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VIP-Blog de perekjean
  • 88 articles publiés
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  • Créé le : 05/02/2013 13:43
    Modifié : 02/07/2014 22:26

    masculin (31 ans)
    Origine : Abidjan
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    Ouattara et la famille

    08/03/2013 13:05



     Ouattara et la famille

    « Ouattara donne de gros marchés à son beau-frère ». C’est le titre qui barrait la grande une de notre quotidien bien-aimé, Notre Voie n°4358 du lundi 4 mars dernier. Trois noms ont retenu mon attention du modeste chroniqueur hebdomadaire à travers cette une assortie d’une photo où l’on voit monsieur et madame Ouattara, sourire aux lèvres, certainement en train de savourer amoureusement leur victoire bien mérité. Je ne doute pas que cette photo soit la plus belle du couple d’amoureux. Ces noms qui ont capté mon attention de chroniqueur sont : « Ouattara », « gros marchés » et « beau-frère ». Ces trois noms, à n’en point douter,  révèle à suffisance la nature brute de l’individu dont il est question dans ce titre. Il s’agit bien sûr de Ouattara, himself, mégalomane à souhait (gros marché) et tribaliste rattrapeur patenté (beau-frère). La gestion des affaires avec le clan et la dynastie des rattrapés passe comme lettre à la poste sous le règne de Ouattara. D’ailleurs, l’article révèle ou rappelle fort bien cette façon particulière et indécente de gérer les affaires et les sous du pays depuis l’entrée fracassante au palais ivoire sous escorte des « bombes démocratiques ». L’article est signé de l’intrépide Didier Dépry : « délit d’initié, népotisme, scandales financiers, etc, le régime Ouattara ploie sous le poids d’éléments indicateurs de mauvaise gouvernance. » Cela est effectivement la marque déposée de notre cher président qui ne peut pas regarder au-delà de la clôture familiale et clanique pour régenter le pays selon les normes modernes de notre civilisation dite moderne. A preuve, les « Adama Bictogo », « Sanogo mamadou » et autre « Cissé Bacongo » sont bel et bien sur la liste des privilégiés du clan. A eux s’ajoutent maintenant aussi les beaux-frères et belles sœurs, après le rattrapage des beaux fils, des frères, des nièces, des neveux, des cousins et cousines. La Côte d’Ivoire est ainsi prise en otage par une clique de prédateurs rattrapés et d’autres à rattraper qui ne donnent pas dans la dentelle et dans les discours démocratiques et de bonne gouvernance. Il faut vite manger et boire car le temps est court et bien compté. On ne sait jamais ! Même les « bombes démocratiques » ne garantissent jamais la pérennité du pouvoir. Ce mal psychologique qui gangrène aujourd’hui le sommet de notre Etat est la caractéristique et la conséquence logique de tout le boucan orchestré depuis vingt ans pour arriver au pouvoir avec la complicité malveillante d’une sulfureuse « Communauté internationale ». Aujourd’hui, c’est le partage du gâteau et la récompense aux vainqueurs, au clan, à la famille, à la belle-famille, à la région, à la religion qui ont battu le pavé pour implorer l’arrivée des « bombes démocratiques ». Il n’y a pas de doute, la gestion familiale et clanique des biens d’un peuple affaiblit toujours un pouvoir aussi fort fût-il. Elle ne dure qu’un temps, le temps de l’incertitude, de la peur, de la dictature et de l’ignorance. La famille et le clan n’ont jamais garanti l’éternité d’un pouvoir. L’histoire est trop révélatrice de ces propos pour que le clan qui règne à Abidjan s’obstine à persister dans sa médiocrité et son nauséeux tribalisme. Dilapider les biens du pays avec son clan dans la terreur et l’arrogance finit toujours par céder sous la pression du peuple qui n’a pas besoin de « bombe démocratique » pour revendiquer ce qui lui est légitimement dû. Les ressorts d’une nation qui se veut ambitieuse se construisent et se fixent sur des supports solides qui prennent en compte les réalités de chacun des groupes qui composent cette nation. Privilégier exclusivement son clan, sa famille, sa belle-famille et ses copains, c’est ignorer l’existence des autres et les vouer à la perdition.  C’est aussi ouvrir la boite de pandore. Toute chose qui crée des frustrés qui ne manqueront pas de prendre leur revanche sur l’histoire et leurs bourreaux par tous les moyens. On n’est pas fort éternellement. Rappelons-nous que la bande rebelle qui a pris les armes en 2002 pour tuer a motivé son choix par le fait qu’une partie de la population ivoirienne était marginalisée et maltraitée. Elle se serait donc trouvée dans l’obligation de prendre les armes pour revendiquer ses droits. Parvenue au pouvoir par les armes et les « bombes démocratiques », elle ne fait pas mieux que les autres. Alors attention à l’effet boomerang. La gestion familiale et tribaliste produit toujours les mêmes effets et les mêmes résultats partout dans le monde. Nous sommes tous prévenus. Evitons donc de mourir comme des idiots et des ignares rattrapés.

     

    Père JEAN K.

    perejeank@yahoo.fr

    www.perekjean.vip-blog.com

     





     

     

    Violence et pratique de libération chez Jean-Marc Ela

    08/03/2013 12:59



    VIOLENCES ET PRATIQUES DE LIBERATION SELON JEAN-MARC ELA

    RESUME

         Cet article que nous proposons ici est écrit à l’ombre d’un grand théologien africain que la jeune histoire de la théologie africaine retiendra comme l’un de ses plus grands animateurs.  Il s’agit du théologien, sociologue et anthropologue camerounais Jean-Marc Ela.  Il a engagé sa foi, son intelligence, sa force, son sacerdoce au service de l’Eglise en Afrique.  Voulant vivre sur les traces du Christ qu’il appelle « le Crucifié du Golgotha » et de son maître spirituel Baba Simon, il s’est exercé à un ministère particulier au milieu des paysans Kirdi du Nord-Cameroun.  Pendant quatorze ans, il s’est identifié à eux, partageant leurs peines, leurs misères et les a préparés à réagir contre les violences de l’Etat dont l’objectif était de les spolier de leur terre et de brader les fruits de leurs travaux.   Cet article essaie de faire revivre l’engagement de cet homme avec ses convictions et les difficultés qu’il a dû rencontrer et surmonter au nom de sa foi. Il nous engage à l’expérience de la lutte.

    MOTS-CLES : Jean-Marc ELA-violence-barbarie-domination-exploitation-impérialisme-relais locaux-lutte-libération-coloniale-Eglise.

     

    • REPRESSION, DOMINATION ET EXPLOITATION COMME VISAGE AFRICAIN DE LA VIOLENCE SELON JEAN-MARC ELA

         Pour Jean-Marc Ela, parler de violence dans l’Afrique contemporaine, c’est mettre en exergue et de façon systématique, le processus d’appropriation du continent commencé à l’époque de la traite négrière, peaufiné dans ses dimensions économiques, politiques et culturelles durant la colonisation et plus scientifiquement aujourd’hui.  La violence actuelle qui régit les rapports entre Blancs et Noirs ne peut se comprendre en dehors de ce système de répression, de domination et d’exploitation de l’homme noir par l’homme blanc avec ses relais locaux.  A tout le moins, l’irruption du Blanc dans l’univers de vie du Noir a été un processus violent dont les stigmates demeurent encore prégnants.  Pour Jean-Marc Ela, la violence se lit et se comprend à la lumière de la négation du Noir par le Blanc. Son analyse de cette négation, mieux de cette « paupérisation »[1] s’appesantit davantage sur le rapport des forces violentes exercées sur les paysans qui, d’après lui, ont le plus souffert de cette violence planifiée : « durant toute la période où a régné le Code de l’Indigénat[2], ce qui a marqué la vie des paysans noirs, c’est un climat d’insécurité et de peur. »[3]Dès lors, « l’Afrique des villages » a été le lieu de cette violence aussi bien physique, morale que psychologique exercée sur l’Africain.  Au cœur de cette violence inouïe, se trouve le système d’exploitation mis en place par le colonisateur pour exproprier, piller et soumettre l’Afrique en coupe réglée.  Jean-Marc Ela fait remarquer que « de fait, les agents de police vident les villages pour peupler les chantiers et les zones d’exploitation. »[4] Pour développer son « économie de traite », il fallait violemment déstructurer tout le système d’organisation économique traditionnel trouvé sur place.  Il fallait par la suite imposer par la violence une politique de domination et d’exploitation tous azimuts où le Noir était tout entier et à bon marché livré au service du Blanc.  Les conditionnements psychologiques de cette violence d’exploitation s’organisent autour du mythe du Blanc violent dont le Noir devrait avoir une peur bleue.  Les moyens visibles de cette oppression étaient la réquisition du Noir pour bâillonner le Noir.  Comme nous le fait constater Jean-Marc Ela, « l’exploitation des paysans, au temps où l’administration utilisait les gendarmes et les soldats (noirs) pour forcer les gens au travail, est placée sous le signe de la violence et de la répression. » [5] Selon Mongo Béti, le slogan qui structurait cette violence du Blanc violent était « un Blanc ne cherche qu’à gagner l’argent, le plus possible.»[6] Cette économie de traite, basée essentiellement sur l’exploitation et la richesse par tous les moyens même en brutalisant l’homme noir de mille et une façons, a généralisé « le règne de la marchandise ».[7]  La découverte du « Blanc qui ne cherche qu’à gagner beaucoup d’argent » crée chez le Noir l’envie d’en faire autant, par tous les moyens.  En nous faisant découvrir cette sombre réalité de notre histoire violentée, Jean-Marc Ela ne manque pas de stigmatiser l’attitude du Noir rendu violent et associé au Blanc violent pour réprimer, dominer et exploiter le « Noir sauvage » soumis et impuissant.[8]

    « Dans le contexte où se décomposent les structures de la société traditionnelle, la participation des Africains à l’exploitation de leurs congénères est une composante de l’entreprise coloniale.  Les campagnes ne sont pas seulement un réservoir de « tirailleurs sénégalais » ou de main-d’œuvre pour les Blancs ; elles constituent aussi un lieu d’exactions que les paysans subissent de la part de ces « Blancs » à peau noire » formés par l’enseignement colonial».[9]  

         La complicité avec le colon était visible. Pour s’assurer de sa violente présence psychologique chez le Noir, l’administration coloniale devrait coopérer en amont avec les chefs de village et leur notabilité.  Ceux-ci, pour ne pas compromettre leur situation vis-à-vis du colon, devraient eux aussi exercer la violence sur leurs frères.[10] Ainsi, pour des profits dérisoires, les « évolués » sont de gré ou de force utilisés par les colons comme forces militaires violentes contre leurs propres frères pour les opprimer.[11] La situation des paysans Noirs sous la colonisation était donc une situation de misère occasionnée par la violence, en plus d’être écrasés par l’impôt, volés par les commerçants et les contrôleurs escrocs et véreux, grugés par les notables rendu volontairement violents.[12]Pendant cette période d’oppression, de domination et d’exploitation, les paysans ont été introduits avec violence dans un système d’aliénation dit de développement.  Celui-ci reposait en fait sur leur propre exploitation.[13]Jean-Marc Ela relève que c’est par la violence et la spoliation que le colonisateur embellissait son économie.  Celle-ci était essentiellement constituée des revenus des matières premières dont la culture était basée sur l’oppression, l’esclavage et le travail forcé avec les migrations obligatoires des populations vers les zones d’exploitation et de violence.[14]  Quand le travail forcé fut aboli, il fut remplacé par l’impôt obligatoire.  Ce qui évidemment obligeait le paysan à accroître sa production pour payer sans cesse un impôt de plus en plus lourd et violent.[15] Tout ce système de prédation basée sur la violence et appuyé par les soutiens locaux s’est développé au fil du temps et de l’évolution du monde pour maintenir l’Afrique dans un environnement de plus en plus violent, avec les mêmes méthodes, les mêmes objectifs et les mêmes acteurs. Aujourd’hui, dans le rapport de l’Afrique avec l’Occident, l’impérialisme qui systématise la violence de cet Occident, est à la mode.

     

    • L’IMPERIALISME MODERNE COMME PARADIGME DE LA VIOLENCE ACTUELLE SELON JEAN-MARC ELA[16]

         Jean-Marc Ela analyse et fait comprendre le paradigme de l’impérialisme contemporain par la notion de « l’Afrique étranglée ».  Partant toujours de son expérience personnelle dans le milieu rural, avec les paysans Kirdi du Nord-Cameroun, il identifie « l’Afrique étranglée » aux « paysans et aux paysannes qui la peuplent en majorité ».[17]Il pense que les « systèmes politiques » ont favorisé, avec la complicité des « sociétés multinationales et bancaires », les conditions réelles et optima de « surexploitation » du travail du Noir et des ressources naturelles.[18]  Il soutient que « l’économie de traite enferme les paysans noirs dans le processus de paupérisation inhérent à l’impérialisme».[19]Cela nous fait comprendre que l’impérialisme moderne est un processus violent, un vent contraire qui balaie tout ce qui n’est pas occidental et impose de nouveaux réflexes dans la pensée, l’agir et même dans la foi. Selon Achille Mbembé, il s’appuie sur la manipulation ethnique, tribale et religieuse. Toute chose qui aggrave de fort belle manière et dangereusement les « opportunités de mort violente ».[20] La préoccupation de Jean-Marc Ela est de faire comprendre cette situation de violence que génère aujourd’hui l’impérialisme avec toutes les formes qui la composent et l’aggravent. « La réalité africaine donne à réfléchir », avertit-il.  Il nous faut dès lors comprendre qu’aujourd’hui, « l’Afrique étranglée » doit faire face à tous les systèmes et moyens modernes de l’impérialisme violent. Nous pouvons relever, outre la forme classique qu’est le capitalisme triomphant, des formes plus subtiles et non moins perverses et cruelles que sont la Françafrique, la franc-maçonnerie, la mondialisation et leurs réseaux connexes.[21]  Même si Jean-Marc Ela ne traite pas prioritairement et directement de ces cas, nous pouvons comprendre avec lui que « la situation s’aggrave ».  Quand l’Etat lui-même devient un « appareil d’oppression »[22], il faut craindre que la corde qui étrangle l’Afrique ne se solidifie davantage.  On peut aussi observer et soutenir avec Jean-Marc Ela que « les pays africains sont tombés dans les mains des brigands »[23]à cause de cet impérialisme violent.  Sur le bord du chemin ils ont abandonné un moribond dont personne ne veut s’en occuper en dehors de le dépouiller de ses biens cachés sous son manteau encore ensanglanté. Pour lui, cette violence est un péché : 

         « Je me suis aperçu que le péché n’est pas seulement quelque chose de personnel ou d’intérieur, de moral et de spirituel.  Il a aussi une dimension politique parce que le péché s’inscrit dans les structures d’injustice, de violence et de domination qui font que beaucoup d’hommes sont dépouillés de leurs biens, sont victimes d’un Etat qui affame et tue en fonctionnant par différentes formes de massacres, de violation des droits de la personne et les camps de torture».[24]

         Le constat du sociologue  Jean Ziegler sur la question est profondément inquiétant :

           « Chaque jour, 100 000 personnes meurent de faim ou de ses suites immédiates.  Plus de 36 millions en 2002.  Toutes les sept secondes, un enfant de moins de dix ans meurt de faim.  Toutes les quatre minutes, quelqu’un perd la vue à cause du manque de vitamines A.  En permanence, 840 millions d’êtres sont gravement sous-alimentés, mutilés par la faim.  Cela se passe sur une planète qui pourrait nourrir sans problème douze milliards d’êtres humains, soit le double de l’actuelle population mondiale.  Conclusion : ce massacre quotidien par la faim n’obéit à aucune fatalité.  Derrière chaque victime, il y a un assassin…La globalisation des échanges marchands, de services, de capitaux, de brevets a abouti, durant dix ans passés, à l’établissement d’une dictature mondiale du capital financier. »[25]

         L’impérialisme violent, brutal et excessivement barbare s’exprime aussi, et volontiers, à travers des discours officiels de ses tenants, ses maîtres et théoriciens patentés.  Récemment, des professeurs de l’université de Maroua au Cameroun ont analysé scientifiquement le Discours de Nicolas Sarkozy prononcé lors de sa visite au Sénégal à l’université Cheick Anta Diop.  Ils y ont découvert un discours impérialiste et volontairement violent.[26]  Nicolas Sarkozy avait en effet dit clairement et soutenu que les Africains ne sont pas encore rentrés dans l’Histoire.  Ils seraient donc encore à sa périphérie, rasant certainement le mur pour survivre.  Pour cela, on peut aisément comprendre que la France puisse se permettre d’imposer sa démocratie en Afrique au prix de la violence et du sang.  Les récents événements douloureux de la Côte d’Ivoire et de la Libye nous édifient sur les méthodes de l’impérialisme violent et exagérément barbare.

         Que faire ?

         Dans cette « Afrique étranglée », des voix de plus en plus se lèvent pour revendiquer un mieux-être qu’on peut appeler libération : « Nous voulons vivre mieux »,[27]crient-elles sans peur aux violents de ce monde.

     

    • LES ACTES DE LIBERATION CONTRE LA VIOLENCE : L’EXPERIENCE PERSONNELLE DE JEAN-MARC ELA[28]

         Les actes de libération, selon Jean-Marc Ela, sont une réponse, une riposte cinglante et appropriée contre la violence et la barbarie érigées en règles d’or de gouvernance en Afrique.  Il interroge pour cela la Foi, la Théologie et l’Eglise en Afrique : « Qu’est–ce que le Dieu de Jésus-Christ peut bien nous dire aujourd’hui en Afrique ? »[29];

         « Que signifie Dieu pour les gens qui sont dans les situations de pauvreté, de sécheresse et de famine, d’injustice et d’oppression ? »[30]; Quel est le Dieu des Eglises à l’ère du marché ? Quel message livrent-elles sur ce Dieu là où nous sommes ? Dans la société-monde en émergence où le meurtre d’Abel se réactualise, comment être fidèle au Dieu de la Bible sans se réapproprier sa puissance de protestation et partager sa colère dans le temps des exclusions où nous vivons ? »[31]

         Sa thèse est que ce qui fonde la théologie et peut la rendre pertinente et encore crédible en Afrique aujourd’hui, « c’est sa capacité de remettre radicalement en question la manière dont l’autre est traité en Afrique depuis la Renaissance à travers des formes de violence, de génocide et d’oppression qui se renouvellent ».[32] A partir de cette thèse, il donne lui-même sa propre expérience de lutte et de libération qu’il a acquise sur le terrain durant son ministère pastoral.  Deux faits majeurs ont donné une orientation profonde et radicale à sa pratique de libération contre la violence :

    1. « (…) Bouba, le responsable de la communauté, prend la parole : ‘Le moniteur agricole, le chef de canton et le sous-préfet nous ont réunis.  Ils nous ont dit :’Maintenant vous allez arracher tout le mil que vous avez cultivé pour faire du coton’. Sous leurs yeux, continue Bouba, nous avons commencé à arracher notre mil.  Chacun, levant le bras au ciel et d’une main tenant les tiges du mil, disait : ‘mon Dieu, tu vois, ce n’est pas moi, ce n’est pas moi, mon Dieu‘’».[33]
    2. « La colère de la femme Kirdi » :   « Je voudrais rappeler ici un évènement qui a marqué ma vie et orienté toute ma démarche de réflexion et de recherche… Un soir, au cours d’une rencontre vécue sur le modèle de la palabre africaine, j’avais proposé que Dieu soit le sujet de nos échanges et de nos discussions.  Au cœur du débat, une jeune femme prit la parole.  Elle était en colère.  Le débit de ses mots, réduits à une question essentielle, avait surpris et secoué tout notre groupe : « Dieu, Dieu, et après ? » Interrogeait-elle.»[34]

         Son expérience de quatorze ans avec les paysans du Nord-Cameroun, a consisté à lutter et à apprendre à lutter contre les injustices et les violences d’Etat à travers leurs appareils locaux.  Comme il fallait s’y attendre, il a été l’objet de persécution, de tracasseries diverses parce qu’il était porteur de ce message de lutte et de libération contre la violence étatique.[35] « Je me suis bagarré avec les sous-préfets et les préfets ». Confesse-t-il.[36]On comprend ici toute la difficulté du pasteur quand il consent à vivre sa foi comme un appel à lutter contre les injustices et les violences faites à l’Evangile ; quand il accepte et comprend sa mission comme un prophète.  

         « Chaque fois que j’avais à organiser quelque chose on voulait l’interdire et il fallait que je me défende…J’étais amené à dire que je fais partie de l’élite de ce pays-là et qu’eux ne faisaient rien pour les gens, donc qu’ils devaient me laisser travailler et que s’ils continuaient, j’allais écrire.  Il y avait continuellement des conflits, des tensions».[37]

         Comme au temps de la coloniale, les relais locaux sont actionnés pour jouer leur partition dans ce processus violent :

         « Notre sous-préfet venait jusque sur le terrain de la mission m’empêcher de réunir les jeunes dans un centre que j’avais construit et appelé Foyer Aimé Césaire en disant que notre foyer n’était pas autorisé.  J’ai répondu que je n’avais pas besoin d’une autorisation pour faire ce travail. Continuellement, il y avait une tension permanente avec un climat de suspicion, de méfiance et de persécution larvée».[38]

         A la question qui lui a été posée de savoir s’il n’avait pas peur de cette violence qui à tout moment pouvait l’emporter, il répondit : « Non, je n’avais pas peur ».[39]Et l’héritage laissé aux Kirdi est la « conscience et la capacité de prendre la parole pour se défendre, sans avoir peur ».[40]

         Tout le reste de sa mission s’est poursuivi dans cette ambiance de violences étatiques et de menaces contre sa personne, de résistances et de dénonciation.  Après le Nord-Cameroun, il prit pied à Melen, un sous quartier pauvre de Yaoundé.  Là, il organisa les jeunes pour réfléchir sur l’attitude de Jésus vis-à-vis du pouvoir de son époque.  La lecture de l’Evangile était au cœur de ces rencontres où ils ont dû découvrir que Jésus a été lui aussi victime de la violence d’Hérode en le forçant à l’exil égyptien avec ses parents.  Par la suite, il a dû faire face aux violences de son époque en s’engageant aux côtés des faibles et des pauvres.[41]   Après le meurtre violent de son compatriote, ami et théologien Engelbert Mveng   soupçonné d’avoir été tué par le pouvoir en place au Cameroun, Jean-Marc Ela a compris le vrai sens de son combat contre l’injustice et la violence et s’est engagé à crier haut et fort son indignation contre cette violence.  Cela lui a valu les menaces du pouvoir qui l’a inscrit sur sa liste noire comme un homme dangereux à abattre.  Il partit pour s’exiler au Canada le 6 août 1995  jusqu’à sa mort le 26 décembre 2008.  De la raison de son exil, il dira :

          « Que je parte aujourd’hui ne signifie donc pas que j’ai fui. J’ai été poussé, par la contrainte et sous menace, à quitter le pays. En réalité, c’est depuis 1990 que je vivais à l’ombre de la mort. Des responsables de milices ethniques financées par le gouvernement cherchaient à paralyser mon existence depuis 1990. Aujourd’hui comme hier, ils veulent réduire au silence ceux de leurs régions qui osent s’attaquer à un régime politique dont la barbarie n’a pas seulement conduit à l’effondrement de notre économie et à la perte de notre souveraineté, mais encore se trouve être à l’origine de l’humiliation de notre pays à l’extérieur».[42]

         La préoccupation de Jean-Marc Ela, exprimée dans sa lutte contre la violence et pour la libération, est de susciter un Etat civilisé, c’est-à-dire moins violent et barbare où l’homme vit heureux et adore Dieu.  Celle-ci a-t-elle- été prise en compte dans les deux synodes qu’a vécus l’Afrique ?

    •  JEAN-MARC ELA ENTRE DEUX SYNODES : POUR UNE CIVILISATION DE L’ETAT

    « Nous étions un groupe de théologiens africains laissés en dehors du Synode »[43], révèle Jean-Marc Ela avec amertume. L’arrivée de Jean-Paul II au Cameroun en 1995 pour la promulgation des résultats du premier Synode africain a eu lieu quelques semaines seulement après le départ en exil de Jean-Marc Ela.  N’empêche que dans un entretien accordé à un journaliste camerounais sur cette arrivée du pape, Jean-Marc Ela ait pu demander clairement au pape de demander à Paul Biya d’instaurer la démocratie et l’état de droit dans son pays le Cameroun qu’il dirige dans la violence.  Le Synode lui-même, à travers l’exhortation post-synodale Ecclesia in Africa, n’a pas manqué de stigmatiser la violence qui règne sur le continent.  Même si on ne retrouve ce terme de violence que quatre (4) fois seulement dans ladite exhortation (n°s 39, 57,118 et 124), il prend en compte des préoccupations majeures de théologiens africains sensibles au devenir de l’Afrique (mais « laissés en dehors du Synode »), dont Jean-Marc Ela.  Selon le Synode, face à la barbarie et aux violences de tout genre qui minent l’Afrique, l’Eglise en Afrique doit être la voix des sans voix afin que partout la dignité de l’homme soit reconnue et protégée (n°70).  Mais, là où les pères synodaux ont été davantage courageux, clairs et nets, se faisant ainsi l’écho de ces théologiens marginalisés, c’est l’appel lancé aux marchands et trafiquants d’armes dans le monde et dont les meilleurs clients se retrouvent en Afrique, continent où violences et guerres semblent avoir établi domicile.  Les évêques crient à ceux-ci « d’arrêter de le faire » (n°118).

         Quant au deuxième Synode, sa promulgation au Benin par Benoît XVI se fait dans un contexte de violence inouïe en Afrique.  En effet, au moment où le pape foule le sol béninois, l’Afrique vit encore un traumatisme des suites de la guerre post-électorale en Côte d’Ivoire.  Celle-ci s’est terminée dans la violence et la barbarie avec l’engagement direct de la France, des Etats-Unis et de l’ONU instrumentalisée par ces deux puissances.  Cette violence a fait officiellement « 3000 morts ».  De même en Libye, les mêmes acteurs, avec les mêmes motifs (« instaurer la démocratie » et « la protection des civils »), les mêmes moyens et la même violence y ont suscité une rébellion qui a décimé une grande partie de la population et a emporté le Guide Libyen. Ce qui est à déplorer dans l’exhortation post synodale Africae munus, et qui vraisemblablement constitue son péché mignon et son talon d’Achille, c’est l’omerta observée sur ces deux faits qui portent gravement atteinte à la réconciliation, à la justice, et à la paix dont elle se fait pourtant le chantre.[44] De ce point de vue, bien qu’Africae munus ambitionne d’engager l’Afrique dans un processus de réconciliation, de justice et de paix, en définitive dans un continent civilisé, elle manque gravement de courage prophétique, contrairement à Ecclesia in Africa, en ne dénonçant pas le nouvel impérialisme franc-maçonnique violent qui prolifère de plus en plus sur notre continent où, au nom de la protection de leurs pré carrés et autres avantages mafieux, les anciens colons dont la France notamment s’érigent en guérilleros à travers leurs bras séculiers qui pullulent en Afrique et versent le sang de ses fils.  En défendant même au prêtre de faire de la politique (n°108), Africae munus risque de faire de l’Eglise en Afrique et de ses serviteurs, des complices de politiciens véreux et violents qui accordent plus d’intérêts à ce que leur dictent leurs maîtres occidentaux, qui les installent par la violence à la tête de nos Etats, qu’à la misère que vivent chaque jour leurs peuples.  Pour Jean-Marc Ela, « il est illusoire de parler de réconciliation et de paix tout en privilégiant les injustices garanties par la violence des appareils de pouvoir dont la plupart sont les relais de l’impérialisme».[45]

     

    CONCLUSION

       Jean-Marc Ela s’est inscrit dans une logique de lutte contre la violence, la barbarie et l’impérialisme occidental violent.  Il y a consacré tout son ministère et toute sa vie en restant fidèle à Dieu et à l’Eglise qu’il a servis avec dévouement à travers le sacerdoce ministériel.  L’héritage qu’il laisse aux générations présentes et à venir est celui de l’engagement au nom de la foi en Jésus-Christ, « le Crucifié du Golgotha » qui prend toujours la défense des faibles et des opprimés. L’Eglise en Afrique n’a pas un autre choix que celui de se mettre sur les traces de son Maître en s’engageant contre la violence et non en servant et mangeant à la table d’amphitryons qui violentent, affament et tuent ses fidèles. Notre engagement pour la réconciliation, la paix et la justice doit se faire autour des valeurs mêmes de l’Evangile qui nous apprend à servir les pauvres.  Il suffit pour elle de comprendre ce que lui dit l’Apôtre des Nations : « C’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés » (Ga5, 1).                                                                                 

     

     

     

     

      Père KONAN Kouadio Colbert

                                                                              Etudiant en master 2 de théologie dogmatique

                                                                              UCAO/UUA (kouadiojean1974@yahoo.fr

     

     

    BIBLIOGRAPHIE

    • Jean-Paul II, Ecclesia in Africa, 1995.
    • Benoit XVI, Africae munus, 2011,
    • ADIAFFI, J.M., La carte d’identité, Evreux, CEDA-CECAF, 1998 (Nouvelle édition), 160p.
    • ASSOGBA, Y., Jean-Marc ELA. Le sociologue et théologien africain en boubou, Paris, L’Harmattan, 1999, 112p.
    • CHEZA, M. (éd.), Le Synode africain. Histoires et textes, Paris, Karthala, 1996, 232p.
    • CHINUA, A., Le monde s’effondre, Paris, Présence africaine, 1966, 256p.
    • DJEREKE, J.-C., Changer de politique vis-à-vis du Sud. Une critique de l’impérialisme occidental, Paris, L’Harmattan, 2004, 204p.
    • DJEREKE, J.-C., L’engagement politique du clergé catholique en Afrique noire, Paris, Karthala, 2000, 304p.
    • ELA, J.-M., L’Afrique des villages, Paris, Karthala, 1982, 234p.
    • ELA, J.-M., Ma foi d’Africain, Paris, Karthala, 1985, 228p.
    • ELA, J.-M., « Identité propre d’une théologie africaine », in Théologie et choc des cultures, coll. de l’ICP, Paris, Cerf, 1984, 194p.
    • ELA, J.-M., Quand l’Etat pénètre en brousse… Les ripostes paysannes à la crise, Paris, Karthala, 1990, 272p.
    • HENGEL, M., Jésus et la violence révolutionnaire, Paris, Cerf, 1973, Coll. Lire la Bible/34, 122p.
    • MBEMBE, A., De la postcolonie. Essai sur l’imaginaire politique dans l’Afrique contemporaine, Paris, Karthala, 2000, 300p.

     

    • MBEMBE, A., Sortir de la grande nuit. Essai sur l’Afrique décolonisée, Paris, La Découverte, 2010, 246p.

     

    • Mosaïques, Revue de l’Université de langue française et de l’Ecole Normale Supérieure de l’Université de Maroua, n°1, avril 2011, Paris, L’Harmattan, 398p.
    • MVENG, E., L’Afrique dans l’Afrique : paroles d’un croyant, Paris, L’Harmattan, 1985, 233p.
    • OYONO, F., Une vie de boy, Paris, Julliard, 1986, 192p.

     


    [1] Nous empruntons ce concept à Engelbert MVENG.  Il parle de paupérisation anthropologique et d’annihilation anthropologique pour décrire l’état de l’homme noir depuis sa rencontre avec l’homme blanc ; Cf son livre L’Afrique dans l’Eglise : paroles d’un croyant, Paris, l’Harmattan, 1985, pp.203-209.

    [2]  Le gouvernement français imposa, en 1887, le régime de l’indigénat à l’assemble de se colonies ; il fut formellement appelé plus habilement Code de l’Indigénat. En général, ce code assujettissait les autochtones et les travailleurs immigrés aux travaux forcés, à l’interdiction de circuler la nuit, aux réquisitions, aux impôts de capitation (taxes) sur les réserves et à un ensemble d’autres mesures tout aussi dégradantes.  Il s’agissait d’un recueil de mesures discrétionnaires destinés à faire régner le « bon ordre colonial », celui-ci étant basé sur l’institutionnalisation de l’inégalité de la justice.  Ce Code fut sans cesse « amélioré » de façon à adapter les intérêts des colons aux « réalités du pays. »

    [3] J.-M., ELA, L’Afrique des villages, Paris, Karthala, 1982, p.29.

    [4] Ibid. ; Il faut entendre ici par « agents de police », les soldats noirs mis au service de l’administration coloniale pour mater les Noirs récalcitrants et rebelles au mouvement de colonisation.

    [5] Ibid., p.30.

    [6] Cité par J.-M. ELA, Op. cit., P.36.  La littérature africaine de l’époque coloniale est riche en informations concernant cette sombre période de notre histoire récente.  On peut par exemple lire Chinua ACHEBE, Le monde s’effondre, Paris, Présence africaine, 1966, 256p. ; BETI, M., Le pauvre christ de Bomba,Paris, Présence africaine, 1956, 286p. ; F. OYONO, Le vieux nègre et la médaille, Paris, 10/18, Julliard, 1956, 192p. ; F. OYONO., Une vie de boy, Paris, Julliard, 1956, 192 P. ; J.M. ADIAFFI, La carte d’identité, Evreux, CEDA-CECAF, 1998, (Nouvelle édition), 160p.

    [7] Pour l’historien camerounais A. MBEMBE il faut aujourd’hui associer à la notion de crime contre l’humanité aussi bien les massacres et les violations aggravées des droits humains que les faits graves de corruption et de pillage des ressources naturelles de nos pays. Cf. son livre Sortir de la grande nuit. Essai sur l’Afrique décolonisée, Paris, La Découverte, 2010, p.28

    [8] En instrumentalisant le Noir pour casser du Noir, le colon voulait démontrer au Noir la justesse de son action à son égard.

    [9] J.-M., ELA, L’Afrique des villages, p.39.

    [10] Ibid., p.36.

    [11] Ibid., p.43.  Il y a une constante dans la stratégie de domination et d’exploitation du Noir par le Blanc.  Pour le dompter, il avance masqué ou encagoulé, mettant en avant et en exergue ses complices noirs en face de leurs frères.  Le constat général est que le Blanc n’a jamais assumé un crime du Noir.  Il montre et accuse toujours le Noir.

    [12] Ibid., p.43.  Le paysan vivait son passage devant l’acheteur de produits comme un moment d’épreuves où il devrait toujours y laisser des plumes.  Depuis le surveillant jusqu’au payeur, il se faisait voler sans pitié.

    [13] J.-M., ELA, Ma foi d’Africain, Paris, Karthala, 1985, pp. 119-120.

    [14] En Côte d’Ivoire par exemple, des populations ont été forcées d’immigration du Burkina Faso vers la Côte d’Ivoire pour servir de mains-d’œuvre dans les plantations industrielles de la colonie.  Ces populations arrivées dans les années 1930 se sont installées définitivement dans leurs zones d’immigration, notamment dans les régions de Bouaflé et de Zuénoula.

    [15] J.-M., ELA, L’Afrique des villages, p.26.

    [16] On pourrait approfondir davantage la question de l’impérialisme occidental en parcourant le livre de Jean-Claude DJEREKE dans lequel il fait une critique constructive de cet impérialisme ravageur.  La question de fond qu’il pose est celle-ci : « L’Occident doit-il diriger le monde ? Peut-il continuer à imposer ses vues partout et toujours ? » ; Cf. Changer de politique vis-à-vis du Sud. Une critique de l’impérialisme occidental, Paris, L’Harmattan, 2004, p.279.

    [17] ID, Ma foi d’Africain, p.119.

    [18] Ibid.

    [19] J.-M., ELA, L’Afrique des villages, p.34.

    [20] A., MBEMBE, De la postcolonie. Essaie sur l’imagination politique dans l’Afrique contemporaine, Paris, Karthala, 2000 p.82

    [21] Le constat aujourd’hui est que la plupart de nos chefs d’Etat africains sont membres de la loge franc-maçonnique.  Une vidéo qui circule en ce moment sur la toile montre une cérémonie d’intronisation de Chefs d’Etat africains.  Des gouvernements entiers sont aussi des « frères de lumière », ainsi qu’ils se désignent entre eux.

    [22] Lire sur ce sujet J.-M. ELA, Quand l’Etat pénètre en brousse. Les ripostes paysannes à la crise, Paris, Karthala, 1990, 272p.

    [23] Y., ASSOGBA, Jean-Marc ELA, le sociologue et théologien africain en boubou, Paris, L’Harmattan, 1999, p.65.

    [24] Ibid., p.66.

    [25] Cité par J.-C. DJEREKE, Op. cit. pp.18-19.

    [26] Cf. Mosaïques, nouveaux discours sur l’Afrique. Scènes, configurations et enjeux, Paris, L’Harmattan, n°1, avril 2011, 398p.

    [27] J.-M., ELA, Ma foi d’Africain, p.118.

    [28] On pourrait lire avec intérêt Martin HENGEL qui soutient que la raison d’être du chrétien est de travailler à faire disparaître la violence.  Il doit être prêt à s’y opposer et à dénoncer tous les abus ; Cf. son livre Jésus et la violence révolutionnaire, Paris, Cerf, coll. Lire la Bible/34, 1973, pp.117-120.  Jean-Claude DJEREKE de son côté traite de la question de l’engagement politique du prêtre africain.  Celui-ci, sans être un politicien, doit s’engager et lutter auprès de ceux qui sont maltraités et opprimés ; Cf. son livre L’engagement politique du clergé catholique en Afrique noire, Paris, Karthala, 2000, 304p.

    [29] J.-M., ELA, Repenser la théologie africaine. Le Dieu qui libère, Paris, Karthala, 2003, p.7.

    [30] Ibid., p.8.

    [31] Ibid., pp. 106-107.

    [32] Ibid., p.106.

    [33] J.-M., ELA, Ma foi d’Africain, p.118.

    [34] Ibid., p.8.

    [35] Cf. Y., ASSOGBA, Op. cit., p.64.

    [36] Ibid., p.85.

    [37] Ibid.

    [38] Ibid., pp85-86.

    [39] Ibid.p.86.

    [40] Ibid.

    [41] Ibid., pp.64-65.

    [42] Entretien avec le journaliste camerounais Célestin LINGO.

    [43] Préface à M. CHEZA, Le Synode africain.  Histoire et textes, Paris, Karthala, 1996, p.8.

    [44] On pourrait nous rétorquer que ces événements ont eu lieu après la rédaction finale de l’exhortation.  Mais en la lisant avec attention, on ne se rend pas compte qu’il y aurait eu une volonté réelle de stigmatiser ces faits même si elle était écrite au moment où ceux-ci se déroulaient.  La preuve, aucune mention n’a été faite, pendant ce séjour, dans les discours officiels qui y ont prononcés.

    [45] J.-M., ELA, « Identité propre d’une théologie africaine », Théologie et choc des cultures, coll. de l’ICP, Paris, Cerf, 1984, p.44.

     





     

     

    Jean-Marc Ela et la libération de l'Afrique en Jésus-Christ

    01/03/2013 12:43



                           Jean-Marc Ela et la libération de l’Afrique en Jésus-Christ

         Jean-Marc Ela (1936-2008) est un prêtre, théologien, anthropologue et sociologue camerounais. Pendant quatorze ans, il a vécu avec des paysans Kirdis au Nord Cameroun. Il a partagé avec eux leurs souffrances et leurs misères. Il a surtout élaboré auprès d’eux une théologie de la libération qui les a conduits à s’opposer à toutes les formes de domination et de paupérisation que leur faisait subir le pouvoir camerounais à travers les multinationales. Contre ces stratégies de domination, il a opposé des stratégies de libération qui ont permis aux Kirdis, peuple de la misère situé à l’entrée du désert, de comprendre que leur salut se trouve entre leur main et qu’ils doivent se donner les moyens de le conquérir. En 1995, sous la pression du pouvoir de Paul Bya et après le meurtre crapuleux de son ami, le père Mveng Engelbert, il s’exile au Canada où il rendra l’âme le 26 décembre 2008. Ce grand savant africain nous a laissé un travail théologique de grande envergure qui mérite d’être connu.

         Dans cette partie, nous ferons découvrir la pensée de cet auteur sur la problématique de la foi africaine et la libération en Jésus-Christ.

     

         A partir de l’identité qu’il reconnaît au Christ et de sa foi en lui, Jean-Marc Ela élabore une christologie africaine de la libération qui s’articule à la foi africaine. Il le reconnaît et le confesse lui-même : «Notre théologie ne peut pas être autre   qu’une théologie de la libération».[1]Il affirme qu’il s’est aperçu qu’il devrait « articuler foi et libération » dans un effort de réflexion théologique.[2]Il soumet à une nouvelle interprétation le rapport de la révélation de Dieu à travers Jésus-Christ à l’homme dans le contexte de l’Afrique contemporaine. Pour lui le défi de la théologie ne semble pas être seulement d’« harmoniser foi et intelligence »,[3] mais plutôt d’articuler les liens étroits et inextricables entre « foi et libération ».[4] Selon lui, si Dieu se révèle dans l’histoire des hommes par son Fils Jésus-Christ, ce n’est pas pour donner une simple information aux hommes sur son essence. Il le fait pour leur montrer son amour et les libérer du pouvoir du mal sous toutes ses formes et ses ramifications morbides que nous connaissons aujourd’hui en Afrique particulièrement.

    La Bible : message de libération

         Il propose pour cela une libération à partir d’un « auto-développement socio-économique qui exige une vraie conversion à l’Evangile afin que l’homme retrouve sa dignité d’homme».[5] Il considère de ce fait ce qui se passe au quartier, dans les villages, « là où le cri du pauvre monte vers Dieu » comme « l’enjeu de Dieu » en Afrique;[6] lequel enjeu est dirigé contre le mal et en faveur des pauvres qui sont ses grandes victimes. Dans ce sens, pour lui, la Bible doit être lue et interprétée comme « le récit d’une libération » dont Moïse et les autres prophètes sont les précurseurs et que Jésus- Christ poursuit en libérant les pauvres et les opprimés. Il souligne que c’est ce qui le frappe le plus quand  il essaie d’écouter le Dieu de la Bible. Le défi de la Révélation se trouve être la pauvreté et l’oppression. De cette façon, notre théologie ne peut pas être autre chose qu’une théologie de la libération.[7]L’importance et l’imminence de la libération, selon lui, autorise à refuser de devenir le « griot de la curie romaine »[8] ou celui des régimes installés dans le sang et la dictature en Afrique.[9]« Si je pouvais résumer le message véhiculé par mes livres, je dirais que c’est un message de libération. Je suis préoccupé par la condition de l’homme en Afrique».[10]

    Passer de la servitude chronique à la liberté

         Jean-Marc Ela s’est laissé interpeller par la condition de l’homme noir parce que toute sa vie, il a découvert que celle-ci est marquée par une histoire de souffrance et de douleur, de violence et de barbarie qui prend des formes variées et tentaculaires selon les époques, les gouvernants et les enjeux. Cette situation, du reste grave, exige un effort de rupture qui doit conduire les Africains à « passer de la servitude à la liberté».[11]

         Bien plus, quand il relit l’histoire de l’évangélisation de l’Afrique, il arrive qu’il se demande si nous Africains avons mis suffisamment en valeur le potentiel libérateur de la révélation de Dieu en Jésus-Christ. Il observe que l’Afrique n’est pas allée en profondeur et à la racine de toutes les difficultés que rencontrent tous les jours les Africains. Selon lui, nous n’avons pas suffisamment repéré les facteurs qui entretiennent l’ignorance, la malnutrition, les systèmes d’accumulation et de domination qui empêchent les gens de jouir des fruits de leur travail et par conséquent d’accéder aux biens de la terre que Dieu, dans toute sa bonté, a généreusement destinés à l’usage de tous les hommes de tous les temps et de tous les lieux.

     

    Jésus-Christ est le Libérateur

         Dans sa réflexion théologique, Jean-Marc Ela envisage de reconsidérer l’enjeu de la mission et de la théologie à partir des situations de dépendance, d’exploitation et d’injustice qui sont le lot de millions d’hommes et de femmes condamnés à la misère sous nos tropiques. C’est pourquoi il suggère d’actualiser à travers nos pratiques de chaque jour, ce qui fut l’engagement de Jésus-Christ pour les opprimés. Celui-ci en effet, ne s’est pas simplement contenté de la conversion intérieure, mais il a délivré les captifs et les opprimés.[12]Dans cette perspective, il assigne à l’Eglise, dans l’ensemble de ses œuvres, un objectif de libération des pauvres et des opprimés d’Afrique à partir de Jésus-Christ.

    Le sens de la libération

         Comme on peut le constater, le terme « libération » est le concept opératoire et dynamique de sa pensée à partir duquel il met en mouvement sa foi. Il invite ainsi l’Eglise, au nom de l’Evangile de Jésus-Christ à écrire chaque jour, dans la foi et le courage ce qu’il indique comme « l’histoire de la libération effective des opprimés».[13]

         Il est plus concret en donnant le sens de cette théologie de la libération « Pour moi, la théologie de la libération, c’est chaque fois qu’un bras se lève, qu’une voix essaie de dire ce qui ne va pas et qu’on échappe à la peur, quand on est capable d’affronter des situations d’oppression».[14]Avec les Evêques africains, il révélera aussi qu’en Afrique, « libération de l’homme signifie décolonisation, développement, justice sociale, respect des droits imprescriptibles et des libertés fondamentales».[15]Aussi, la libération qu’il revendique au nom de la foi en Jésus-Christ Libérateur consiste à œuvrer pour l’avènement d’une société juste où les droits des humains sont respectés,[16]à lutter pour une autre société, un autre homme, un autre système de production, une autre manière de vivre entre les hommes au sein de la famille comme au sein de la société toute entière, en définitive, une autre manière de regarder le Christ. Cette dimension primordiale est au cœur même de la lutte de notre auteur. Elle a marqué ainsi toute sa vie et le conduira en exil, par la volonté de ceux qui refusent d’entendre la vérité. Il a le courage d’exprimer ses opinions pleines de critiques porteuses d’espoir, malgré les oppositions, les contradictions et les persécutions en face.

    Jean-Marc Ela : le prophète de la solidarité avec les pauvres.

         Jean-Marc Ela dénonce comme prophète, les structures du péché qui minent aujourd’hui l’Afrique et le monde, enchaînant ainsi les pauvres de toutes parts. C’est ainsi que sa christologie est marquée par les appels constants et le renvoi à Jésus de Nazareth, à Abel et aux pauvres auxquels il s’identifie par l’appellation « le monde d’en bas». Il donne à ses critiques une véritable force de protestations et de conviction contre l’injustice, l’oubli et le mépris des pauvres et contre toutes les forces du mal qu’il désigne « forces d’oppression ».  Il trouve les mots justes et surtout le courage pour fustiger les insuffisances éthiques du pouvoir qui s’expriment en termes de déviation et souvent de violence et de barbarie d’Etat contre les faibles et les pauvres. Car il croit véritablement en l’homme africain, icône de Jésus-Christ. Ses dénonciations n’épargnent aucune couche de la société africaine qui opprime les pauvres et les faibles. C’est ainsi qu’il déplore les comportements de certains hommes d’Eglise plus attachés à la recherche des honneurs qu’au service et à la défense des faibles. Sa théologie s'élabore ainsi autour de ce qu'il appelle lui-même la « théologie sous l'arbre» qui est une théologie de la solidarité ecclésiale en faveur des pauvres à travers un engagement ferme dans un projet de libération en Jésus-Christ.

    Père JEAN K.

    Maître en théologie dogmatique de l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest- Unité Universitaire d’Abidjan.

     

     


    [1] Yao, ASSOGBA, Jean-Marc Ela. Le sociologue et théologien africain en boubou, Paris, L’Harmattan, 1999   p.58.  

    [2] Ibid., p.64.

    [3] Ibid.

    [4] Ibid.

    [5] Bénézet, BUJO, “Jean-Marc Ela. Champion d’une théologie sous l’arbre”, in Théologie africaine au XXIè siècle. Quelques figures, Vol II, Fribourg, Saint-Paul, 2005, p.184.

    [6]Cf. Ibid.

    [7]Cf. Ibid., p.58. Egalement, pour Engelbert MVENG, « si vraiment la Bible est bonne nouvelle de salut, la première bonne nouvelle qu’attendent les peuples opprimés, c’est d’abord l’annonce de leur libération » ; Engelbert, MVENG, Op. cit. p.28.

    [8] Jean-Marc, ELA, Repenser la théologie africaine.  Le Dieu qui libère, p.11.

    [9] Cf. Ibid.

    [10] Yao, ASSOGBA, Op. cit., p.71.

    [11]Ibid., Pour Engelbert MVENG, la théologie de la libération africaine prend en compte le « contexte historique » marqué par l’ « esclavage », la « colonisation » avec comme corollaire « la dépersonnalisation de l’homme africain » ; Cf. Engelbert MVENG, Op. cit., p.32.

    [12]Cf. Jean-Marc, ELA, « Les enjeux de la mission aujourd’hui » in Voies nouvelles pour l’évangélisation (Actes du synode de Luishia (Lubumbashi) 19-29 août 1984, pp.111-120.

    [13] Jean-Marc, ELA, Le cri de l’homme africain. Questions aux chrétiens et aux Eglises d’Afrique, p.166.

    [14]Yao, ASSOGBA, Op.cit., p.61.

    [15] Jean-Marc, ELA, art. cit., p.131.

    [16] Cf. Ibid., p.98.

     





     

     

    Le procès du siècle

    01/03/2013 00:24



    Le procès du siècle

    On l’attendait. Il est venu. Et il a eu lieu. L’audience de confirmation ou d’infirmation des charges dans l’affaire procureure contre Laurent Gbagbo à la Cour Pénale Internationale (CPI) a bel et bien eu lieu enfin. Tout le monde entier en a été inondé malgré le camouflage médiatique opéré avec dilettantisme par nos autorités. Nous avons eu l’heureuse occasion de revoir Laurent Gbagbo, calme et serein, attentif  et patient, méthodique, pédagogique et magistral. L’image a certainement frappé les chasseurs d’images et a fait le tour du monde comme celle de son humiliation le 11 avril 2011 par l’armée française et l’onuci soutenant  les rebelles d’Alassane Dramane Ouattara. Et elle est revenue sur plusieurs unes de journaux internationaux, certainement abondamment commentée par les spécialistes et les amateurs. Les lunettes d’érudit inhabituelles ne sont pas passées inaperçues. Une façon de dire qu’il domine encore intellectuellement ses adversaires, qu’il s’adapte fort bien à la situation et qu’il continue de voir l’évolution du monde; ce monde dans le tourbillon duquel le nouvel ordre mondial le confine aujourd’hui. Laurent Gbagbo était donc bel et bien présent à son audience. Celui à qui une liberté provisoire avait été méchamment et injustement refusée pour des motifs fallacieux était là. Laurent Gbagbo n’est pas un fuyard encore moins un faiblard. Les fuyards et les faiblards, on les connaît dans ce pays (ne suivez surtout pas mon regard). On l’accuse d’avoir violé, volé, massacré et tué ! Ce Laurent Gbagbo que moi je connais depuis 1988, grand démocrate doublé de tribun hors pair, appelant sans cesse le pouvoir de Houphouët et celui de Bédié à s’asseoir et à discuter, refusant publiquement l’accès au pouvoir par les armes, être accusé et traité  ainsi ! Les bras, très sincèrement, m’en tombent et je comprends que ce monde marche sur sa tête et surtout est infecté de diables et de sorciers. Cependant le procès a quand même eu lieu selon la bonne volonté de ceux qui gouvernent ce monde, financent la CPI et subséquemment lui exigent sa feuille de route et lui dictent ses pensionnaires. Vraisemblablement, ce procès est un nid de paradoxes qui sautent aux yeux mêmes des amateurs. Le premier paradoxe de ce procès du siècle, c’est qu’il met dans le box des accusés « un co-auteur indirect » ! Mais alors où sont les auteurs directs ? Eux sont miraculeusement invisibles. Comment peut-on juger un co-auteur indirect sans que l’auteur direct ne soit interpellé et inquiété outre mesure ? Le deuxième paradoxe, c’est que les victimes sont miraculeusement transformés en bourreaux et ceux-ci en victimes ! Le troisième paradoxe, les blancs ont commis une noire pour charger et incriminer sans pitié son frère. Eux, s’en lavent les mains. C’est ce schéma qui a toujours prévalu dans la relation en le blanc et le noir. Devant ce monde de savants, ces paradoxes sont possibles parce qu’il s’agit de Laurent Gbagbo, ce vilain nègre, créature du diable et descendant de Cham, qui a osé tenir tête au blanc-teint-clair, œuvre peaufinée et raffinée de Dieu, la crème de sa créature. Pour le noir, on peut tripatouiller la justice pour l’abattre. A contrario pour le blanc, il faut coûte que coûte appliquer cette même justice et surtout en sa faveur. En plus, en faisant bien le compte, fût-il macabre, des morts causés par les faits qui sont jugés, on se retrouve au plus à dix morts. Sans mépriser la mémoire de ces frères, victimes de la soif de pouvoir des nègres insatiables, on peut vraiment se demander si cela vaut la peine de remuer ciel et terre et trimbaler quelqu’un devant un tribunal. Et la mémoire des autres victimes ? Pour se référer au nombre de morts comptés par Ouattara lui-même, où sont les 2 990 autres ? Qu’est-ce que la CPI prévoit pour eux ? Les vrais crimes et victimes ne sont-ils pas ailleurs avec les vrais bourreaux ? Heureusement, nous avons encore de la bonne graine au milieu de cette grisaille internationale mafieuse, franc-maçonnique et françafricaine. Il s’agit de la défense qui tourne en bourrique ce « brouillon » et cette « revue de presse » inintelligemment concoctés par Ocampo et sa bande de procureurs payés pour ne pas faire sérieusement leur travail. Ce procès qui n’est pas juridique mais politique et donc mafieux devrait pouvoir mettre à nu la grande mascarade du monde. Ce monde injuste et dangereusement infecté d’affairistes et autres truands prêts à opprimer les pauvres pour accroître leur richesse dans leurs souffrances et leur sang. En ce sens, Laurent Gbagbo demeurera un modèle nonobstant la volonté des mafieux de la maudite communauté internationale et de leurs suppôts tropicaux de lui nuire coûte que coûte; modèle de courage et de la résistance ; modèle de l’amour et du pardon. Il est là où les méchants de ce monde l’ont mis parce qu’il n’a jamais voulu les suivre. Comme lui-même l’a soutenu au cours de cette audience, il est à la CPI parce qu’il a respecté la constitution de son pays. Il a refusé de se plier en quatre comme le font les autres sous nos tropiques ensanglantés depuis toujours pour préserver un pouvoir qui en fait n’est pas le leur et donc leur échappe visiblement. Cela lui vaut ce procès du siècle servi à toute la planète par la mafia internationale qui actionne à son profit tous les leviers de décision du monde. Mais, il n’y a pas d’injustice sans fin. Croyant, je suis fort convaincu que toute chose a une fin dans ce monde. Les forts d’aujourd’hui ne le demeureront pas éternellement. Les pauvres et les opprimés auront leur mot à dire dans l’histoire qui se joue contre eux aujourd’hui.

     

    Père JEAN K.

    perejeank@yahoo.fr

    www.perekjean.vip-blog.com





     

     

    Discours sur la Françafrique

    26/02/2013 10:57



    (Déjà paru dans le quotidien Notre voie(

    Discours sur la Françafrique

    Dans la nomenclature des discours lénifiants sur l’Afrique pour lui faire plaisir, François Hollande vient encore une fois de plus de se signaler, peut-être de la bonne manière, peut-être de la mauvaise manière, c’est selon l’angle d’attaque des analystes les plus futés dont je ne me compte pas. Sur la terre de la déportation sauvage de nos ancêtres vers les terres de l’esclavage inhumain, ce déni de l’humanité à un groupe d’êtres humains à cause de la couleur de leur peau, le « Chef des Blancs », peut-être un des petits fils d’esclavagistes, a dit haut et fort que la Françafrique est terminée, que « le temps de la Françafrique est révolu », que lui Hollande, signe son acte de décès. Je suis convaincu qu’il y a eu des applaudimètres pour saluer avec hourra la fin de ce discours brumeux. Comme il y en a eu quelques années plus tôt pour saluer celui de son prédécesseur qui a copieusement insulté les Noirs en leur disant qu’ils n’ont pas d’Histoire ou du moins qu’ils n’étaient pas encore suffisamment entrés dans l’Histoire, celle des nations civilisées, dominantes et impérialistes. Qui de Hollande et de Sarkozy a tenu le vrai et bon discours ? Je pense, moi, même sans être d’accord avec lui, que Sarkozy, devant les Noirs a été plus courageux pour leur dire en face ce qu’il pense d’eux. Quant à Hollande, la polémique suscitée par ses propos avant son voyage en Afrique sur la RDC lui a fait certainement changer le ton et l’orientation de son « discours de la méthode » pour Nègres dakarois. Pour cela, dans le souci de contenter ses contempteurs qui sont nombreux en Afrique et dans la diaspora africaine, il a choisi l’angle sensible qui ne manque pas d’intérêt général : la Françafrique. Il sait que ce sujet peut contenter, ne fût-ce qu’un instant, ceux des Africains comme moi qui sont opposés à la politique générale française en Afrique. En déclarant sans sourire que la Françafrique est bel et bien finie, Hollande croit pouvoir nous rallier et aligner à sa cause. Mais nous autres, ne sommes plus au stade des discours et des déclarations d’intentions. Nous essayons désormais de comprendre les discours venant de la France à partir des actes que posent les autorités françaises sur notre continent. Personnellement, depuis que Hollande a vaincu Sarkozy (je m’en réjouis toujours), je ne vois pas encore d’actes qui puissent me pousser à croire à une telle déclaration. Peut-être, ai-je médité, Hollande ne sait pas réellement ce que c’est que la Françafrique pour qu’il prétende déclarer sa fin à l’occasion d’un simple discours en Afrique. Qu’est-ce que la Françafrique ? La définition la plus réelle et explicite de ce concept est donnée ici dans le résumé du documentaire « Françafrique » réalisé par Patrick Benquet et Antoine Glaser. Selon eux, il y a cinquante ans, plus précisément à partir de 1960, les quatorze colonies françaises d’Afrique noire devenaient indépendantes. Mais, indépendance ne signifie pas liberté pour elles. En effet, le Général de Gaulle confie à Jacques Foccart, un sulfureux politicien français de triste mémoire, la mise en place d’un système qui vise à garder, par tous les moyens, légaux et surtout illégaux, le contrôle des anciennes colonies dont les matières premières sont vitales pour la France. C’est ce système qu’on a appelé la Françafrique. Il révèle un monde et un système secrets, très ésotériques et forcément diaboliques où en dehors de tout contrôle légal ou gouvernemental, tous les coups sont permis pour maintenir au pouvoir des chefs d’Etat africains dévoués à la France au point d’agir et d’être vus par leurs détracteurs comme des sous-préfets des présidents français et de transformer leur pays en une banlieue parisienne. C’est un monde où des sommes d’argent colossales irriguent clandestinement des réseaux d’enrichissement personnel et de financements de partis politiques français et des campagnes présidentielles, bien entendu, au détriment de millions d’Africains qui croupissent et meurent encore et toujours dans la pauvreté et la misère chroniques. Voici la Françafrique dans sa version la plus originelle. Hollande peut-il regarder droit dans les yeux des Africains non alignés pour leur cracher la fin de ce système scandaleux d’enrichissement tous azimuts de la France ? Quand on célèbre les quarante ans du franc CFA avec faste, sans aucune volonté de changer la donne, quand son ministre des affaires étrangères est un françafricain bon chic bon genre, quand l’armée française, comme la Licorne continue de narguer les Africains et les Ivoiriens, quand les entreprises françaises pillent tout en Afrique sans le moindre souci du bien-être des Africains, quand les médias français accompagnent les régimes de la dictature comme en Côte d’Ivoire sous Alassane Dramane Ouattara, quand nos palais présidentiels sont truffés de « conseillers » et d’ « experts » français souvent imposés comme en Côte d’Ivoire actuellement, quand les mallettes d’argent continuent clandestinement de sortir des palais présidentiels africains en direction des caisses et poches françaises, quand le berceau de l’humanité est déclarée par Hollande lui-même « la jeunesse du monde », quand les résolutions à l’Onu sur ses anciennes colonies sont exclusivement rédigées par la France, on ne peut pas croire à la fin de la Françafrique. On ne peut donc pas croire au « Chef des Blancs ». Visiblement, Hollande, malgré certainement ses bonnes intentions pour l’Afrique, ne maîtrise pas assez le dossier françafricain. Sait-il seulement que la fin de la Françafrique signera et signifiera aussi la fin de la néo-colonisation de l’Afrique, ce qui voudrait dire que l’Afrique reviendrait véritablement aux Africains et que la France, subséquemment, en sortirait grande perdante? Veut-il nous faire croire que la France abandonnerait nos matières premières indispensables et incontournables pour son industrie au profit de la Chine, de la Russie et des Etats-Unis ? Non, le système est trop compliqué et trop lourd pour Hollande pour qu’il rêve sa fin hic et nunc. A ce niveau, ce ne sont pas les discours qu’il faut. Ce sont des actes courageux. Or, depuis plusieurs mois qu’il est au pouvoir, Hollande demeure encore dans la sublime lignée tracée par ses prédécesseurs dont le plus nuisible pour l’Afrique reste le sieur Sarkozy. Non ! M. Hollande, le temps de la Françafrique n’est pas encore révolu. Il y a certes la France. Il y a certes l’Afrique. Mais « le partenariat entre la France et l’Afrique, avec des relations fondées sur le respect, la clarté et la solidarité » comme vous le prétendez, n’existe nulle part. Vos collaborateurs vous mentent proprement sur ce sujet. La Françafrique, dans ses ramifications les plus perverses, mystiques et nuisibles comme la mafiafrique, a encore de beaux jours devant elle. Les réseaux mafieux continueront toujours d’étrangler et d’humilier l’Afrique au profit de clans affairistes d’ici et d’ailleurs prêts à imposer leurs « bombes démocratiques ». Ce qu’il nous faut, c’est que nous Africains, devrions impérativement comprendre que l’Afrique doit nous revenir de fait comme la France est aux Français. A chacun son continent.

     

    Père JEAN K.

     

     

     





     

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