleurer: «Pour réussir en politique, vous devez amener les gens à avoir confiance dans votre point de vue en le donnant très clairement, très poliment, très calmement, mais en toute confiance.» (Nelson Mandela, Pensées pour moi-même. Citations, Paris, Points, 2011, p.359). Si nos gouvernants du bord de la plage d'Assinie pouvaient bien comprendre ce sage conseil!
Pour terminer vraiment, je vous souhaite une très bonne année 2014. Moi je n'ai pas de bilan et de promesse à vous faire. Je sais seulement que nous étions ensemble et que nous demeurerons ainsi. Que Dieu veille sur nous durant cette année en nous protégeant des dozos.
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