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Homélie pour les rameaux
25/03/2013 01:42
La mort de Jésus, une affaire de méchanceté et de sorcellerie des hommes
Avec la passion du Christ, telle qu’elle s’est déroulée et que nous venons de relire, nous sommes entièrement et de plain-pied au cœur de la méchanceté et de la sorcellerie de l’homme. Ce Christ que tout le monde a vu en train de faire du bien aux hommes en les nourrissant, les guérissant et les enseignant, ce Christ dont des foules ont chanté les louanges et la gloire, ont admiré la prodigalité et la générosité, le voilà aux prises avec l’homme, subissant cruellement sa haine et son mépris.
Dans la passion de Jésus, arrêtons-nous un instant sur la foule qui le livre à Pilate. C’est une foule immense, bigarrée, surexcitée, surchauffée qui veut en finir une bonne fois pour toutes avec celui qui prétend être Dieu, cet imposteur. Dans cette foule, nous pouvons compter aussi bien ceux qui n’avaient jamais rencontré Jésus que ceux qui ont profité de ses gestes d’amour et de générosité. Ainsi, ne soyons point surpris de pouvoir voir dans cette foule pleine de haine, la femme souffrant d’hémorragie et guérie par Jésus, la fillette rappelée à la vie par Jésus, les deux aveugles qui avaient crié à Jésus «Aie pitié de nous, Fils de David » et que Jésus a guéris, le possédé muet guéri par Jésus et qui a suscité l’émerveillement de la foule, l’homme à la main paralysée guéri par Jésus le jour du sabbat, une bonne partie des cinq mille hommes nourris par Jésus, le sourd-muet guéri par Jésus en mettant les doigts dans ses oreilles et en crachant et touchant sa langue, l’aveugle Bartimée, le fils de Timée, l’aveugle de Jéricho que le Christ a sorti des ténèbres du bord de la route pour le placer sur la route ; dans cette foule haineuse, on peut y trouver la fille de Jaïros à qui Jésus a redonné la vie.
Nous pouvons constater que de la mort de Jésus, ne sont pas comptables seulement et uniquement les scribes et les pharisiens, Judas et Pilate. C’est un vaste complot ourdi par tous y compris son entourage le plus immédiat qui a profité directement de ses miracles et de ses largesses. Tous, sans exception, ont taclé Jésus. Ils l’ont poignardé dans le dos. Toute cette bande joyeuse suivait Jésus. Elle l’acclamait et l’exaltait avec pagnes, rameaux, branches, cors et grelots. Elle chantait et glorifiait même ses louanges et actions d’éclats. A la fin, cette bande joyeuse s’est transformée et s’est transmuée en bande haineuse, méprisante et meurtrière. Elle a transformé ses rameaux, ses pagnes, ses branches, ses cors et grelots en haches, gourdins, poignards, sifflets, canons, kalaches et croix contre Jésus.
Comment comprendre cela ? L’entrée triomphale s’est transformée en cauchemar, en misère et en calvaire pour Jésus. C’est une véritable affaire de jalousie et de sorcellerie de l’homme.
Tous étaient jaloux de lui : jaloux de sa divinité (Il était le fils de Dieu et il ne le cachait pas), ils étaient jaloux de son courage et de ses vérités (Il disait la vérité partout et à tous, sans peur), jaloux de ses miracles (Il redonnait la vie même à des morts) et jaloux de sa liberté (Il n’était pas esclave de la loi et refusait de se soumettre aux volontés des scribes, pharisiens et roi de son époque). La méchanceté et la jalousie des hommes les ont poussés à commettre ce crime crapuleux : tuer Dieu ! Or donc, depuis longtemps l’homme est jaloux et méchant. Dieu lui-même a fait l’expérience de la méchanceté, de la jalousie et de la cruauté de l’homme. Dieu a payé cash ce que l’homme a de plus vilain et de plus laid en lui à savoir la jalousie et la méchanceté qui se transforment en cruauté et en meurtre.
Malheureusement, malgré le temps, l’homme demeure méchant, jaloux, cruel et criminel. Ces vilains sentiments continuent d’envahir et de posséder le cœur et l’esprit de l’homme. Ah qu’est-ce que l’homme est foncièrement méchant, jaloux et criminel ! Il ne nous a pas suffi de tuer Dieu. Il faut que maintenant nous exterminions le genre humain, que nous prenions en partie l’homme. Nous souffrons nous-mêmes de nos propres méchancetés, jalousie et cruauté. Car, comme le Christ, la même bouche qui crie vive le roi de l’univers est cette même bouche qui scande : A bas un tel ! A mort un tel! Tuez un tel ! Enterrez-le ! La même bouche qui crie aujourd’hui M. le Président vous êtes notre Dieu, est la même bouche qui criera demain dégagez M. le président ! Mais entre nous, pourquoi faut-il que nous soyons jaloux, méchants vis-à-vis des uns et des autres ? Pourquoi faut-il que nous soyons là à nous torpiller, à nous épier et à se traquer sans cesse ? En quoi la vie de l’autre nous intéresse tant pour que nous le livrions à la vindicte populaire ? Que nous soyons à ses trousses ? Où que nous racontions des méchancetés sur lui ? Pourquoi ne pas faire l’effort de s’aimer pendant qu’il est encore temps ?
De toute part l’homme subit douloureusement la méchanceté et la jalousie des hommes. L’homme n’aime pas l’homme. (Les jeunes disent les gens n’aiment pas les gens). Et comme le Christ, l’homme fait amèrement l’expérience des propos du psalmiste « Si l’insulte me venait d’un ennemi, je pourrais l’endurer ; si mon rival s’élevait contre moi, je pourrais me dérober. Mais toi, un homme de mon rang, mon familier, mon intime ! Que notre entente était bonne quand nous allions d’un même pas dans la maison de Dieu ! » (Ps 54, 13-15). Comme quoi, frères et sœurs, l’ennemi n’est jamais loin. Il est toujours proche, tapi dans l’ombre. Tu crois qu’il est ton frère, ta sœur. Tu l’appelles même ainsi. Mais c’est un ennemi juré, impitoyable, caché et masqué qui n’osera jamais se dévoiler ou se révéler. Quand il te voit, son visage est souriant et rayonnant. L’éclat de ses dents devient plus vif et davantage attrayant et séduisant. Il transpire même pour toi à grosses gouttes pour te rendre un service même inattendu. Mais quand tu n’es pas là, il te plante un poignard dans le dos, sèchement et lâchement, signe de sa lâcheté. Comme tous les lâches, il agit dans l’ombre. Il peut être ton propre frère, ton chef d’état-major, le chef de l’armée. Il peut-être aussi ton gardien, ton chauffeur, ton cuisinier ou ta cuisinière, ta servante. Il peut être celui que tu crois être ton meilleur ami ou même ta meilleure moitié. Il vaut mieux peut-être avoir et aimer ses ennemis que de chercher des amis. Avec l’ennemi, nous savons au moins qui nous sommes car il nous le dit en toute sincérité et en face de nous même s’il le fait méchamment. Mais avec celui qui prétend être notre ami, nous ne saurions jamais rien de nous. Car l’ami n’est pas courageux pour nous dire ce que nous sommes. Comme Judas, il nous épie et nous livre à nos bourreaux dès qu’il en a la possibilité. L’ami est toujours celui qui nous livre. C’est lui qui dit des méchancetés sur nous. C’est celui qui raconte tout sur celui dont il prétend être l’ami. L’ami est le plus méchant des hommes. L’ami n’aime pas l’ami.
On peut essayer de comprendre la méchanceté de l’être humain en général. Mais il nous sera toujours difficile de comprendre la méchanceté et la jalousie du chrétien. Comment le chrétien peut-il haïr jusqu’à mourir son prochain alors que le message du Christ qu’il lit et écoute est un message d’amour de ce prochain ? Comment le chrétien peut-il épier, torpiller, diffamer, salir et traquer méchamment et sans aucune preuve son prochain ? Qui est sans péché pour que la vie des autres l’intéresse tant ? Rappelons-nous la scène de la femme adultère de l’Evangile de dimanche dernier. « Que celui qui est sans péché lui lance la première pierre ». Mais il ne s’est trouvé personne pour lui lancer cette première pierre. Au contraire, nous dit saint Jean, ils s’en sont allés, presque en fuyant, à commencer par les plus vieux.
Tous pécheurs que nous sommes, mettons-nous ensemble pour nous convertir. Aidons l’autre à sortir de son péché si nous sommes convaincus qu’il a péché. Ce sera la meilleure façon de l’aider. Soyons indulgents et bienveillants, compréhensifs et tolérants, charitables et miséricordieux vis-à-vis de l’autre. Ne jugeons pas et ne condamnons pas trop vite et trop facilement, sans preuves, avec seulement pour souci de nuire au prochain, de lui faire mal.
Si dans notre pays, nos dirigeants comprennent cela, notre processus de réconciliation ne sera plus un simple slogan pour gouverner tranquillement et laisser le temps aux autres de piller sans cesse nos richesses. Mais nous avons fait de notre processus de réconciliation un panier à crabes et un fourre-tout. Chacun y trouve à manger et à boire. Nous emprisonnons nos adversaires politiques ? C’est en vue de la réconciliation. Nous traquons ceux qui ne sont pas du même camp politique que nous ? C’est pour la réconciliation. Nos adversaires politiques sont en prison et torturés? C’est aussi pour la réconciliation. On promeut et protège ceux de notre camp qui ont eux aussi volé, pillé et tué ? C’est aussi pour la réconciliation. On écarte d’autres partis politiques des élections à venir ? C’est toujours en vue de la réconciliation. On coupe le salaire des fonctionnaires parce qu’ils ont grevé ? C’est normal, car comme dit la chanson, si tu n’as pas travaillé tu n’as pas droit au salaire ; mais dans notre cas, c’est surtout et toujours pour le processus de la réconciliation que ce salaire est coupé. Si la vie est de plus en plus chère et que le panier de la ménagère s’est transformé en sachet, ça aussi c’est pour la réconciliation. Notre processus de réconciliation est devenu un immense supermarché où chacun y vient faire sans difficultés ses emplettes à peu de frais.
Je propose, frères et sœurs, que pendant cette semaine sainte que nous commençons aujourd’hui même, chacun fasse l’effort de rentrer en soi-même pour voir ce qu’il est en vérité. Donc pendant cette semaine sainte, que personne ne dise rien sur la vie des autres, mais plutôt qu’il dise tout sur lui-même. Ce sera notre dernier effort de carême pour cette année. Je décrète donc un embargo total sur les critiques acerbes et méchantes déversées sur la vie des autres. Retournons ces critiques contre nous-mêmes en vue seulement de notre propre conversion. La seule et unique démarche que nous devons entreprendre envers l’autre pendant cette semaine sainte doit être une démarche d’amour et de paix. Si ce n’est pas cela, il faut obligatoirement s’abstenir de tout propos contre l’autre, il faut absolument se taire sur la vie de l’autre. Dieu nous en revaudra. Le Christ notre Seigneur nous paiera au centuple.
Demandons-lui, pour ce temps de carême qui reste d’être des modèles en paroles et en amour.
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Questions fondamentale pour la mission et la foi en Afrique
22/03/2013 01:03
QUESTIONS FONDAMENTALES POUR LA FOI ET LA LIBERATION EN AFRIQUE
La mission en Afrique a – t- elle contribué à la foi et à la libération de l’Africain?
Ce qui peut paraître en notre sens paradoxal, c’est qu’à l’heure où l’on rend hommage à l’œuvre des missionnaires, compte tenu de « la splendide croissance de l’Eglise en Afrique » [1]qui est due à leur dévouement et à leur générosité, l’on éprouve en même temps le besoin, et cela dans tous les milieux de réflexion, de s’interroger avec franchise et perspicacité sur la pertinence de l’œuvre missionnaire en Afrique. C’est un exercice auquel l’intelligence ne doit se dérober à l’heure actuelle. Il n’a point pour objectif de nous maintenir dans le passé encore moins de le dénier ou le dénigrer, mais au contraire il nous aide à consolider notre foi et à nous projeter dynamiquement dans notre avenir commun.
La Mission en Afrique est-depuis ses origines mêmes-, une « aventure ambiguë »[2] dans une Afrique qui est elle-même restée toujours ambiguë. C’est pourquoi l’Afrique doit toujours s’interroger sur la sincérité de sa rencontre et de ses rapports avec le Christ, l’Evangile, l’Eglise et de sa mission. Et il faut d’abord nécessairement commencer par les échecs de ces rapports.[3] Car la Mission qui a commencé avec l’époque coloniale pose toujours question parce qu’entre l’une et l’autre il a existé une collusion bien suspecte. Tout comme la colonisation, la Mission en Afrique a été elle aussi « une entreprise de violence». [4] C’est pourquoi d’ailleurs pour l’opinion de l’époque ancienne et même actuelle « le drapeau français et la croix apporteraient la civilisation chrétienne dans ces pays islamistes et fétichistes ».[5] Ainsi, « pour de nombreuses générations (d’Africains), le christianisme sera une religion de Blancs.»[6] Selon Méthode GAHUNGU, reprenant et analysant la méthode d’évangélisation du cardinal Lavigerie et de ses missionnaires Pères blancs, le christianisme avait pour « projet de porter aux pauvres déracinés de l’Afrique les bienfaits de la civilisation chrétienne occidentale. » [7] Dès lors que l’Eglise s’est résolument inscrite dans une « mission de civilisation » et de salut des âmes des nègres et non d’évangélisation, épousant ainsi l’air du temps, elle ne pouvait que se compromettre avec la colonisation qui s’était elle aussi inscrite dans cette même prétendue et lugubre « mission de civilisation ». Nous avons encore en souvenir des propos d’un de nos professeurs du premier cycle du collège qui ne cessait de pourfendre l’Eglise à longueur de cours à cause de ses relations ambiguës avec les colons. Il disait en substance que derrière la Bible du missionnaire se cachait la chicote du colon. De fait, l’attitude des colons et des missionnaires elle-même ne pouvait démentir de tels propos. Le christianisme s’est révélé en Afrique comme l’appareil idéologique de l’Occident colonisateur. Mongo Béti, dans son roman polémique Le pauvre Christ de Bomba[8], a mis en scène le missionnaire R.P.S. DRUMONT et l’administrateur VIDAL. Le premier, faisant cas au second des difficultés qu’il avait à convertir à la vraie religion ses fidèles noirs, celui-ci a tenté de le rassurer car bientôt une route allait être ouverte dans la région de ces noirs difficiles à croire en Christ et qu’ainsi, craignant d’être enrôlés de force pour les travaux de cette route, ceux-ci se convertiront véritablement car auprès du missionnaire ils éviteront les brimades grâce à ses liens avec l’administrateur. Dans son analyse, le R.P.S DRUMONT parvient à se poser la question suivante après vingt (20) ans de mission en Afrique : « Voyez-vous, le problème qui me tourmente est celui-ci : les quelques Noirs qui ont adhéré au christianisme l’ont-ils réellement fait de leur propre gré ? »[9] Même s’il ne décline pas ici clairement la complicité tacite ou de fait entre le missionnaire et l’administrateur colonial, il n’en est pas moins conscient. D’ailleurs, un vieillard qui dissuadait un chef de village de porter main au R.P.S DRUMONT après que celui-ci a brisé leurs instruments de danse, révèle explicitement la complicité entre missionnaire et administrateur colonial : « Ecoute-moi, fils, écoute-moi donc. Est-ce que tu l’oublies, fils ? Que veux-tu, il n’oserait pas nous provoquer ainsi, s’il ne se sentait appuyé derrière lui par tous ses frères. Avec ça qu’ils sont solidaires…ne l’affronte pas. Avec eux, on ne sait jamais. »[10]
Dans son roman Le vieux nègre et la médaille, Ferdinand OYONO décrit également cette situation avec Meka, un chrétien qui doit recevoir une médaille de la part de l’administration coloniale parce qu’il a cédé ses terres à l’Eglise.[11]
Le gouverneur Fourneau est plus explicite : « Nous avons la garantie que l’influence des missions dont l’établissement au Cameroun a été autorisée, s’emploiera au profit de l’action française ».[12] En 1884, le diplomate Théodose de Langrené, écrivait plus gravement : « Tout en prêchant l’Evangile, ils y feraient connaître et respecter la France et pourraient ainsi préparer la voie à sa domination future.»[13]
De toute évidence, le christianisme, en s’imposant comme la religion du vainqueur, a aussi correspondu à des enjeux et stratégies de domination en Afrique.
Jean-Marc ELA constate lui aussi que l’échec de l’évangélisation se vérifie alors dans les structures de nos Eglises d’Afrique qui sont un héritage occidental. Cet héritage nous a été légué sans que les conditions de fonctionnement de ces structures soient fondamentalement changées. L’Eglise catholique en Afrique demeure, de facto, sous l’emprise du pouvoir occidental. Ce constant de Jean-Marc ELA met en lumière ce que dit Sidbé SEMPORE sur cet évangélisation. Pour lui, celle-ci n’a « labouré dans l’homme africain que la surface qui (lui) paraissait labourable, laissant en friche un no man’s land hérissé de touffes d’interrogation, de doute, d’aspiration et d’insatisfaction ».[14]
Ainsi, ZACHARIE, personnage de la même œuvre de Mongo BETI et cuisinier du R.P.S DRUMONT, lors d’une tournée missionnaire avec celui-ci qui voulait savoir « pourquoi les gens se détournaient ainsi de la religion ? » alors qu’ils « y étaient venus en masse au début ?», a eu ce courage rare à un homme de son statut en face de son patron blanc pour lui dire clairement que ce qui intéressait ceux qui s’étaient convertis, ce n’était pas de découvrir Dieu qu’ils adoraient déjà à leur manière, mais de connaître le secret du Blanc. Mais hélas ! celui-ci leur a parlé de Dieu au lieu de leur livrer ses secrets [15]
Dans ce sens, Denis, personnage et narrateur du même roman de Mongo Béti qui était « enfant de chœur », se pose cette question fort pertinente : « Moi aussi je commence à me demander si la religion chrétienne convient vraiment aux Noirs, si elle est bien faite à notre mesure. Je le croyais fermement puisque Jésus-Christ a dit à ses apôtres : ‘Allez, et annoncez la bonne nouvelle aux peuples de la terre… ‘ Mais maintenant je ne sais plus…Il l’a pourtant bien dit ! Je suis certain qu’il l’a dit ! »[16]
La littérature africaine dépeint fort abondamment cet échec de l’évangélisation.[17] Le père Joseph, dans un échange fort enrichissant avec MELEDOUMAN – personnages de La carte d’identité- fait ce constat d’échec parlant de ses fidèles : « Tous autant qu’ils sont, ils étaient et demeurent animistes. La religion catholique, la sainte religion, c’est du vernis pour eux : vernis, oui, c’est du vernis. Ils n’abandonneront jamais leurs fétiches, pour adorer le vrai Dieu. C’est peine perdue. Dieu, que peut-on faire avec des animaux pareils ? Ont-ils seulement une âme qu’on peut sauver, sauver par le salut chrétien ? »[18]
Après l’ère missionnaire, on peut toujours s’interroger, à bon droit, de ce qu’a été Jésus-Christ pour ceux à qui il était annoncé. La Mission accomplie en Afrique a-t-elle réellement contribué à le faire connaître ? Une fois encore Mongo BETI, à travers ce personnage, nous donne une réponse. Aux prises, en effet, avec le R.P.S DRUMONT avec qui il voulait en découdre coûte que coûte à cause de ses manières cavalières et désinvoltes de traiter la tradition africaine, il crie son ras le bol : « Jésus-Christ, Jésus-Christ…encore un Blanc ! Encore un que j’aurais eu plaisir à écraser sous mon seul pied gauche. Ouais ! Jésus-Christ, Jésus-Christ, est-ce que je le connais, moi ? Est-ce que je viens te causer de mes ancêtres, moi ? Jésus-Christ, qu’est-ce que je m’en moque ! Si seulement tu savais combien je m’en moque, de ton Jésus-Christ. Si seulement je pouvais te tirer les oreilles un moment et les rendre un tout petit peu plus rouges…Jésus-Christ, Jésus-Christ… Vermine !...»[19]
De son côté Chinua Achebe, écrivain Nigérian, met en dialogue des missionnaires (Noirs et Blanc) venus s’implanter presque de force dans un village :
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« Si nous abandonnons nos dieux et suivons votre dieu, demanda un autre homme, qui nous protégera de la colère de nos dieux et de nos ancêtres négligés ? »
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« Vos dieux ne sont pas vivants et ne peuvent vous faire aucun mal, répliqua le Blanc. Ce sont des morceaux de bois et de pierre. »
Quand cela fut interprété aux hommes de Mbanta ils éclatèrent en rires moqueurs. Il fallait que ces hommes soient fous, se dirent-ils en eux-mêmes. Autrement, comment auraient-ils pu dire qu’Ani et Amadiora étaient inoffensifs ? Et Idemili et Ogwugwu aussi ? Et quelques-uns commencèrent à s’en aller. » [20] Par la suite, Chielo, la prêtresse d’Agbala, personnage du même roman de Chinua Achebe, appela les convertis « les excréments du clan », et la loi nouvelle (l’Evangile) était à ses yeux « un chien fou venu les dévorer.» [21] Dans le roman satirique de l’écrivain camerounais Ferdinand OYONO, le missionnaire lui-même fut souvent désigné par ceux qui ne le comprenaient pas de « ce maudit Blanc. » [22]
Quel type de chrétiens une telle mission a-t-elle pu bâtir ou construire ? L’entretien entre la femme du Commandant de cercle de Dangan et leur boy-cuisiner chrétien Joseph, toujours dans la même œuvre de Ferdinand OYONO, est révélateur du type de chrétien que cette mission a accouché:
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« Tu es chrétien n’est-ce pas ?
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Oui, Madame, chrétien comme ça…
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Comment chrétien comme ça ?
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Chrétien pas grand-chose, Madame. Chrétien parce que le prêtre m’a versé l’eau sur la tête en me donnant un nom de Blanc…
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Mais c’est incroyable ce que tu me racontes là ! Le commandant m’avait pourtant dit que tu étais très croyant ?
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Il faut bien croire comme ça aux histoires des Blancs…
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Ça alors !
Madame semblait suffoquée.
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Mais, reprit-elle, tu ne crois plus en Dieu ?...Tu es…redevenu fétichiste ?
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La rivière ne remonte plus à sa source…Je crois que ce proverbe existe aussi au pays de Madame ? »[23]
Le malaise perceptible qui semble saisir « Madame » porte en réalité l’écho d’un échec souvent larvé, souvent retentissant de la Mission, du moins du point de vue de l’annonce à proprement parler de l’Evangile en lui-même aux Africains.
Quant à Meka, dans le roman de Ferdinand OYONO, le vieux nègre et la médaille, pensant à son baptême après des déboires avec les Blancs qui venaient pourtant de le récompenser d’une médaille pour sa charité vis-à-vis de l’Eglise et de la France, il regretta « le jour où je suis devenu un esclave ! » [24]
Telle a été malheureusement, la plupart du temps, la réalité des faits de la Mission en Afrique. Indélicats, inattentifs aux traditions culturelles de ceux à qui l’Evangile était annoncé, inélégants et volontairement fort déloyaux, les missionnaires, la plupart du temps, n’ont pas été à la hauteur de la tâche. Ils ne se sont donc pas fait comprendre. Beaucoup d’entre eux l’ont confessé, fût-il tardivement. L’accointance nocive avec la « Mission de civilisation de la Grande France » a torpillé dangereusement l’activité missionnaire, d’où son échec souvent fracassant dans biens de contrées africaines. On peut nous faire remarquer qu’en se focalisant uniquement sur la culture pour apprécier l’activité missionnaire, on ne peut que parvenir à ces conclusions « subjectives », à la limite « ingrates». On nous traitera même de « sauvages ingrats». [25] Nous n’en disconvenons outre mesure, certes. Mais la réalité est visible qui saute aux yeux que l’ère missionnaire a contribué à la désagrégation et à l’affolement de l’Afrique. Dans beaucoup de cas, le christianisme et la colonisation ont plongé l’Afrique dans une « grande nuit ».[26]
Ce constat d’échec traversé par le mépris et le dédain de ceux à qui l’Evangile est annoncé révèle au grand jour les faiblesses d’un christianisme qu’on veut universel. Sur le tard de sa présence en Afrique, le R.P.S. DRUMONT, pourtant grand défenseur de la Mission, avec beaucoup de lucidité rare à un missionnaire de son époque, déclare, comme un aveu d’impuissance voire d’échec : « Ces braves gens ont bien adoré Dieu sans nous. Qu’importe s’ils l’ont adoré à leur manière…en mangeant de l’homme, ou en dansant au clair de lune, ou en portant au cou des gris-gris d’écorce d’arbre. Pourquoi nous obstiner à leur imposer notre manière à nous ? »[27]
Fort malheureusement, cette obstination à imposer leur manière à eux de comprendre Dieu et le monde nous a conduits à cette situation hybride que caricature fort bien cette chanson congolaise très actuelle : « Chrétiens, vous voilà malheureux ! Le matin à la messe, le soir chez le féticheur ; amulettes au rein, scapulaire au coup. Chrétiens, vous voilà malheureux ! » Que faire ? Il faut la réactiver en vue d’autres perspectives et ambitions plus audacieuses pour le Royaume des cieux. Pour réussir cela, restituer à l’homme noir son identité piégée nous semble un enjeu important.
[1] Jean-Paul II, Ecclesia in Africa, n°s 38-35.
[2] Nous empruntons cette expression du titre de la célèbre œuvre citée ci-dessus.
[3] Une chose est sûre, la Mission n’a pas été qu’échec. On peut longuement s’étendre sur ses bienfaits. La littérature dans ce sens est abondante. Toutefois, dans le cadre de notre travail, nous estimons que relever ses échecs peut nous aider à aller plus loin dans l’évangélisation présente et future de l’Afrique.
[4] MVENG, E., « De la sous-mission à la succession », Civilisation noire et Eglise catholique, Présence africaine/NEA, Colloque d’Abidjan, 1977, p.268. Pour sa part Cheik Anta Diop fait ces trois griefs contre le christianisme : « le christianisme est un moyen de désintégration sociale et politique ; il est un moyen de colonisation, ou une forme de l’impérialisme occidental moderne ; il est responsable de la mort des cultures dans les régions où il est passé », cité par TSHIBANGU Th., in Théologie africaine au XXIè siècle. Quelques grandes figures, vol.1, Kinshasa, 2004, p.190.
[5] ELA, J.-M., Le cri de l’homme africain, p.32-34. Sur le même sujet, Cf. aussi KABASSELE, F., Le christianisme et l’Afrique, une chance réciproque, Paris, Karthala, 1993, pp 44-50.
[6] Ibidem, p.34. D’ailleurs, en langue baoulé de Côte d’ivoire, l’Eglise catholique est ainsi désignée : “Eglise des Blancs’’ ou “Eglise des pères’’ (allusion faite aux missionnaires blancs).
[7] GAHUNGU, M., La formation dans les séminaires en Afrique. Pédagogie des Pères Blancs, Paris, L’Harmattan, 2008, p.17.
[8] BETI, M., Le pauvre Christ de Bomba, Paris, Présence africaine, 1976, 286p.
[12] Cité par N’GONGO, “pouvoir politique occidental dans les structures de l’Eglise en Afrique’’, in Civilisation noire et Eglise catholique, Présence africaine/NEA, Colloque d’Abidjan, 1977, p.42
[13] Cité par QUENUM, A., Evangéliser, Hier, Aujourd’hui. Une vision africaine, Abidjan, ICAO, 1999, p.169
[14] Cf. Concilium n°126, p.23.
[15] Cf. BETI, M., Op. cit., pp 45-46
[16] Cité par Pius NGANDU NKASHAMA, « L’image de Jésus-Christ à travers les littératures africaines », in Chemins de la christologie africaine, nouvelle édition revue et complétée, coll. Jésus et Jésus-Christ, N°25, Paris, Desclée, 2001, p62.
[17] Il y aussi une autre littérature africaine qui surestime l’activité missionnaire. On pourrait la consulter pour une vue d’ensemble de la situation missionnaire.
[18] ADIAFFI, J.M., La carte d’identité, Evreux, CEDA-CECAF, 1998, p.93.
[19] BETI, M., Op. cit., pp 79-80.
[20] CHINUA, A., Le monde s’effondre, Paris, Présence africaine, p.176. La scène ressemble étrangement bien à celle de l’Apôtre Paul à Athènes au milieu des philosophes grecs dans le livre des Actes des Apôtre au chapitre 17.
[22] OYONO, F., Une vie de boy, Paris, Julliard, 1956, p.18.
[24] OYONO, F., Le vieux nègre et la médaille, p.152.
[25] C’est de cette façon que furent désignés les fidèles du RP Vandermayer dans OYONO F., Une vie de boy , p81.
[26] MBEMBE, A., Sortir de la grande nuit. Essai sur l’Afrique décolonisée, Paris, La Découverte, 2010, 248p.
[27] BETI, M., Op. cit., pp 196-197
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Mon homélie de ce 5è dimanche de Carême
18/03/2013 10:10
Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre à son prochain
Aujourd’hui, cinquième dimanche de carême. Le christ nous invite à nous examiner nous-mêmes, de fond en comble, avant de prétendre examiner le prochain et les autres. Qui suis-je moi-même ? C’est la question fondamentale et même existentielle à laquelle chacun doit impérativement répondre en ce cinquième dimanche de Carême. Ceux qui sont venus condamner la pauvre femme adultère se croyaient irréprochables, purs, saints. Ils sont venus gonflés d’eux-mêmes, sûrs qu’ils sont irréprochables. Mais le Christ leur fait découvrir l’obscurité et la grande nuit qui les entourent et les envahissent. Il leur fait découvrir leur propre laideur morale, leur ignorance et leurs propres ténèbres. Il les met devant leur propre miroir dans lequel ils refusaient de se regarder. Nous sommes tous pécheurs. Personne ne peut le nier. Mais très souvent, nous passons volontairement une éponge sur nos propres péchés et ce sont ceux des autres que nous brandissons au vu et au su de tous. Nous parlons des autres, les critiquons méchamment, les livrons à la vindicte populaire, les vilipendons, les indexons. Mais qui sommes nous-mêmes ? Chacun devrait pouvoir se poser chaque jour cette question s’il veut aller plus loin dans sa relation avec Dieu et avec ses frères. Qui sommes-nous pour que la vie des autres nous intéresse tant ? Qui sommes-nous pour condamner sans jugement ? Qui sommes-nous pour trainer les autres devant les tribunaux nationaux ou internationaux et les faire juger publiquement, devant caméras et micros? Qui sommes-nous pour lancer des mandats d’arrêt internationaux contre les autres ? Ceux qui le font aujourd’hui n’ont-ils pas eux-mêmes péché. N’ont-ils pas eux-mêmes pillé, violé et tué pendant des années leurs frères ? N’ont-ils pas eux-mêmes cassé des banques à Bouaké, Man, Korhogo pour y voler d’importantes sommes d’argent qui constituent aujourd’hui leur butin et trésor de guerre ? N’ont-ils pas eux-mêmes massacré de pauvres populations à l’ouest, au nord et au centre du pays ? De qui sont les tueries et massacres de Duékoué ? Qui sommes-nous donc pour se gonfler aujourd’hui la poitrine et jouer au saint en condamnant méchamment les autres ? Que celui qui n’a jamais tué continue de condamné les autres. Construisons la paix et la réconciliation dans notre pays dans l’amour, la vérité et le pardon. La réconciliation ne doit pas être un programme et un slogan pour faire plaisir à des multinationales et leur donne la tranquillité pour piller davantage nos richesses. La justice des vainqueurs, la réconciliation des vainqueurs et l’humiliation des vaincus n’entrainent que haine et mépris et fabriquent à grande échelle des aigris et des frustrés prêts à se venger davantage. Nous nous connaissons tous dans ce pays. On sait qui a fait quoi avant pour être là aujourd’hui. Arrêtons de nous enorgueillir parce que nous détenons les armes et sommes soutenus par le monde entier. Le pouvoir acquis par les armes n’est que factice et éphémère. Ne fermons pas les yeux sur nos propres péchés. Ne nous absolvons pas aussi facilement comme si de rien n’était, comme si nous n’étions pour rien dans cette crise qui nous a secoués. Ne croyons pas que nous sommes les seuls victimes à qui on doit rendre justice contre leurs bourreaux.
Que celui qui n’a jamais péché continue de lancer les pierres à ceux qu’il identifie comme pécheurs. Regardons en nous-mêmes et voyons ce que nous sommes en réalité.
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Fumée noire contre fumée blanche
15/03/2013 09:29
Fumée noire contre fumée blanche
Cette réflexion n’est pas une polémique, loin s’en faut. Le monde entier a vibré durant cette semaine qui s’achève au rythme de la chapelle Sixtine d’où est sorti le successeur de saint Pierre, le chef des Apôtres du Christ, le Souverain pontife, le pape, Chef de l’Etat de la Cité du Vatican. Le sort de toute l’Eglise s’est ainsi retrouvé aux mains de 115 cardinaux qui ont dû, sous la dictée de l’Esprit Saint, trouver un nouveau guide à l’Eglise, Corps mystique du Christ. Dans ce bois sacré où se sont retrouvés enfermés les Princes de l’Eglise, la communication avec le monde extérieur, selon les dispositions qui ont été prises, s’est faite à travers deux réalités : la fumée noire et la fumée blanche. La fumée noire qui sort de la cheminée signifie un vote négatif, donc pas de pape. Celle qui est blanche signifie qu’un nouveau pape vient d’être élu ; donc le vote a été positif. Il y a eu donc un duel terrible entre la fumée noire et la fumée blanche. Mais la deuxième l’a remporté sur la première. L’éternelle question du noir et du blanc s’est ainsi posée jusque dans le cœur de la catholicité. La rivalité entre noir et blanc s’est transportée et même transplantée au cœur de la foi et prend des allures incontrôlables au moment des conclaves. Quand on connaît l’aversion du blanc pour le noir, on peut légitimement se demander, sans intention de polémiquer, pourquoi l’Eglise a choisi ces deux couleurs qui représentent deux races que l’histoire oppose pour annoncer l’élection ou non d’un nouveau pape, le vicaire de Jésus-Christ, Celui-là même qui ne fait pas de différence entre les peuples et les hommes ? Il eut un autre moment où dans l’iconographie catholique les anges étaient représentés en blanc et le démon et ses suppôts en noir. De même, certains théologiens en mal de célébrité et d’intelligence de la foi ont cru devoir expliquer la misère du noir par sa descendance de Cham, ce fils maudit de Noé qui a osé regarder la nudité de son père. Aussi, n’est-il pas inutile de rappeler que l’Eglise était une actrice principale de l’esclavage des noirs et qu’elle a soutenu idéologiquement, spirituellement et de bout en bout la colonisation des noirs par les blancs à travers ses missionnaires blancs. L’enjeu de l’élection du successeur de Benoit XVI est l’impératif aggiornamento de l’Eglise du Christ ; un pape capable de porter toute l’espérance de l’Eglise et de ses fidèles vers des horizons nouveaux, plus porteurs d’espérance dans un monde où Dieu est banalisé. Peut-on véritablement espérer un tel changement quand les bases sont fragiles et frisent le racisme? Je ne suis pas sûr que l’Eglise officielle ait choisi ces couleurs dans le sens de ce que nous disons ici : opposer blanc et noir en démontrant l’éternelle supériorité du premier sur le second. Si tel était le cas, je dirais que c’en était fini pour l’Eglise de Jésus-Christ. Toutefois, ce sont des allusions malsaines et tendancieuses qui chatouillent et fouettent le bon sens et provoquent des susceptibilités malveillantes. Un exemple : un ami qui aurait pu être un grand musicien a dû renoncer à la musique parce que selon les notes musicales, une blanche égale deux noires ! Au moment où l’Eglise veut présenter un nouveau visage à son milliard d’adeptes et au monde entier, je pense qu’il lui faut faire le toilettage de fond en comble de certaines de ses réalités. Il lui faut nécessairement changer ces deux couleurs par d’autres pour marquer sa catholicité et éviter les susceptibilités et polémiques inutiles. De même qu’elle doit éviter ce débat stérile et malsain d’un pape noir ou non. Le débat sur la question devient plus malsain quand des princes mêmes de l’Eglise s’y mettent à cœur joie. L’Eglise du Christ est-elle devenue une affaire de race au point de susciter des débats sur l’élection ou non d’un pape de couleur ? La question légitime est alors de se demander si ce sont les cardinaux qui élisent d’eux-mêmes le pape ou alors s’ils sont guidés et inspirés par l’Esprit Saint. Qui est-ce qui est le plus important ? Est-ce un pape noir, blanc, rouge ou jaune ou alors un pape pour l’Eglise du Christ, vrai successeur de Pierre ? Pourquoi faut-il que les problèmes raciaux s’implantent au cœur de l’Eglise du Christ et même qu’ils soient vigoureusement animés par des ecclésiastes sur lesquels ne pèse aucun soupçon a priori? Pour moi, c’est l’Eglise qui compte. Quel que soit le camp d’où il est venu, le nouveau pape doit montrer un nouveau visage du Christ et de l’Eglise au monde entier, un visage capable de se faire voir et aimer par tous et non un visage blanc ou noir, symbole de la division et de la haine raciale opérées par le Diable. Ce n’est pas la couleur qui dirige l’Eglise. C’est l’Esprit Saint. Et cet Esprit Saint souffle partout, à moins que le contraire nous soit démontré.
Au moment où je mettais fin à cet article, j’ai appris que le cardinal Jorgio Mario Bergoglio d’Argentine vient d’être élu pape et son nom de service et de mission sera François. Quelle merveille fait pour nous le Seigneur ! Voici une preuve de ce que nous disons. L’Esprit Saint souffle là où il veut. Il suffit d’apprendre à lire ses signes. S’il est allé nous chercher « un pape au bout du monde », soyons attentifs à son message. Bienvenue à notre pape. Nous t’aimons déjà.
Père JEAN K.
perejeank@yahoo.fr
www.perekjean.vip-blog.com
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A la découverte de Jean-Marc Ela
14/03/2013 13:37
A LA DECOUVERTE DE JEAN-MARC ELA
Les quelques recherches que nous avions effectuées sur ce savant africain camerounais nous ont permis de découvrir sa science et sa théologie. Celles-ci sont entièrement au service de la libération de l’Afrique. Nous nous proposons, à travers une série d’articles, de vous faire découvrir cet intellectuel qui aura marqué l’histoire récente de la théologie africaine.
I/ PRELIMINAIRES
Jean-Marc Ela, un penseur au service de la libération de l’Afrique
Quand on lui demande comment il est parvenu à s’intéresser à l’Afrique alors qu’à l’école primaire toute la formation qu’il a reçue était essentiellement axée sur la France, Jean-Marc Ela répond qu’il s’est inspiré de cet enseignement français non seulement pour mieux connaître ceux qui avaient été ses maîtres, mais aussi pour en tirer les possibilités pour combattre ce qu’il a considéré comme une domination à laquelle il ne pouvait pas se résigner.[1] Selon lui, il est sorti de cette école pour essayer de voir comment il pouvait échapper d’abord lui-même, à la domination et contribuer, par la suite, à la libération de l'homme africain en se mettant à son service.[2]
Lieux d’éclosion de sa christologie de libération africaine
Trois événements qu’il qualifie de « déterminants » ont, selon lui, fait surgir sa théologie : 1) Son expérience personnelle de libération : Il estime qu’il a dû se libérer lui-même au départ d’un certain nombre de contraintes et d’oppressions pour tenter de repenser à nouveaux frais les problèmes qui semblaient être ceux de la mission et de la foi. En effet, ne se sentant pas la vocation de gestionnaire d’un « christianisme en décomposition », il a dû prendre ses distances par rapport à un « modèle d’Eglise pensé ailleurs »[3]pour les Africains ; 2) Sa vie au milieu des paysans du Nord-Cameroun : Jean-Marc Ela a vécu une expérience pastorale de quatorze (14) ans au Nord-Cameroun avec les paysans Kirdi.[4]Il a partagé avec eux, dans cet endroit frontalier au désert, leur détresse et leur misère causées par des pouvoirs qui oppriment et appauvrissent. Il a vécu la douloureuse situation « des milliers de paysans (qui) sont contraints d’arracher les tiges de mil qui commencent à pousser pour semer le coton»[5]qui ne nourrit personne. Il a lutté avec eux pour qu’ils survivent ; 3) « La colère de la femme Kirdi » : Un jour, au cœur d’un débat sur Dieu organisé sur le mode de la palabre africaine, une femme prend la parole, tout en colère pour demander: « Dieu, Dieu, et après ? » La colère de cette femme contre Dieu a été provoquée par ce qui semble être le silence du Dieu de Jésus-Christ devant la pauvreté, la misère et l’oppression de ces paysans du Nord-Cameroun. Par la suite, toute sa théologie a consisté a montré ce qu’est le Dieu de Jésus-Christ pour les hommes et femmes en situation de sécheresse, de pauvreté et de famine, d’injustice et d’oppression.[6]
On peut aussi ajouter à cette tripe réalité qui a façonné sa théologie, sa tripe formation théologique, sociologique et anthropologique. Jean-Marc Ela a su articuler sciences humaines et science théologique pour construire une christologie dont le point de départ est l’homme en tant qu’image de l’image de Dieu : Jésus-Christ.[7]Cela se découvre à travers ses œuvres théologiques.
Les œuvres théologiques majeures de Jean-Marc Ela
Jean-Marc Ela a écrit de nombreux ouvrages théologiques que nous signalons ici:
- En 1980, il publie Le cri de l'homme africain. Questions aux chrétiens et aux Eglises d’Afrique, qui selon lui, est le cri des pauvres d'Afrique, en échos aux cris d'Israël en esclavage en Egypte, mais surtout au cri du Christ sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27, 46). C'est un cri à la fois d'angoisse, d'espérance et de libération. C’est ce cri qui va d’ailleurs retentir comme en échos dans toutes ses réflexions théologiques et même sociologiques. Il y révèle que
« le Dieu de la prédication missionnaire semble avoir été un Dieu si lointain, si étranger à l’histoire des colonisés, des exploités et des opprimés qu’il s’identifie difficilement au Dieu de l’Exode qui prend conscience de la situation d’oppression et de servitude où se trouve son peuple».[8]
- En 1981, en collaboration avec René Luneau, il publie Voici le temps des héritiers, Eglises d'Afrique et voies nouvelles où la question du christianisme africain libéré des pouvoirs de Rome demeure au centre de sa réflexion. Mais aussi, il y soutient que les Eglises africaines ont à lutter contre les oppressions des pouvoirs politiques. Bien plus, parlant des relations entre les Eglises d’Afrique et d’Occident, qu’il appelle « problème d’Eglise », il fait remarquer qu’
« il est certain que si au lieu de divertir le public européen par les vieilles légendes de la pauvreté de leurs ouailles, les missionnaires s’appliquaient à révéler à l’Occident le visage du néo-colonialisme qui maintient l’Afrique dans la famine et la dépendance, ils retrouveraient une nouvelle crédibilité aux yeux de beaucoup d’Africains».[9]
- En 1985, il publie Ma foi d'Africain[10]où il évoque en termes de défis majeurs les problèmes de la lecture de la Bible en Afrique, de pauvreté, d'oppression, de nourriture, de santé et donc de survie des peuples africains. Ainsi, Ma foi d'Africain veut montrer comment il est possible d'enraciner l'Evangile de Jésus-Christ dans la vie d'un peuple et de rencontrer Dieu sur les chemins de notre histoire. Ma foi d’Africain se trouve être l’écho sans cesse retentissant du « cri de l’homme africain ».
- En 1992, il publie Le message de Jean Baptiste. De la conversion à la réforme dans les Eglises africaines[11] où à partir de l'image du Précurseur, il invite les chrétiens africains et l'Eglise africaine à être courageux à la suite du Christ en s'opposant à toutes les formes de dictature, qu'elles soient politiques ou spirituelles. Dans cet ouvrage de théologie, la figure du Précurseur est montrée comme signe avant-coureur d’un Evangile qui doit contribuer à la libération de l’Afrique dont le Christ lui-même est porteur. Pour Jean-Marc Ela, le prophète du désert qu’est Jean-Baptiste annonce aujourd’hui encore la conversion qu’apporte le Christ à travers son Evangile.
- En 2003, il publie un véritable chef-d'œuvre théologique : Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère. Cela peut être considéré comme le couronnement de trente(30) années de travail et de réflexion, de lutte et de détermination, une contribution majeure à la théologie africaine contemporaine. Il essaie d'y montrer que la Révélation de Dieu en Jésus-Christ trouve sa pleine signification en Afrique lorsque l'Eglise fait mémoire d'un Evangile qui libère. Pour lui, ce qui compte pour l’Eglise d’Afrique aujourd’hui, c’est qu’elle soit un sacrement, un « signe » en Afrique.
« En réalité, soutient-il, il s’agit d’un nouveau type de présence d’Eglise à partir d’une expérience évangélique au milieu d’un peuple. Il n’y a, ici, rien à « transplanter ». Ce qui importe, c’est d’être là et de tenter de vivre en profondeur sa foi parmi les autres, sans cette obsession de bâtir et de remplir les Eglises qui tend à absorber les énergies missionnaires…Au lieu de faire nombre, il s’agit de faire signe».[12]
En parcourant ses œuvres théologiques on en dégage facilement les thèmes majeurs qui les traversent.
Les thèmes majeurs de la théologie de Jean-Marc Ela
Jean-Marc Ela a construit une christologie de la libération africaine. Il le soutient lui-même en reconnaissant qu’il a été parmi les premiers à poser les bases d’une théologie de la libération en mettant en exergue les rapports entre Dieu et les peuples opprimés d’Afrique.[13]En bâtissant cette théologie à partir de l’image de Jésus-Christ, Fils de Dieu, sa théologie devient une christologie de la libération du continent noir.[14]
« La théologie sous l’arbre »
La « théologie sous l’arbre » est, selon Jean-Marc Ela, celle qui s’élabore dans le « coude-à-coude » fraternel où la relecture de l’Evangile fonde des communautés de foi capables de soutenir et de défendre l’espérance des pauvres en Jésus-Christ. En fait, elle est une théologie de la solidarité dont la source se trouve en Jésus-Christ lui-même qui s’est fait solidaire des pauvres en acceptant le bois de la croix.[15]Il interprète le Magnificat de Marie dans la Bible comme la sollicitude et la solidarité de Dieu pour les pauvres alors que les riches sont renvoyés les mains vides.[16]Cette théologie a suscité « la pastorale du grenier ».
« La pastorale du grenier »[17]
Cette pastorale lui a été inspirée par cette scène où un vieillard, au cours d’une soirée de causerie sur Dieu dans un village, a fait sèchement remarquer qu’autrefois Dieu avait parlé aux hommes mais aujourd’hui il s’est tu et a ainsi livré les hommes à la faim, à la maladie et à la mort.[18] Il fait ainsi allusion à la politique de la culture du coton contre celle du mil.[19]La pastorale du grenier permet ainsi de lutter contre l’«idéologie vulgaire du développement »,[20] ce modèle qui privilégie ce qui affame un peuple au profit particulier d’un « club de nantis».[21]Par la «pastorale du grenier», il s’agit de refuser de façon méthodique un système qui produit des greniers vides et donc annonce la mort. Le message et la pratique de Jésus, dénonçant l’exploitation des paysans, exigent de nouvelles formes de rapport où les hommes luttent contre tout ce qui peut leur priver de la ration de mil.[22]Cette pratique pastorale fonde toute la thématique et l’ossature de sa théologie que sont la foi et la libération.
La foi et la libération
En parlant de sa théologie, Jean-Marc Ela nous apprend qu’elle est née dans les villages. Sa théologie est née plus précisément sous l’arbre à palabre, dans les montagnes du Nord-Cameroun. Les soirs, il se retrouvait avec les paysans et les paysannes. Ils lisaient alors ensemble la Bible avec leurs yeux d’Africains. Il a fait cela pendant quinze ans avec ces paysans pauvres qui étaient devenus une partie de lui-même et les inspirateurs de sa christologie[23].
La foi et la libération africaines sont au cœur de la christologie de Jean-Marc Ela. Pour lui, la foi de l’Africain doit se construire et se manifester autour de la question de la libération des pauvres en Afrique.[24] La foi conduit à la libération et celle-ci doit être le reflet permanent et dynamique de celle-là. Toutes deux supposent un engagement et une lutte en faveur des pauvres, des opprimés et des marginalisés qui deviennent un lieu théologique en Afrique. La raison de tout cela est que, selon Jean-Marc Ela, Dieu révèle toujours à l’homme que son salut est déjà à l’œuvre bien que sa réalisation en plénitude soit encore à venir. Ainsi, on ne peut pas reléguer le bonheur des hommes, la justice et la liberté « dans un au-delà sans lien avec les réalités et les situations du monde présent».[25]
Ce parcours préliminaire nous a permis d’aller à la rencontre de Jean-Marc Ela afin de saisir la quintessence de sa pensée et de sa pratique pastorale au milieu des paysans, sources fondamentales de sa christologie. Nous notons que Jean-Marc Ela a abattu un travail théologique riche qui doit servir à la théologie africaine. C’est une partie de ce travail que nous voulons faire découvrir à travers cette étude. A travers une approche christologique, nous voulons voir comment il aborde les questions de la foi et de la libération dans le contexte africain. Il est bien de relever que Jean-Marc Ela n’est pas le seul théologien africain de la libération. Nous pouvons nommer avec lui d’autres comme Fabien Eboussi Boulaga,[26] Engelbert Mveng,[27] Meinrad Hebga ou encore Eloi Messi Metogo.[28] Tous ont contribué à l’émergence d’une théologie de la libération qui s’intéresse aux réalités pratiques, sociales et politiques en Afrique en faveur des pauvres et des déshérités.
[1] Cf. Yao, ASSOGBA, Jean-Marc Ela, Le sociologue et théologien africain en boubou, Paris, L’Harmattan, P.81.
[3] Jean-Marc, ELA, Ma foi d’Africain, Paris, Karthala, nouvelle édition, 2009, p.25.
[4] Après ses nombreuses années au milieu des paysans, il a rejoint un quartier pauvre de Yaoundé où avec des jeunes cadres et étudiants, ils ont lu et mis en pratique certains aspects de l’Evangile concernant l’engament de Jésus-Christ pour les pauvres. A la mort de son ami, le père Engelbert MVENG, tué par le pouvoir camerounais, il a essayé de faire comprendre l’injustice de ceux qui gouvernent le Cameroun. Cela lui a valu l’hostilité du pouvoir et son inscription sur la liste rouge des personnes dangereuses à abattre. Il a dû s’exiler au Canada du 6 août 1995 au 28 décembre 2008, date de sa mort.
[5] Jean-Marc, ELA, Le cri de l’homme africain. Questions aux Chrétiens et aux Eglises d’Afrique, Paris, L’Harmattan, 1980, pp 7-8.
[6] Cf. Jean-Marc, ELA, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, Paris, Karthala, 2003, pp 7-8.
[7] Selon Bénézet BUJO « il est donc très difficile de séparer en Ela le théologien du sociologue. En fait, ils sont tout en lui car sa sociologie a toujours une préoccupation théologique et pastorale ; Cf. « Jean-Marc Ela. Champion d’une théologie sous l’arbre », in Théologie africaine au XXIè siècle. Quelques figures, vol. II, Fribourg, Saint-Paul, 2005, p. 188.
[8] Jean-Marc, ELA, Le cri de l’homme africain. Questions aux chrétiens et aux Eglises d’Afrique, p.41.
[9] Jean-Marc, Ela et René LUNEAU, Voici le temps des héritiers. Eglises d’Afrique et voies nouvelles, Paris, Karthala, 1981, p.238.
[10] Cf. Jean-Marc, ELA, Ma foi d’Africain, Paris, Karthala, 228p.
[11] Cf. ID., Le message de Jean-Baptiste. De la conversion à la reforme dans les Eglises africaines, Yaoundé, Clé, 1992, 70p.
[12] Jean-Marc, Ela, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, p.201.
[13] Cf. Yao, ASSOGBA, Op. cit. , p.56. Engelbert MVENG dit la même chose : « La théologie de la libération est née en Afrique » ; Cf. Engelbert, MVENG et B.L., LIPAWING, Théologie, libération et cultures africaines. Dialogue sur l’anthropologie négro-africaine, Yaoundé-Paris, Clé-Présence africaine, 1996, p.28.
[14] Il est bien de relever que Jean-Marc ELA n’a pas bâti une christologie systématique. Cependant, le rapport dynamique qu’il établit entre le Christ et les peuples opprimés et pauvres d’Afrique, dégage une christologie qui met en exergue la solidarité de Jésus-Christ avec ceux-ci et oriente toute sa théologie en en faisant une théologie africaine de la libération en Jésus-Christ.
[15] Selon Ignace NDONGALA MADUKU, cette théologie est « un processus discursif qui fait de la vie quotidienne des communautés chrétiennes le « lieu » de l’élaboration théologique. C’est une relecture de l’Evangile avec les yeux du petit peuple, mieux, une quête de réponse au « cri de l’homme africain » ; Cf. « Jean-Marc ELA (1936-2008) ou le bonheur de faire « la théologie sous l’arbre », in Nouvelle Revue Théologique, 131/n°3, Juillet-Septembre 2009, pp.557-569. De cette solidarité avec les pauvres, Jean-Paul II dira que le Christ souffre avec ceux qui souffrent. Il relève que le Rédempteur du monde a faim de toutes les faims de ses frères humains. Il souffre avec ceux qui ne peuvent nourrir leur corps : toutes ces populations victimes de la sécheresse ou de mauvaises conditions économiques, toutes ces familles atteintes par le chômage ou la précarité de l’emploi. Le Christ souffre également avec ceux qui sont légitimement affamés de justice et du respect de leur dignité humaine, avec ceux qui sont frustrés de leurs libertés fondamentales, avec ceux qui sont abandonnés ou, pire encore, exploités dans leur situation de pauvreté ; Cf. Jean-Paul II, « Message pour le Carême de 1984 », in La Documentation catholique, n°1869 (1984), p1260.
[16] Cf. Bénézet, BUJO, art. cit. p.184.
[17] Cf. Jean-Marc, ELA, Ma foi d’Africain, pp.123-128.
[18] Cf. Jean-Marc, ELA, « La foi des pauvres en acte », in Telema, n°35, 3/83, p.51.
[19] La culture du coton est le fait des multinationales occidentales qui privilégient les cultures industrielles au détriment des cultures alimentaires dont vivent les paysans et leurs familles.
[20] Jean-Marc, ELA, art. cit., p.54.
[22] Cf. Jean-Marc, ELA, Ma foi d’Africain, p.123.
[23] Cf.Yao, ASSOGBA, Op. cit., pp.62-63.
[24] En disant cela, Jean-Marc ELA nous renvoie à une lecture critique et dynamique de l’Exode. En effet, puisque Dieu a arraché Israël de l’esclavage égyptien, nous devons aujourd’hui relire ce passage en relation avec la libération politique, économique et sociale des opprimés.
[25] Jean-Marc, ELA, Le cri de l’homme africain. Questions aux chrétiens et aux Eglises d’Afrique, p.47.
[26] Cf. EBOUSSI, B., F., Christianisme sans fétiche. Révélation et domination, Paris, Présence africaine, 1981, 224p.
[27] Cf. MVENG, E. et B.L., Lipawing, Op. cit., 236p.
[28] Cf. Eloi, MESSI, M., « Quelle vie Jésus apporte-t-il aux Africains ? », in Pâques africaines d’aujourd’hui, paris, Desclée, 1989, pp.176-183.
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