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VIP-Blog de perekjean
  • 88 articles publiés
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  • Créé le : 05/02/2013 13:43
    Modifié : 02/07/2014 22:26

    masculin (31 ans)
    Origine : Abidjan
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    La Pâques originelle

    05/04/2013 10:35



    La pâque originelle

    Comment célébrer la Pâque du Seigneur aujourd’hui dans un continent étranglé, et humilié, exploité, esclavagisé et recolonisé, meurtri et renié ? Cette question qui n’est pas seulement d’ordre théologique ou liturgique doit hanter forcément nos esprits et nos intelligences d’Africains. Pour cette pâque, les églises africaines ont fait le plein de leurs fidèles depuis le jeudi saint jusqu’au dimanche de la Résurrection en passant par la douloureuse et terrifiante journée du vendredi saint et la veillée du samedi saint. Les chrétiens africains n’ont point voulu, pour rien au monde, manquer les derniers évènements qui ont rythmé la vie de notre Seigneur Jésus-Christ. Et nous prêtres, n’avons pas manqué non plus l’occasion de ressasser nos sempiternels sermons sur l’amour du prochain, le pardon à nos bourreaux comme le Christ l’a fait sur la croix de la terreur, la réconciliation avec nos ennemis les plus jurés sans laquelle nous risquons de brûler tous comme des idiots et bien d’autres prêches de ce genre qui pour dire vrai n’intéressent plus assez nos fidèles qui nous écoutent malgré eux. Tous ces sermons de pâque réchauffés pour la circonstance manquent cruellement d’originalité parce qu’ils passent tous sur la réalité de la pâque que nous célébrons aujourd’hui. A l’origine, la pâque est une libération. En effet, pris en esclavage en Egypte par Pharaon et son peuple, Israël crie sa misère et sa désolation à Dieu. Et Dieu qui entend toujours le cri du malheureux suscite un digne fils des hébreux, Moise, pour engager le processus de libération de l’esclavage égyptien. C’est ce que fit Moise. De son côté, le Christ, nouveau Moise, en acceptant la crucifixion, se rend solidaire de tous les pauvres et de leur misère. Le faisant, il entre en opposition directe avec tous les dictateurs du monde qui oppriment, appauvrissent, exploitent et terrorisent les peuples pauvres dont la plupart se retrouvent en Afrique. Ainsi, célébrer la Pâque, fête de la libération, chez nous en Afrique aujourd’hui c’est refaire le geste de libération de Moise et de Jésus-Christ. La pâque célébrée en Afrique doit être solidaire de toute la misère qui ronge ce continent. Elle doit surtout relever et dénoncer à suffisance toutes les structures qui fabriquent les pauvres en Afrique et créent ruines et désolations. Comment annoncer le christ crucifié, mort et ressuscité dans un continent étranglé par les puissances occidentales de plus en plus barbares et avares qui appauvrissent tout un continent et y sèment les rebellions et les guerres pour assurer dans le sang leur domination sans partage du monde ? Cette question, en mon sens, doit être fondamentale pour nous Africains quand nous célébrons la Pâque de nos jours. Elle doit même être l’enjeu essentiel de notre foi africaine en ce siècle commençant. Réduire le chemin de croix du vendredi saint à un simple mime pour susciter l’émotion, les larmes et la pitié d’une foule de curieux, c’est refuser d’assumer notre responsabilité vis-à-vis de la mission de libération que le Christ confie aujourd’hui à l’Eglise africaine. On ne peut donc pas célébrer la pâque au milieu d’un peuple exploité et appauvri par le nouvel ordre mondial sans cœur pour l’Afrique et les pauvres qui y vivent sans allusion à leurs misères chroniques. Comment proclamer la résurrection de Jésus-Christ dans un pays comme le nôtre où ceux qui le gouvernent sont des hommes d’affaire beaucoup plus préoccupés par le désir de voler, de détourner et d’accumuler que de s’occuper du bien-être de ceux qu’ils disent gouverner ? Comment célébrer la pâque dans notre pays bradé et vendu à la France ? Les Ivoiriens ont faim et sont appauvris de plus en plus pendant qu’une caste embourgeoisée incompétente parvenue au pouvoir par la violence les défie chaque jour par sa haine et son mépris visiblement affichés. Nous n’avons pas besoin de dessins pour comprendre que ceux qui nous gouvernent aujourd’hui sans nous et contre nous sont là pour s’enrichir et faire plaisir à leurs amis hexagonaux qui les ont placés là. La vraie pâque en Afrique et chez nous en ces temps de douleurs et de lamentations profondes, c’est montrer au peuple le chemin de sa libération à la suite de Jésus-Christ le Libérateur. Le Christ ne nous libère pas seulement de Satan et du péché. En mourant sur la croix du Golgotha, il nous libère de nos bourreaux d’hier et d’aujourd’hui qui ont pris le visage même de Satan et du péché à travers des gouvernements installés par la France sur notre continent, assoiffés de sang, de pouvoir et de richesse au mépris et aux dépens des pauvres. Si l’Eglise d’Afrique et de chez nous veut être crédible, elle ne doit pas accompagner et se faire complice des pouvoirs qui appauvrissent et oppriment ses fidèles et le peuple. Elle doit célébrer la pâque originelle, celle qui libère de l’esclavage et de l’oppression et donne à l’homme toute sa dignité d’enfant de Dieu, créé à son image et à sa ressemblance.





     

     

    Mon homélie pour la veillée pascale 2013

    01/04/2013 19:33



    PAR SA RESURRECTION LE CHRIST NOUS LIBERE

     

         Essayons de nous souvenir des différents événements que nous venons de vivre ces jours-ci :

    • le dimanche des rameaux, le christ est entré de façon triomphale à Jérusalem, allant ainsi courageusement au-devant de sa mort. Nous-mêmes avions dans la ferveur africaine commémoré cet événement sur notre paroisse.
    • le mardi saint, autour de notre évêque, nous avions participé à la messe chrismale, au cours de laquelle les différentes huiles que l’Eglise utilise dans la liturgie et pour la sanctification de ses fidèles ont été bénites      :
    •  

         *  l’huile des catéchumènes qui servira à oindre ceux d’entre nous qui se préparent à devenir chrétiens par la catéchèse ;

        * l’huile des malades pour réconforter, soutenir et guérir ceux d’entre nous qui souffrent douloureusement dans leur corps ;

       * le Saint chrême, pour diverses bénédictions et la réception des sacrements de baptême, de la confirmation et de l’ordre ;

    - le mercredi saint, dans la ferveur et la solidarité, nous avons mis notre église en état de propreté pour célébrer les différentes festivités pascales ;

    • le jeudi saint, nous nous sommes rappelé la Cène du Seigneur, l’institution de l’Eucharistie et celle du sacerdoce.  Au cours de cette messe, des pieds ont été lavés pour nous rappeler et vivre nous-mêmes ce geste d’humilité, de service et de don de soi accompli par le Christ lui-même.
    • Le vendredi saint, avec le grand chemin de croix, la lecture de la passion du Christ et la vénération de la Croix, nous nous sommes rappelé les derniers instants de la vie du Christ ; événements douloureux auxquels nous avions participé avec foi ;
    • Aujourd’hui samedi saint, nous sommes à la veillée pascale, veillée caractérisée par le rappel incessant de la lumière et l’écoute prolongée des Ecritures. Nous  chantons et dansons la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ que la mort n’a pas retenu captif.

         Nous sommes de plain-pied dans la joie pascale joie vers laquelle ont convergé tous les jours et tous les événements dont nous venons de nous rappeler le souvenir.  

          Avec le pape Jean Paul II, disons qu’aujourd’hui, l’Eglise s’arrête près du tombeau vide, encore une fois stupéfaite. Comme Marie Madeleine et les autres femmes, venues embaumer le corps du Crucifié, comme les apôtres Pierre et Jean, accourus sur la parole des femmes, l’Eglise s’incline sur le tombeau dans lequel le Seigneur a été déposé après la crucifixion.

         Aujourd’hui, jour de la Résurrection, je fais mienne l’annonce du message céleste : « Il est ressuscité, il n’est pas ici » (Mc16, 6). Oui, la vie et la mort se sont affrontées et la Vie a triomphé pour toujours. Tout est orienté de manière nouvelle vers la vie, vers la vie éternelle !

         « L’Agneau a racheté les brebis ; le Christ innocent a réconcilié l’homme pécheur avec le Père ». Avec les armes de l’amour, Dieu a vaincu le péché et la mort. Le Fils éternel, qui s’est dépouillé lui-même pour prendre la condition du serviteur obéissant jusqu’à la mort sur la croix (Ph2, 7-8), a vaincu le mal à la racine, ouvrant aux cœurs repentants le chemin du retour au Père. Il est la Porte de la Vie qui, à Pâques, triomphe sur les portes de l’enfer. Il est la Porte du salut, grande ouverte pour tous, la porte de la divine miséricorde, qui jette une lumière nouvelle sur l’existence humaine.

         Pour mieux saisir l’importance de cet événement pascal que nous célébrons aujourd’hui même, je vous rapporte ce petit conte appris de mon grand-père : « Autrefois, la vie et la mort vivaient ensemble. Ils étaient même de grands amis, des alliés sûrs. Mais un jour, la mort, voulant supplanter la vie, la tua et l’avala net. Mais du ventre de la mort, la vie grignota, grignota, grignota la mort. Et la vie tua ainsi la mort et sortit vivante et victorieuse du ventre de la mort.»

          Ce jour est donc Jour de Pâques, Jour de la Résurrection.  Le jour où la mort a été définitivement vaincue par la vie. Et nous croyons, nous, que le Christ est vraiment ressuscité car lui qui est la vie a vaincu la mort pour toujours. Il n’a pas fait semblant de mourir et il n’a pas aussi fait semblant de ressusciter. Il est mort et ressuscité, un point un trait. Car, si nous confessons que Jésus n’est pas ressuscité, on ne peut croire en lui comme Sauveur : on peut seulement, au plus, le vénérer comme simple maître.  On peut l’évoquer mais non l’invoquer.  On peut parler de lui mais non lui parler.  On peut se le rappeler mais non l’écouter.  Si le Christ n’est pas ressuscité, ce sont les chrétiens qui le font vivre, et non lui qui les fait vivre.

         La Pâques, c’est le passage : passage de l’esclavage à la liberté, de la domination à la libération, de la mort à la vie. En tant que telle, la célébration de la Pâques nous intéresse forcément en premier lieu, Africains et Ivoiriens que nous sommes. Pourquoi ?

         D’abord, souvenons-nous du cynique esclavage égyptien imposé aux Israéliens en Egypte. Rappelons-nous la misère, le mépris, la haine, la domination et l’extermination qu’a subis ce peuple sur ordre du très célèbre Pharaon. Eh bien ! Malheureusement, aujourd’hui, les Israéliens, il y en a encore et les Pharaons pullulent dans le monde entier, toujours prêts à soumettre à l’esclavage et à la domination les peuples faibles, pauvres, les peuples sans. Ils ont crée des blocs à partir desquels ils règnent en maîtres criminels sur le monde, avec mépris, haine, domination, semant partout où ils passent misère, abomination et extermination des pauvres qui sont aujourd’hui les nouveaux Israéliens. Comme Pharaon et son clan d’autrefois, ces nouveaux Pharaons insatiables ne veulent rien laisser, ils veulent tout piller et tout prendre, ne laissant aux pauvres que guerres, misères et coups d’Etat. Tout y passe, esclavage, colonisation et néo-colonisation et les plus puissants méprisent toujours les plus faibles.  Quelle haine et quelle histoire !  

         Ensuite, souvenons-nous aussi qu’au plus fort de sa souffrance, de son drame et de son traumatisme, Israël a crié vers le Seigneur et le Seigneur a entendu son cri de détresse. Relisons avec intérêt ce passage du livre de l’Exode : le Seigneur dit à Moïse : « J’ai vu la misère de mon peuple en Egypte et je l’ai entendu crier sous les coups de ses chefs de corvées.  Oui, je connais ses souffrances.  Je suis descendu pour le délivrer de la main des Egyptiens et le faire monter de ce pays vers un bon et vaste pays, vers un pays ruisselant le lait et le miel.» (Ex3, 7).

         Ainsi, au début de la Pâques, il y a d’abord et avant tout un plan de libération de l’esclavage et de la souffrance de l’homme et des peuples et ce plan est bien orchestré par le Seigneur lui-même.  C’est pourquoi on ne peut pas célébrer la Pâques du Seigneur de nos jours en évacuant cet aspect de sa libération. Au demeurant, Pâques=Libération, qu’on le veuille ou non. Et comme Dieu regarde et voit toujours la misère de son peuple et entend ses cris de détresses et de misères, chaque Pâques célébrée, surtout dans le camp des pauvres et des maltraités est la célébration même de la libération de ces pauvres. C’est aussi et surtout leur Résurrection, c’est-à-dire un peuple qui meurt à la misère pour renaître au bonheur en Dieu, un peuple qui refuse de mourir pour embrasser une vie nouvelle suscitée par le Christ, vie nouvelle en un Dieu qui sait voir la misère et la détresse de son peuple et entendre ses cris de détresse, d’angoisse et de désolation. 

      Telle doit être aujourd’hui encore, frères et sœurs, la Pâques que nous célébrons. C’est donc une grande fête pour nous : fête des vaincus sur leurs envahisseurs, fête de la victoire sur la défaite, fête de la liberté sur la dépendance, fête de la libération sur les nouveaux types d’esclavage, fête de la vie sur la mort, fête du vrai Dieu, le Dieu de la vie sur les faux dieux, les dieux de la mort qui ne sèment que horreur, terreurs et abominations dans le camp des pauvres et dans le monde.

         C’est pourquoi, on ne peut pas célébrer cette fête de la vie, cette Pâques du Seigneur, dans le contexte actuel de notre pays sans porter un regard  serein de foi sur ce qui s’y passe. Car, malheureusement encore, cette Pâques 2013, comme les dernières, se célèbre dans une situation difficile de pauvreté qui s’accroît chaque malgré les chiffres qu’on nous communique ; une situation de tristesse angoissante, de désolation et fortement stressante. L’insécurité, nous dit-on, est galopante et c’est chaque jour que nous apprenons que d’honnêtes citoyens sont abattus froidement par des personnes en armes, incontrôlables et qui ne savent que parler le langage des armes. On ne peut pas célébrer cette fête sans passer à tous ces Ivoiriens injustement emprisonnés depuis plusieurs années et pour lesquels aucune action en justice n’est entreprise. Que la raison habite leurs geôliers. Comment peut-on aussi célébrer cette fête de pâques sans faire cas de nos frères en exile, souffrant la pauvreté, la misère et la désolation ? Pensons à ces frères torturés loin des caméras et de micros. Pensons aussi à ces familles que la pauvreté malmène chaque jour à cause de politiques dont l’essentiel consiste à enrichir ceux qui sont au pouvoir et appauvrir tous les autres. Célébrons cette pâques en pensant à notre Ecole encore entrée dans la zone rouge de la turbulence. La haine habite encore les cœurs, la course au pouvoir s’est transformée en lutte armée et impitoyable dans tous les camps, personne ne veut lâcher du lest, personne ne veut faire la passe à l’autre. La réconciliation est prise en otage.  Pendant ce temps tout le monde souffre, ou du moins, les pauvres continuent de s’appauvrir, tandis que les riches (anciens ou nouveaux) et tous ceux qui profitent des hommes au pouvoir surtout des anciens chefs de guerre devenus responsables s’engraissent davantage, vautrés dans leur salon feutré, roulant dans des voitures 4x4, tous vitres teintés, faisant ici et là des dons pour expier certainement leurs fautes. Le pays est pris en otage par des assoiffés de pouvoir qui mènent tout le peuple dans leur bateau. Les intérêts des plus forts sont mis en avant, au mépris du peuple et du pays. On ne s’intéresse à notre pays, aujourd’hui que pour son cacao, son pétrole et ses autres matières premières. Malgré tout, nous sommes officiellement reconnus pays pauvre très endetté. Et nous en sommes fiers. L’argent et le pouvoir ont aveuglé ceux qui aspirent diriger ce pays et ceux qui le dirigent déjà. L’égoïsme a envahi les cœurs, la haine a fermé la foi, le mépris du peuple a fermé les cœurs contre la raison et le bon sens. Dans tout ce boucan démocratique pour accéder au pouvoir même par les bombes et s’y installer définitivement, le peuple continue son chemin de croix malgré lui et demeure donc impuissant face aux nouveaux Pharaons de tout bord qui déploient d’énormes moyens pour le maintenir dans cet état en vue de l’exploiter davantage.  

         Frères et sœurs, aujourd’hui où nous célébrons notre Pâques, c'est-à-dire notre libération, le message de paix à porter et à proclamer haut et fort face à cette situation de misères, de déchéances et de catastrophes dans notre pays et causés par des insatiables du pouvoir, est de dire à nos « leaders » que leurs propositions ne nous intéressent point, que leurs ambitions ne sont point les nôtres, que leur combat n’est pas le nôtre car il est trop violent et égoïste et que leur comédie ne nous intéresse plus.  Tout ce qui nous intéresse, c’est qu’ils soient des leaders de paix et non des leaders armés, des chefs de bandes qui lorgnent le fauteuil présidentiel et donc prêts à se tirer dessus dès la première occasion. Le peuple a faim et veut manger dignement son pain à la sueur de son front, dans la tranquillité et la paix que lui donne le Christ ressuscité. L’argent du peuple ne circule pas. Il est injustement concentré entre les mains d’une minorité qui le dilapide et fait le boucan dans le monde entier. Chantons haut et fort à leurs oreilles que le Christ nous a libérés et donc nous ne sommes plus leurs sujets et objets d’ambition illégitime. Nous sommes libres dans le Christ, parce que nous sommes morts et ressuscités avec lui et donc que nos chers leaders avec leurs maîtres de l’extérieur nous laissent survivre. Nous voulons manger et boire dans la paix. Nous ne voulons pas mourir. Nous avons droit à la vie. Nous voulons vivre car notre foi nous intime l’ordre de vivre. Nous voulons passer de l’abîme de la mort dans lequel ils nous ont plongés à la lumière de la vie que le Christ nous communique aujourd’hui même.

          Tel est, frères et sœurs, le message de Pâques à communiquer partout dans notre pays, tout en priant pour que la raison habite chacun de nous.  Mettons-nous ensemble pour construire un pays d’amour et de paix. La haine et la vengeance ne suscitent que d’autres haines et vengeances. Comprenons que le plus fort d’aujourd’hui ne le restera pas éternellement. Alors, chers ivoiriens, chers chrétiens et fidèles de sainte Marie de Zuénoula, le message de la pâques, c’est la vie qui passe par l’amour, le pardon et la vraie réconciliation.

      

      Que le Christ, mort et ressuscité, ouvre nos cœurs et nos esprits à la raison, à l’amour, au partage, à la libération et surtout à la foi.

     





     

     

    Mon homélie du jeudi saint 2013

    01/04/2013 19:26



     

     

     

    Nous célébrons en ce jour trois événements en un seul : le lavement des pieds de ses disciples par le Christ, l’institution de l’Eucharistie et l’institution ou l’ordination des premiers prêtres de l’Alliance nouvelle par le Christ au service de l’Eucharistie.

     

    1. Le lavement des pieds

     

    L’évangéliste saint Jean qui est d’ailleurs le seul des écrivains sacrés à nous rapporter cet événement important du dernier moment de la vie de Jésus, nous dit qu’ « au cours du repas…Jésus se lève de table, quitte son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis, il verse de l’eau dans un bassin, il se met à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture ».  Encore aujourd’hui pour nous, ce geste ne nous paraît pas encore banal. Il dépasse notre entendement, notre façon de comprendre les choses et leurs logiques en tant qu’humain. Et nous nous demandons comment Dieu a-t-il pu faire cela !  Comment a-t-il pu faire cela lui dont son précurseur Jean Baptiste a dit qu’il n’est même pas digne de lui défaire les sandales des pieds ! Et le voilà lui-même en train de laver les pieds de ses disciples et de les essuyer ! Cette grande surprise passée, entrons en nous-mêmes pour découvrir la beauté, la splendeur, la clarté, la noblesse et la charité de cet acte que Jésus pose vis-à-vis de ses disciples. Le sens de l’acte que pose Jésus ici se trouve dans l’acte lui-même. En effet, Jésus s’identifie pleinement et totalement à l’homme ordinaire, c'est-à-dire à l’homme banalisé, rejeté, que personne ne se retourne pour regarder à son passage. Cet homme banalisé et rejeté, humilié et méprisé, haï et vomi même par les siens, se trouve concentré, sur notre paroisse, dans l’image et le visage de ce petit garçon de moins de dix ans que nous voyons claudiquant et quémandant notre charité à l’entrée même de notre église et qui le soir venu, se cache pour s’abriter dans nos salles ou quand cela lui est possible, dans l’église même. Ce petit garçon, c’est bel et bien Eric que nous appelons affectueusement Erico. Erico est un petit garçon qui subit cruellement dans sa chaire l’injustice de la nature, de ses propres parents et des hommes et qui est obligé, à son âge et malgré lui, de quémander sa pitance quotidienne pour survivre à la méchanceté de la nature et de l’homme. En regardant très bien le visage d’Erico, nous retrouvons facilement le résumé et le concentré de toute la misère du monde, à l’époque de Jésus comme à la nôtre. Ainsi, dans le visage d’Erico, peut-on voir clairement transparaître celui de l’aveugle mendiant, de l’infirme, du sourd muet, du possédé, en somme, tout ce que l’espèce humaine a de plus inhumain et humiliant. C’est pourquoi, pour Erico, ce n’est pas seulement les pieds qu’il faut laver mais tout le corps, ce corps frêle et inoffensif qui subit cruellement l’agression exagérée et la barbarie de la saleté et de la poubelle des hommes et de la société. Frères et sœurs, en ce jour où Jésus lave les pieds de ses disciples, je compte sur nous pour laver non pas les pieds uniquement, mais tout le corps d’Erico pour lui donner un visage humain et digne dans la ville de Zuénoula qu’il arpente et sillonne chaque jour et sur notre paroisse qu’il fréquente désormais pour avoir de quoi survivre. Car, pour Erico, la passion, le crucifiement et la mort sont quotidiens qui méritent l’égard de ses frères que nous prétendons être. En joignant cet acte du lavement d’Erico à celui du lavement des pieds de ses disciples par Jésus, comprenons que c’est l’acte ordinaire et quotidien de ces petits, ces pauvres, ces moins que rien que Jésus n’imite pas simplement mais accomplit et assume ici en lavant les pieds de ses disciples.  En plus, par ce geste banal des pauvres, des petits, des rejetés de la terre, Jésus nous donne une véritable leçon de solidarité avec tous les hommes mais particulièrement avec les pauvres et plus concrètement avec Erico: « Comprenez-vous ce que je viens de faire ? » Nous demande-t-il.  « Vous m’appelez ‘Maître’ et ‘Seigneur’, et vous avez raison, car vraiment je le suis.  Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.  C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »  Je suis allé personnellement, conduit par Erico lui-même, un enfant du reste intelligent, à la rencontre de ses parents. Ils m’ont dit, cher monsieur, ce petit n’est pas un homme, il est maudit. Il fait ses besoins dans les habits qu’on lui donne. Nous n’attendons que sa mort pour être tranquilles ou alors faites-en ce que vous-mêmes voulez! Il n’y a pas longtemps, j’ai entendu, pendant que j’étais à mon bureau, au milieu d’un groupe d’enfants de son âge, un autre enfant pleuré amèrement. Ayant reconnu la voix en détresse, j’ai accouru porter mon secours et ma solidarité. Je ne me suis pas trompé, c’était bel et bien la voix fine et inoffensive d’Erico. Je l’ai trouvé au milieu des enfants de son âge, des écoliers, en train d’être insulté et malmené par ceux-ci. Un des enfants du groupe m’a appris qu’un autre a dit à Erico qu’il était vilain et sale et qu’il devrait quitter sur leur chemin sinon il le boxerait chaque fois qu’il le verrait. Je me suis imposé à eux pour sortir Erico de l’agression et de la méchanceté de ces petits, qui certainement, reprenaient à leur profit une leçon bien apprise auprès de leur parent. De ces deux faits que j’ai vécus, j’ai compris comment les adultes et les enfants traitent leurs pauvres, ceux d’entre eux qui n’ont rien et semblent n’être rien. Aujourd’hui, avec ce lavement des pieds, Jésus nous invite à une merveilleuse solidarité fraternelle et universelle où les grands et puissants de ce monde cessent de  mépriser et d’écraser les petits, les faibles et les pauvres pour ensemble bâtir une civilisation de l’amour. Frères et sœurs, rejetons nos titres, nos grades, nos diplômes, nos fonctions et nos distinctions respectives pour entrer dans l’intimité et l’humilité  mêmes du Christ qui s’est fait serviteur et solidaire de tous.

     

    Ce matin même, à 6h30, je me rendus ici, dans le sanctuaire eucharistique pour faire mon adoration au saint sacrement. Pendant que je priais, j’entendis de petits bruits sur la porte. Comme ils étaient persistants, je vins ouvrir. A ma grande surprise, c’est Erico qui était là. Il cherchait à entrer dans l’église comme il en a désormais pris l’habitude. Ne s’entendant à voir personne dans l’église et effrayé à ma vue, il tenta de s’enfuir. Je le rassurai et lui demandai ce qu’il voulait. Il me dit : « tonton j’ai faim. Je veux manger gbofloto ». En ce jeudi saint, jour de l’Eucharistie, je compris, arrêté en face d’Erico, que personne ne doit avoir faim. En effet, je me demandai comment le Christ peut aujourd’hui même donner son corps et son sang en nourriture et en boisson pour la multitude et me retrouver en face d’un pauvre qui a faim qui plus est un petit enfant ? Je compris alors qu’il fallait donner à manger à Erico. Je ne voulus pas lui donner de l’argent pour aller acheter son gbofloto dans la rue. Et je me suis rappelé la phrase du Christ : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Ainsi, après mon adoration, je suis allé trouver l’abbé Aristide qui m’a remis deux œufs. Je les cassai et fis de l’omelette moi-même. Je coupai un long morceau de pain et les envoyai à Erico que je faisais attendre dans mon bureau. Je vis alors son visage briller et ses yeux blanchir davantage. Il se mit à manger goulument. Ce qui me marqua dans son attitude, c’est qu’Erico a insisté pour partager son pain et son omelette avec un autre petit garçon qui était avec moi. Je compris qu’Erico me rappelait que même les pauvres peuvent eux aussi partager leur pauvreté et le peu qu’ils reçoivent de la charité des autres. Après son repas, je voulus le laver et lui changer ses habits. Je fis même appel à une couturière pour prendre sa mesure et lui coudre des habits neufs pour cette journée. Mais, n’étant pas habitué à une telle attention et affection à son égard, Erico profita d’un moment d’inattention pour disparaître. Je ne le retrouvai qu’un peu plus tard.

     

    Je vous fais le récit de ce fait vécu et qui m’a profondément marqué durant cette journée pour que chacun revoie sa position vis-à-vis des déshérités. Sachons que le Christ a pris l’image des pauvres et s’est rendu solidaire d’eux. On ne peut pas être son disciple et prendre une autre voie et avoir une autre attitude envers ces individus rendus fragiles par la méchanceté des hommes et par des politiques irresponsables qui poussent les gouvernants à s’enrichir en travaillant à l’appauvrissement des plus pauvres.

     

    Reprenons en chœur ce merveilleux cantique de saint Paul aux Philippiens : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.  Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur. »

     

     

    1. L’institution de l’Eucharistie

    Au cours du même repas où il s’abaisse jusqu’à laver les pieds de ses disciples, le Christ institue l’Eucharistie, le repas de son Corps et de son Sang. Qu’est-ce alors que l’Eucharistie ? L’Eucharistie, dans sa compréhension littérale signifie « action de grâce ».  En effet, le Christ, au cours du dernier repas avec ses disciples, prit du pain, il rendit grâce et le donna à ses disciples. De même, après le repas, il prit la coupe remplie de vin, il rendit grâce et la donna à ses disciples en disant à ses disciples « Prenez et buvez-en tous… ».

    Frères et sœurs, voici comment d’un simple fait banal et culturel qu’est le repas, l’acte de manger, un fait terre à terre donc naturel, le Christ institua la plus grande richesse de toute l’Eglise et de toute l’humanité. L’Eucharistie, c’est le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus Christ. C’est la nourriture du ciel qui est tirée du fruit de la terre et du travail des hommes que sont le pain et le vin. L’Eucharistie, c’est donc le plus grand bien de l’Eglise, le don le plus précieux, le signe le plus fort, le plus grand et le plus sublime que le Christ ait laissé comme immense richesse au monde avant de passer de ce monde à son Père. Et c’est à juste titre que le pape Jean Paul II, reprenant le Concile Vatican II, a pu dire que l’Eucharistie est la source et le sommet de toute la vie de l’Eglise. C'est-à-dire tout simplement que c’est l’Eucharistie qui fonde, qui fait, qui façonne et qui tient l’Eglise. Sans elle, l’Eglise n’existerait d’aucune manière. Quel bonheur immense pour nous simples mortels que de prendre part au festin d’un mystère si grand et si glorieux! De communier au Corps et au Sang de notre Seigneur Jésus Christ !  Célébrer l’Eucharistie, c’est célébrer le Christ, c’est se mettre à son service, c’est surtout le rendre toujours présent et agissant en nous et dans l’humanité.  « Faites cela en mémoire de moi », nous a-t-il recommandé. 

    L’Eucharistie, c’est aussi le repas de communion entre les fils de Dieu. Avec ce repas et en le prenant, nous montrons aux yeux de tous que notre seul bien est le Christ. Nous nous unissons au Christ en nous unissant à nous-mêmes d’abord. Le Christ a institué l’Eucharistie dans l’amour : « Il les aima jusqu’au bout », nous dit saint Jean. Et il nous demande de perpétuer ce sacrifice dans l’amour.

     

     

    1. L’institution du sacerdoce

     

      En même temps que le Christ institue l’Eucharistie, il institue le sacerdoce et ordonne les premiers prêtres pour les mettre au service de l’Eucharistie en vue de perpétuer dans le temps ce mystère eucharistique. En instituant l’Eucharistie et le sacerdoce à la fois, le Christ rend encore plus disponibles certains de ses fidèles, à savoir les prêtres, pour agir en son nom et en sa personne. Le prêtre agit in persona Christi. 

     

    Frères et sœurs, aujourd’hui plus qu’hier, la mission du prêtre est fortement contrariée eu égard à l’évolution ultra rapide et moderne du monde. Beaucoup se demandent aujourd’hui qui est le prêtre, que fait-il, mais surtout que vaut-il ? Qui est ce monsieur à qui on doit tout donner, même payer sa propre assurance ? Je voudrais, avec ma modeste expérience de douze ans bientôt de sacerdoce, tenter de répondre à ces interrogations et préoccupations existentielles de nos frères et sœurs fidèles que vous êtes.  Pour ma part, le prêtre doit être plus que jamais et dans notre société africaine et ivoirienne d’aujourd’hui, un prophète. Le prophète dans la tradition biblique vétérotestamentaire n’est pas seulement celui qui prédit les événements à venir ou qui fabrique des guérisons. Le prophète, c’était surtout celui qui annonce, dénonce et renonce.  Mais vous me demanderiez ce que le prêtre doit annoncer, dénoncer et ce à quoi il doit renoncer. Le prophète, en tant qu’envoyé de Dieu doit annoncer le règne de Dieu. Il annonce le Royaume de Dieu. Il annonce le salut que Dieu promet à tous ceux qui croient en lui. Le prophète annonce en s’inspirant de la Parole même de Dieu. Il se fait ainsi le porte-parole, mieux le porte-voix de Dieu.  Ainsi, quand il parle et agit, il ne parle pas et n’agit pas en son nom propre mais il parle et agit au nom même de Dieu.

     

    Le prophète, en tant qu’envoyé de Dieu doit aussi dénoncer. Qu’est-ce qu’il doit dénoncer ? Le prophète doit impérativement et systématiquement dénoncer les injustices dans le monde, dans son pays et dans sa société et sa ville. Il doit dénoncer l’écrasement des pauvres et des faibles par les puissants et les forts, par les riches. Il doit dénoncer la méchanceté des riches qui oppriment et exploitent les pauvres. Dans notre société mondiale globalisée où les nations les plus riches écrasent, pillent, imposent leur dictature, maltraitent, déshumanisent et bestialisent les nations pauvres, le prophète d’aujourd’hui qui est le prêtre doit dire la Parole de Dieu en dénonçant toutes ces situations indignes qui humilient et infantilisent davantage les pauvres. Il doit le faire même au prix de sa propre vie.

     

    Le prophète, en tant qu’envoyé de Dieu doit renoncer. A quoi doit-il renoncer ?  Le prophète, qui est le prêtre d’aujourd’hui doit renoncer à tout ce qui est contraire au message de Dieu qu’il annonce. Il doit renoncer au plaisir insensé de ce monde, au confort démesuré du bien matériel.  Il doit renoncer à avoir un goût exagérément prononcé vis-à-vis des biens de ce monde. Il doit renoncer au luxe et aux affaires. Il doit accepter et pratiquer l’ascèse. Tout en étant bien dans le monde, il doit être celui qui doit apprendre à ses fidèles à se détacher des biens de ce monde qui ne sont qu’éphémères. Certes, il n’invite pas, en renonçant aux biens du monde, à la paresse et à la pauvreté. Mais au contraire, il invite les fidèles de Dieu à travailler pour développer le monde.

     

    Voici, frères et sœurs, pour ma part, le type de prêtre que la société attend du prêtre aujourd’hui. Le prêtre lui-même a-t-il les moyens spirituels, psychologiques et intellectuels pour répondre à cette exigence fondamentale et incontournable de sa mission aujourd’hui ? Quelle est l’attitude du prêtre africain et particulièrement du prêtre ivoirien dans la situation tragique que vivent l’Afrique et notre pays ? Devant ces faits excessivement graves qui portent atteinte à la dignité de l’homme africain et ivoirien, a-t-il les moyens et le courage nécessaires pour annoncer, dénoncer et renoncer ?  En un mot, le prêtre africain et ivoirien d’aujourd’hui peut-il être prophète au milieu de fidèles désemparés qui subissent directement ou non la dictature et le rattrapage des hommes au pouvoir qu’on installe à travers des bombes comme dans la plupart de nos pays africains ? Telle est ma compréhension du prêtre aujourd’hui et telle est la logique dans laquelle j’essaie personnellement d’évoluer tant bien que mal en subissant moi aussi l’interpellation des frères et sœurs qui n’ont pas encore compris notre mission dans la société.

     

    Frères et sœurs, le lavement des pieds, les institutions de l’Eucharistie et du sacerdoce, bien qu’étant des rites différents pars leur nature, sont en réalité des faits et gestes de notre foi qui ont le même objectif et doivent se comprendre de la même façon.  D’abord parce qu’ils sont des faits et gestes accomplis le même jour (le jeudi saint), au cours du même événement (le repas) et par la même personne (le Christ).  Ensuite parce qu’ils sont des faits et gestes qui expriment la même chose : le service, l’amour, l’humilité et la solidarité.  Ils sont des réalités accomplies et instituées par le Christ pour aimer et servir le peuple de Dieu. Enfin, ce sont des réalités qui nous font comprendre que notre Maitre, le Christ Jésus, est un Serviteur qui n’a jamais eu honte de sa mission de serviteur et est toujours présent au milieu de nous. Il nous invite par conséquent, surtout nous prêtres, à nous mettre résolument au service de son Peuple dans l’amour et la vérité. Nous sommes des serviteurs et non des profiteurs ou des parvenus qui cherchent à s’enrichir en profitant de la naïveté et de la peur de certains de nos fidèles que vous êtes.  Le sacrement de l’ordre que nous avons reçu nous met certainement au premier plan vis-à vis de vous, fidèles laïcs.  Il ne fait pas de nous des super hommes, encore moins des extra-terrestres. Nous devenons les gérants et serviteurs des précieux mystères de Dieu ; mystères qu’il nous a révélés par son Fils à travers les sacrements que nous célébrons avec vous et pour notre bien commun. Forts ou faibles, le seigneur nous a choisis pour nous mettre à la place où nous sommes. Nous sommes vos serviteurs malgré ce que nous sommes. Nous avons des devoirs vis-à-vis de vous : devoirs de bonne conduite, de foi, de piété, de témoignage de foi ; de vérité… et forcement nos turpitudes, nos turbulences et nos faiblesses vous éclaboussent et vous déroutent même souvent dans votre foi. Comme vous et avec vous, nous sommes nous aussi à la recherche de notre propre salut, avec ce que nous sommes et nous avons. Nous avons des efforts à faire comme vous.  Nous ne vous prêchons pas le Royaume des Cieux pour vous seulement mais aussi pour nous.  Nous ne vous ouvrons pas les portes du Royaume des cieux pour les refermer devant nous et nous ouvrir à nous-mêmes les portes de l’enfer. Aidons-nous à aller de l’avant dans l’accomplissement de notre mission au milieu de vous. Nous avons besoin de vous comme vous aussi avez besoin de nous. Nous ne sommes pas des concurrents mais des partenaires en vue du Royaume des cieux. Rencontrons-nous, parlons-nous sincèrement. Evitons les dénigrements, les histoires inventées de toute pièce pour nous salir ou nous humilier. Mettez-vous ensemble avec vos prêtres. N’ayez pas peur de les approcher. Ouvrez-leur votre cœur et ils vous ouvriront les leurs. Dans ce sens, je le répète à toutes fins utiles, les portes du presbytère vous sont grandes ouvertes. Venez nous voir, non seulement pour des motifs spirituels mais aussi pour fraterniser : boire ensemble, manger ensemble, discuter ensemble de tout et de rien. Notre presbytère n’est pas un ermitage, ce lieu isolé où vivent des personnes coupées du monde et de leurs frères et sœurs.

     

    Que Dieu nous aide à marcher ensemble, d’un même pas comme des princes vers le Royaume que son Fils a préparé pour nous.

     

     

     

     

     

     

     

    Nous célébrons en ce jour trois événements en un seul : le lavement des pieds de ses disciples par le Christ, l’institution de l’Eucharistie et l’institution ou l’ordination des premiers prêtres de l’Alliance nouvelle par le Christ au service de l’Eucharistie.

     

    1. Le lavement des pieds

     

    L’évangéliste saint Jean qui est d’ailleurs le seul des écrivains sacrés à nous rapporter cet événement important du dernier moment de la vie de Jésus, nous dit qu’ « au cours du repas…Jésus se lève de table, quitte son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis, il verse de l’eau dans un bassin, il se met à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture ».  Encore aujourd’hui pour nous, ce geste ne nous paraît pas encore banal. Il dépasse notre entendement, notre façon de comprendre les choses et leurs logiques en tant qu’humain. Et nous nous demandons comment Dieu a-t-il pu faire cela !  Comment a-t-il pu faire cela lui dont son précurseur Jean Baptiste a dit qu’il n’est même pas digne de lui défaire les sandales des pieds ! Et le voilà lui-même en train de laver les pieds de ses disciples et de les essuyer ! Cette grande surprise passée, entrons en nous-mêmes pour découvrir la beauté, la splendeur, la clarté, la noblesse et la charité de cet acte que Jésus pose vis-à-vis de ses disciples. Le sens de l’acte que pose Jésus ici se trouve dans l’acte lui-même. En effet, Jésus s’identifie pleinement et totalement à l’homme ordinaire, c'est-à-dire à l’homme banalisé, rejeté, que personne ne se retourne pour regarder à son passage. Cet homme banalisé et rejeté, humilié et méprisé, haï et vomi même par les siens, se trouve concentré, sur notre paroisse, dans l’image et le visage de ce petit garçon de moins de dix ans que nous voyons claudiquant et quémandant notre charité à l’entrée même de notre église et qui le soir venu, se cache pour s’abriter dans nos salles ou quand cela lui est possible, dans l’église même. Ce petit garçon, c’est bel et bien Eric que nous appelons affectueusement Erico. Erico est un petit garçon qui subit cruellement dans sa chaire l’injustice de la nature, de ses propres parents et des hommes et qui est obligé, à son âge et malgré lui, de quémander sa pitance quotidienne pour survivre à la méchanceté de la nature et de l’homme. En regardant très bien le visage d’Erico, nous retrouvons facilement le résumé et le concentré de toute la misère du monde, à l’époque de Jésus comme à la nôtre. Ainsi, dans le visage d’Erico, peut-on voir clairement transparaître celui de l’aveugle mendiant, de l’infirme, du sourd muet, du possédé, en somme, tout ce que l’espèce humaine a de plus inhumain et humiliant. C’est pourquoi, pour Erico, ce n’est pas seulement les pieds qu’il faut laver mais tout le corps, ce corps frêle et inoffensif qui subit cruellement l’agression exagérée et la barbarie de la saleté et de la poubelle des hommes et de la société. Frères et sœurs, en ce jour où Jésus lave les pieds de ses disciples, je compte sur nous pour laver non pas les pieds uniquement, mais tout le corps d’Erico pour lui donner un visage humain et digne dans la ville de Zuénoula qu’il arpente et sillonne chaque jour et sur notre paroisse qu’il fréquente désormais pour avoir de quoi survivre. Car, pour Erico, la passion, le crucifiement et la mort sont quotidiens qui méritent l’égard de ses frères que nous prétendons être. En joignant cet acte du lavement d’Erico à celui du lavement des pieds de ses disciples par Jésus, comprenons que c’est l’acte ordinaire et quotidien de ces petits, ces pauvres, ces moins que rien que Jésus n’imite pas simplement mais accomplit et assume ici en lavant les pieds de ses disciples.  En plus, par ce geste banal des pauvres, des petits, des rejetés de la terre, Jésus nous donne une véritable leçon de solidarité avec tous les hommes mais particulièrement avec les pauvres et plus concrètement avec Erico: « Comprenez-vous ce que je viens de faire ? » Nous demande-t-il.  « Vous m’appelez ‘Maître’ et ‘Seigneur’, et vous avez raison, car vraiment je le suis.  Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.  C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »  Je suis allé personnellement, conduit par Erico lui-même, un enfant du reste intelligent, à la rencontre de ses parents. Ils m’ont dit, cher monsieur, ce petit n’est pas un homme, il est maudit. Il fait ses besoins dans les habits qu’on lui donne. Nous n’attendons que sa mort pour être tranquilles ou alors faites-en ce que vous-mêmes voulez! Il n’y a pas longtemps, j’ai entendu, pendant que j’étais à mon bureau, au milieu d’un groupe d’enfants de son âge, un autre enfant pleuré amèrement. Ayant reconnu la voix en détresse, j’ai accouru porter mon secours et ma solidarité. Je ne me suis pas trompé, c’était bel et bien la voix fine et inoffensive d’Erico. Je l’ai trouvé au milieu des enfants de son âge, des écoliers, en train d’être insulté et malmené par ceux-ci. Un des enfants du groupe m’a appris qu’un autre a dit à Erico qu’il était vilain et sale et qu’il devrait quitter sur leur chemin sinon il le boxerait chaque fois qu’il le verrait. Je me suis imposé à eux pour sortir Erico de l’agression et de la méchanceté de ces petits, qui certainement, reprenaient à leur profit une leçon bien apprise auprès de leur parent. De ces deux faits que j’ai vécus, j’ai compris comment les adultes et les enfants traitent leurs pauvres, ceux d’entre eux qui n’ont rien et semblent n’être rien. Aujourd’hui, avec ce lavement des pieds, Jésus nous invite à une merveilleuse solidarité fraternelle et universelle où les grands et puissants de ce monde cessent de  mépriser et d’écraser les petits, les faibles et les pauvres pour ensemble bâtir une civilisation de l’amour. Frères et sœurs, rejetons nos titres, nos grades, nos diplômes, nos fonctions et nos distinctions respectives pour entrer dans l’intimité et l’humilité  mêmes du Christ qui s’est fait serviteur et solidaire de tous.

     

    Ce matin même, à 6h30, je me rendus ici, dans le sanctuaire eucharistique pour faire mon adoration au saint sacrement. Pendant que je priais, j’entendis de petits bruits sur la porte. Comme ils étaient persistants, je vins ouvrir. A ma grande surprise, c’est Erico qui était là. Il cherchait à entrer dans l’église comme il en a désormais pris l’habitude. Ne s’entendant à voir personne dans l’église et effrayé à ma vue, il tenta de s’enfuir. Je le rassurai et lui demandai ce qu’il voulait. Il me dit : « tonton j’ai faim. Je veux manger gbofloto ». En ce jeudi saint, jour de l’Eucharistie, je compris, arrêté en face d’Erico, que personne ne doit avoir faim. En effet, je me demandai comment le Christ peut aujourd’hui même donner son corps et son sang en nourriture et en boisson pour la multitude et me retrouver en face d’un pauvre qui a faim qui plus est un petit enfant ? Je compris alors qu’il fallait donner à manger à Erico. Je ne voulus pas lui donner de l’argent pour aller acheter son gbofloto dans la rue. Et je me suis rappelé la phrase du Christ : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Ainsi, après mon adoration, je suis allé trouver l’abbé Aristide qui m’a remis deux œufs. Je les cassai et fis de l’omelette moi-même. Je coupai un long morceau de pain et les envoyai à Erico que je faisais attendre dans mon bureau. Je vis alors son visage briller et ses yeux blanchir davantage. Il se mit à manger goulument. Ce qui me marqua dans son attitude, c’est qu’Erico a insisté pour partager son pain et son omelette avec un autre petit garçon qui était avec moi. Je compris qu’Erico me rappelait que même les pauvres peuvent eux aussi partager leur pauvreté et le peu qu’ils reçoivent de la charité des autres. Après son repas, je voulus le laver et lui changer ses habits. Je fis même appel à une couturière pour prendre sa mesure et lui coudre des habits neufs pour cette journée. Mais, n’étant pas habitué à une telle attention et affection à son égard, Erico profita d’un moment d’inattention pour disparaître. Je ne le retrouvai qu’un peu plus tard.

     

    Je vous fais le récit de ce fait vécu et qui m’a profondément marqué durant cette journée pour que chacun revoie sa position vis-à-vis des déshérités. Sachons que le Christ a pris l’image des pauvres et s’est rendu solidaire d’eux. On ne peut pas être son disciple et prendre une autre voie et avoir une autre attitude envers ces individus rendus fragiles par la méchanceté des hommes et par des politiques irresponsables qui poussent les gouvernants à s’enrichir en travaillant à l’appauvrissement des plus pauvres.

     

    Reprenons en chœur ce merveilleux cantique de saint Paul aux Philippiens : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.  Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur. »

     

     

    1. L’institution de l’Eucharistie

    Au cours du même repas où il s’abaisse jusqu’à laver les pieds de ses disciples, le Christ institue l’Eucharistie, le repas de son Corps et de son Sang. Qu’est-ce alors que l’Eucharistie ? L’Eucharistie, dans sa compréhension littérale signifie « action de grâce ».  En effet, le Christ, au cours du dernier repas avec ses disciples, prit du pain, il rendit grâce et le donna à ses disciples. De même, après le repas, il prit la coupe remplie de vin, il rendit grâce et la donna à ses disciples en disant à ses disciples « Prenez et buvez-en tous… ».

    Frères et sœurs, voici comment d’un simple fait banal et culturel qu’est le repas, l’acte de manger, un fait terre à terre donc naturel, le Christ institua la plus grande richesse de toute l’Eglise et de toute l’humanité. L’Eucharistie, c’est le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus Christ. C’est la nourriture du ciel qui est tirée du fruit de la terre et du travail des hommes que sont le pain et le vin. L’Eucharistie, c’est donc le plus grand bien de l’Eglise, le don le plus précieux, le signe le plus fort, le plus grand et le plus sublime que le Christ ait laissé comme immense richesse au monde avant de passer de ce monde à son Père. Et c’est à juste titre que le pape Jean Paul II, reprenant le Concile Vatican II, a pu dire que l’Eucharistie est la source et le sommet de toute la vie de l’Eglise. C'est-à-dire tout simplement que c’est l’Eucharistie qui fonde, qui fait, qui façonne et qui tient l’Eglise. Sans elle, l’Eglise n’existerait d’aucune manière. Quel bonheur immense pour nous simples mortels que de prendre part au festin d’un mystère si grand et si glorieux! De communier au Corps et au Sang de notre Seigneur Jésus Christ !  Célébrer l’Eucharistie, c’est célébrer le Christ, c’est se mettre à son service, c’est surtout le rendre toujours présent et agissant en nous et dans l’humanité.  « Faites cela en mémoire de moi », nous a-t-il recommandé. 

    L’Eucharistie, c’est aussi le repas de communion entre les fils de Dieu. Avec ce repas et en le prenant, nous montrons aux yeux de tous que notre seul bien est le Christ. Nous nous unissons au Christ en nous unissant à nous-mêmes d’abord. Le Christ a institué l’Eucharistie dans l’amour : « Il les aima jusqu’au bout », nous dit saint Jean. Et il nous demande de perpétuer ce sacrifice dans l’amour.

     

     

    1. L’institution du sacerdoce

     

      En même temps que le Christ institue l’Eucharistie, il institue le sacerdoce et ordonne les premiers prêtres pour les mettre au service de l’Eucharistie en vue de perpétuer dans le temps ce mystère eucharistique. En instituant l’Eucharistie et le sacerdoce à la fois, le Christ rend encore plus disponibles certains de ses fidèles, à savoir les prêtres, pour agir en son nom et en sa personne. Le prêtre agit in persona Christi. 

     

    Frères et sœurs, aujourd’hui plus qu’hier, la mission du prêtre est fortement contrariée eu égard à l’évolution ultra rapide et moderne du monde. Beaucoup se demandent aujourd’hui qui est le prêtre, que fait-il, mais surtout que vaut-il ? Qui est ce monsieur à qui on doit tout donner, même payer sa propre assurance ? Je voudrais, avec ma modeste expérience de douze ans bientôt de sacerdoce, tenter de répondre à ces interrogations et préoccupations existentielles de nos frères et sœurs fidèles que vous êtes.  Pour ma part, le prêtre doit être plus que jamais et dans notre société africaine et ivoirienne d’aujourd’hui, un prophète. Le prophète dans la tradition biblique vétérotestamentaire n’est pas seulement celui qui prédit les événements à venir ou qui fabrique des guérisons. Le prophète, c’était surtout celui qui annonce, dénonce et renonce.  Mais vous me demanderiez ce que le prêtre doit annoncer, dénoncer et ce à quoi il doit renoncer. Le prophète, en tant qu’envoyé de Dieu doit annoncer le règne de Dieu. Il annonce le Royaume de Dieu. Il annonce le salut que Dieu promet à tous ceux qui croient en lui. Le prophète annonce en s’inspirant de la Parole même de Dieu. Il se fait ainsi le porte-parole, mieux le porte-voix de Dieu.  Ainsi, quand il parle et agit, il ne parle pas et n’agit pas en son nom propre mais il parle et agit au nom même de Dieu.

     

    Le prophète, en tant qu’envoyé de Dieu doit aussi dénoncer. Qu’est-ce qu’il doit dénoncer ? Le prophète doit impérativement et systématiquement dénoncer les injustices dans le monde, dans son pays et dans sa société et sa ville. Il doit dénoncer l’écrasement des pauvres et des faibles par les puissants et les forts, par les riches. Il doit dénoncer la méchanceté des riches qui oppriment et exploitent les pauvres. Dans notre société mondiale globalisée où les nations les plus riches écrasent, pillent, imposent leur dictature, maltraitent, déshumanisent et bestialisent les nations pauvres, le prophète d’aujourd’hui qui est le prêtre doit dire la Parole de Dieu en dénonçant toutes ces situations indignes qui humilient et infantilisent davantage les pauvres. Il doit le faire même au prix de sa propre vie.

     

    Le prophète, en tant qu’envoyé de Dieu doit renoncer. A quoi doit-il renoncer ?  Le prophète, qui est le prêtre d’aujourd’hui doit renoncer à tout ce qui est contraire au message de Dieu qu’il annonce. Il doit renoncer au plaisir insensé de ce monde, au confort démesuré du bien matériel.  Il doit renoncer à avoir un goût exagérément prononcé vis-à-vis des biens de ce monde. Il doit renoncer au luxe et aux affaires. Il doit accepter et pratiquer l’ascèse. Tout en étant bien dans le monde, il doit être celui qui doit apprendre à ses fidèles à se détacher des biens de ce monde qui ne sont qu’éphémères. Certes, il n’invite pas, en renonçant aux biens du monde, à la paresse et à la pauvreté. Mais au contraire, il invite les fidèles de Dieu à travailler pour développer le monde.

     

    Voici, frères et sœurs, pour ma part, le type de prêtre que la société attend du prêtre aujourd’hui. Le prêtre lui-même a-t-il les moyens spirituels, psychologiques et intellectuels pour répondre à cette exigence fondamentale et incontournable de sa mission aujourd’hui ? Quelle est l’attitude du prêtre africain et particulièrement du prêtre ivoirien dans la situation tragique que vivent l’Afrique et notre pays ? Devant ces faits excessivement graves qui portent atteinte à la dignité de l’homme africain et ivoirien, a-t-il les moyens et le courage nécessaires pour annoncer, dénoncer et renoncer ?  En un mot, le prêtre africain et ivoirien d’aujourd’hui peut-il être prophète au milieu de fidèles désemparés qui subissent directement ou non la dictature et le rattrapage des hommes au pouvoir qu’on installe à travers des bombes comme dans la plupart de nos pays africains ? Telle est ma compréhension du prêtre aujourd’hui et telle est la logique dans laquelle j’essaie personnellement d’évoluer tant bien que mal en subissant moi aussi l’interpellation des frères et sœurs qui n’ont pas encore compris notre mission dans la société.

     

    Frères et sœurs, le lavement des pieds, les institutions de l’Eucharistie et du sacerdoce, bien qu’étant des rites différents pars leur nature, sont en réalité des faits et gestes de notre foi qui ont le même objectif et doivent se comprendre de la même façon.  D’abord parce qu’ils sont des faits et gestes accomplis le même jour (le jeudi saint), au cours du même événement (le repas) et par la même personne (le Christ).  Ensuite parce qu’ils sont des faits et gestes qui expriment la même chose : le service, l’amour, l’humilité et la solidarité.  Ils sont des réalités accomplies et instituées par le Christ pour aimer et servir le peuple de Dieu. Enfin, ce sont des réalités qui nous font comprendre que notre Maitre, le Christ Jésus, est un Serviteur qui n’a jamais eu honte de sa mission de serviteur et est toujours présent au milieu de nous. Il nous invite par conséquent, surtout nous prêtres, à nous mettre résolument au service de son Peuple dans l’amour et la vérité. Nous sommes des serviteurs et non des profiteurs ou des parvenus qui cherchent à s’enrichir en profitant de la naïveté et de la peur de certains de nos fidèles que vous êtes.  Le sacrement de l’ordre que nous avons reçu nous met certainement au premier plan vis-à vis de vous, fidèles laïcs.  Il ne fait pas de nous des super hommes, encore moins des extra-terrestres. Nous devenons les gérants et serviteurs des précieux mystères de Dieu ; mystères qu’il nous a révélés par son Fils à travers les sacrements que nous célébrons avec vous et pour notre bien commun. Forts ou faibles, le seigneur nous a choisis pour nous mettre à la place où nous sommes. Nous sommes vos serviteurs malgré ce que nous sommes. Nous avons des devoirs vis-à-vis de vous : devoirs de bonne conduite, de foi, de piété, de témoignage de foi ; de vérité… et forcement nos turpitudes, nos turbulences et nos faiblesses vous éclaboussent et vous déroutent même souvent dans votre foi. Comme vous et avec vous, nous sommes nous aussi à la recherche de notre propre salut, avec ce que nous sommes et nous avons. Nous avons des efforts à faire comme vous.  Nous ne vous prêchons pas le Royaume des Cieux pour vous seulement mais aussi pour nous.  Nous ne vous ouvrons pas les portes du Royaume des cieux pour les refermer devant nous et nous ouvrir à nous-mêmes les portes de l’enfer. Aidons-nous à aller de l’avant dans l’accomplissement de notre mission au milieu de vous. Nous avons besoin de vous comme vous aussi avez besoin de nous. Nous ne sommes pas des concurrents mais des partenaires en vue du Royaume des cieux. Rencontrons-nous, parlons-nous sincèrement. Evitons les dénigrements, les histoires inventées de toute pièce pour nous salir ou nous humilier. Mettez-vous ensemble avec vos prêtres. N’ayez pas peur de les approcher. Ouvrez-leur votre cœur et ils vous ouvriront les leurs. Dans ce sens, je le répète à toutes fins utiles, les portes du presbytère vous sont grandes ouvertes. Venez nous voir, non seulement pour des motifs spirituels mais aussi pour fraterniser : boire ensemble, manger ensemble, discuter ensemble de tout et de rien. Notre presbytère n’est pas un ermitage, ce lieu isolé où vivent des personnes coupées du monde et de leurs frères et sœurs.

     

    Que Dieu nous aide à marcher ensemble, d’un même pas comme des princes vers le Royaume que son Fils a préparé pour nous.

     

     

     

     

     

                                                                                

     

     

                                                                                

     

     





     

     

    insi va l'Afrique

    28/03/2013 23:40



    Ainsi va l’Afrique

    Pour aller dans le même sens que l’ami Théophile Kouamouo, je ne serai jamais de ceux qui pleurent Bozizé. D’ailleurs, mérite-il d’être pleuré ? Je garde mes larmes et je pleure pour les dignes fils d’Afrique maltraités, malmenés et humiliés par le nouvel ordre mondial. L’Afrique s’est encore réveillée cette semaine avec un coup d’Etat dans son assiette démocratique. En effet, celui qui en Centrafrique a pris les armes pour s’imposer et se faire roi s’est vu arracher sa couronne par un autre plus fort. Dans cette jungle démocratique africaine, la loi du plus fort est toujours la meilleure. Et les armes garantissent toujours l’accès au pouvoir.  Ce ne sont pas nos dirigeants d’Abidjan qui nous diront le contraire. La règle est éternelle. Et l’histoire ne ment jamais. Celui qui arrive au pouvoir par les armes doit toujours savoir le sort qui l’attend à court, moyen ou long terme. Ce n’est pas le temps qui compte mais plutôt les moyens de partir. En s’alliant à la France, à la françafrique et à la franc-maçonnerie pour dégager Patassé il y a dix ans, Bozizé, dans sa tour d’ivoire françafricaine, et noyé dans le franc Cfa, avait oublié cette règle d’or : aujourd’hui pour toi demain pour l’autre. Il croyait qu’il avait des alliés qui le surveillent et le protègent et prêts à le défendre. Il a royalement ignoré qu’avec la France, la franc-maçonnerie, la françafrique et le franc cfa, il n’y a pas de cœur, donc pas de pitié surtout là où l’on flaire l’odeur du pétrole, cet or maudit, source de notre galère. Au-delà de tout cela, ce que nous devons retenir, c’est que l’Afrique reste l’Afrique : continent malmené, humilié, méprisé, surexploité, étranglé, pillé…Ainsi va l’Afrique dans sa posture éternelle et…démocratique. D’ailleurs, beaucoup s’y complaisent. Pour eux, les lignes ne doivent jamais bouger. Ceux-là, on les trouve aussi bien en Afrique qu’en Occident. Ceux qui nous gouvernent aujourd’hui dans notre pays sont en tête de ce groupe. Avec eux, notre continent sera toujours à la traine : champion de la pauvreté, de la misère, du sida, de la guerre, des coups d’Etat, des famines, continent pauvre et très endetté. Ainsi va l’Afrique avec ses dirigeants incapables de porter l’espérance d’un peuple assoiffé de développement et de mieux-être dont les dirigeants ne se préoccupent que de leur propre ventre et nombril et ceux de leurs clans de rattrapés. Le regard du blanc sur le noir pourrait-il positivement évoluer un jour quand des ignares, par la force des armes, s’installent sans scrupule à la tête des Etats africains pour les piller systématiquement avec la complicité de ce même blanc ? Si je ne pleure pas Bozizé je n’applaudis pas non plus ce guérillero de Djotodia qui s’est autoproclamé « président ». Les Soro Guillaume et autres continuent de faire des émules en Afrique. Même s’il n’est pas encore parvenu à l’objectif de sa « lutte », il n’en est pas loin, pour le malheur des Ivoiriens et des Africains. Bravo à la sainte « Communauté internationale » qui « condamne » les coups d’Etat. La logique en Afrique est toujours la même : « un coup d’Etat condamné » en cache un autre qui sera lui aussi condamné. On condamne le jour, la nuit on creuse le pétrole. On te soutient aujourd’hui, on te lâche demain. C’est aussi la loi du marché. Ceux qui croient aujourd’hui être aimés par la Sulfureuse doivent, avec le malheur de Bozizé, revoir leur théorie démocratique au bord de la lagune ébrié. Le meilleur soutien, c’est son peuple et sa politique. Hollande a été clair et précis: la France défend ses ressortissants et ses intérêts en Afrique et non des parvenus.

    Je souhaite une très bonne fête de Pâques à toute la rédaction de Notre voie et à tous nos lecteurs. Que le Christ ressuscite dans nos cœurs et qu’il vous bénisse.

     

    Père JEAN K.

    perejeank@yahoo.fr

    www.perekjean.vip-blog.com





     

     

    Homélie pour les rameaux

    25/03/2013 01:43



    La mort de Jésus, une affaire de méchanceté et de sorcellerie des   hommes

     

         Avec la passion du Christ, telle qu’elle s’est déroulée et que nous venons de relire, nous sommes entièrement et de plain-pied au cœur de la méchanceté et de la sorcellerie de l’homme. Ce Christ que tout le monde a vu en train de faire du bien aux hommes en les nourrissant, les guérissant et les enseignant,  ce Christ dont des foules ont chanté les louanges et la gloire, ont admiré la prodigalité et la générosité, le voilà aux prises avec l’homme, subissant cruellement sa haine et son mépris.

          Dans la passion de Jésus, arrêtons-nous un instant sur la foule qui le livre à Pilate. C’est une foule immense, bigarrée, surexcitée, surchauffée qui veut en finir une bonne fois pour toutes avec celui qui prétend être Dieu, cet imposteur. Dans cette foule, nous pouvons compter aussi bien ceux qui n’avaient jamais rencontré Jésus que ceux qui ont profité de ses gestes d’amour et de générosité. Ainsi, ne soyons point surpris de pouvoir voir dans cette foule pleine de haine, la femme souffrant d’hémorragie et guérie par Jésus, la fillette rappelée à la vie par Jésus, les deux aveugles qui avaient crié à Jésus «Aie pitié de nous, Fils de David » et que Jésus a guéris, le possédé muet guéri par Jésus et qui a suscité l’émerveillement de la foule, l’homme à la main paralysée guéri par Jésus le jour du sabbat, une bonne partie des cinq mille hommes nourris par Jésus, le sourd-muet guéri par Jésus en mettant les doigts dans ses oreilles et en crachant et touchant sa langue, l’aveugle Bartimée, le fils de Timée, l’aveugle de Jéricho que le Christ a sorti des ténèbres du bord de la route pour le placer sur la route ; dans cette foule haineuse, on peut y trouver la fille de Jaïros à qui Jésus a redonné la vie. 

         Nous pouvons constater que de la mort de Jésus, ne sont pas comptables seulement et uniquement les scribes et les pharisiens, Judas et Pilate. C’est un vaste complot ourdi par tous y compris son entourage le plus immédiat qui a profité directement de ses miracles et de ses largesses. Tous, sans exception, ont taclé Jésus.  Ils l’ont poignardé dans le dos. Toute cette bande joyeuse suivait Jésus. Elle l’acclamait et l’exaltait avec pagnes, rameaux, branches, cors et grelots. Elle chantait et glorifiait même ses louanges et actions d’éclats. A la fin, cette bande joyeuse s’est transformée et s’est transmuée en bande haineuse, méprisante et meurtrière. Elle a transformé ses rameaux, ses pagnes, ses branches, ses cors et grelots en haches, gourdins, poignards, sifflets, canons, kalaches et croix contre Jésus.

         Comment comprendre cela ? L’entrée triomphale s’est transformée en cauchemar, en misère et en calvaire pour Jésus. C’est une véritable affaire de jalousie et de sorcellerie de l’homme. 

         Tous étaient jaloux de lui : jaloux de sa divinité (Il était le fils de Dieu et il ne le cachait pas), ils étaient jaloux de son courage et de ses vérités (Il disait la vérité partout et à tous, sans peur), jaloux de ses miracles (Il redonnait la vie même à des morts) et jaloux de sa liberté (Il n’était pas esclave de la loi et refusait de se soumettre aux volontés des scribes, pharisiens et roi de son époque). La méchanceté et la jalousie des hommes les ont poussés à commettre ce crime crapuleux : tuer Dieu !  Or donc, depuis longtemps l’homme est jaloux et méchant. Dieu lui-même a fait l’expérience de la méchanceté, de la jalousie et de la cruauté de l’homme. Dieu a payé cash ce que l’homme a de plus vilain et de plus laid en lui à savoir la jalousie et la méchanceté qui se transforment en cruauté et en meurtre.            

         Malheureusement, malgré le temps, l’homme demeure méchant, jaloux, cruel et criminel. Ces vilains sentiments continuent d’envahir et de posséder le cœur et l’esprit de l’homme. Ah qu’est-ce que l’homme est foncièrement méchant, jaloux et criminel ! Il ne nous a pas suffi de tuer Dieu. Il faut que maintenant nous exterminions le genre humain, que nous prenions en partie l’homme. Nous souffrons nous-mêmes de nos propres méchancetés, jalousie et cruauté. Car, comme le Christ, la même bouche qui crie vive le roi de l’univers est cette même bouche qui scande : A bas un tel ! A mort un tel! Tuez un tel ! Enterrez-le !  La même bouche qui crie aujourd’hui M. le Président vous êtes notre Dieu, est la même bouche qui criera demain dégagez M. le président ! Mais entre nous, pourquoi faut-il que nous soyons jaloux, méchants vis-à-vis des uns et des autres ?  Pourquoi faut-il que nous soyons là à nous torpiller, à nous épier et à se traquer sans cesse ?  En quoi la vie de l’autre nous intéresse tant pour que nous le livrions à la vindicte populaire ? Que nous soyons à ses trousses ? Où que nous racontions des méchancetés sur lui ? Pourquoi ne pas faire l’effort de s’aimer pendant qu’il est encore temps ?

          De toute part l’homme subit douloureusement la méchanceté et la jalousie des hommes. L’homme n’aime pas l’homme. (Les jeunes disent les gens n’aiment pas les gens).  Et comme le Christ, l’homme fait amèrement l’expérience des propos du psalmiste « Si l’insulte me venait d’un ennemi, je pourrais l’endurer ; si mon rival s’élevait contre moi, je pourrais me dérober.  Mais toi, un homme de mon rang, mon familier, mon intime !  Que notre entente était bonne quand nous allions d’un même pas dans la maison de Dieu ! » (Ps 54, 13-15).  Comme quoi, frères et sœurs, l’ennemi n’est jamais loin. Il est toujours proche, tapi dans l’ombre. Tu crois qu’il est ton frère, ta sœur. Tu l’appelles même ainsi. Mais c’est un ennemi juré, impitoyable, caché et masqué qui n’osera jamais se dévoiler ou se révéler. Quand il te voit, son visage est souriant et rayonnant. L’éclat de ses dents devient plus vif et davantage attrayant et séduisant. Il transpire même pour toi à grosses gouttes pour te rendre un service même inattendu. Mais quand tu n’es pas là, il te plante un poignard dans le dos, sèchement et lâchement, signe de sa lâcheté. Comme tous les lâches, il agit dans l’ombre. Il peut être ton propre frère, ton chef d’état-major, le chef de l’armée. Il peut-être aussi ton gardien, ton chauffeur, ton cuisinier ou ta cuisinière, ta servante. Il peut être celui que tu crois être ton meilleur ami ou même ta meilleure moitié. Il vaut mieux peut-être avoir et aimer ses ennemis que de chercher des amis. Avec l’ennemi, nous savons au moins qui nous sommes car il nous le dit en toute sincérité et en face de nous même s’il le fait méchamment. Mais avec celui qui prétend être notre ami, nous ne saurions jamais rien de nous.  Car l’ami n’est pas courageux pour nous dire ce que nous sommes. Comme Judas, il nous épie et nous livre à nos bourreaux dès qu’il en a la possibilité. L’ami est toujours celui qui nous livre. C’est lui qui dit des méchancetés sur nous.  C’est celui qui raconte tout sur celui dont il prétend être l’ami. L’ami est le plus méchant des hommes. L’ami n’aime pas l’ami. 

         On peut essayer de comprendre la méchanceté de l’être humain en général.  Mais il nous sera toujours difficile de comprendre la méchanceté et la jalousie du chrétien. Comment le chrétien peut-il haïr jusqu’à mourir son prochain alors que le message du Christ qu’il lit et écoute est un message d’amour de ce prochain ?  Comment le chrétien peut-il épier, torpiller, diffamer, salir et traquer méchamment et sans aucune preuve son prochain ?  Qui est sans péché pour que la vie des autres l’intéresse tant ?  Rappelons-nous la scène de la femme adultère de l’Evangile de dimanche dernier.  « Que celui qui est sans péché lui lance la première pierre ».  Mais il ne s’est trouvé personne pour lui lancer cette première pierre. Au contraire, nous dit saint Jean, ils s’en sont allés, presque en fuyant, à commencer par les plus vieux.     

         Tous pécheurs que nous sommes, mettons-nous ensemble pour nous convertir.  Aidons l’autre à sortir de son péché si nous sommes convaincus qu’il a péché.  Ce sera la meilleure façon de l’aider. Soyons indulgents et bienveillants, compréhensifs et tolérants, charitables et miséricordieux vis-à-vis de l’autre. Ne jugeons pas et ne condamnons pas trop vite et trop facilement, sans preuves, avec seulement pour souci de nuire au prochain, de lui faire mal.

         Si dans notre pays, nos dirigeants comprennent cela, notre processus de réconciliation ne sera plus un simple slogan pour gouverner tranquillement et laisser le temps aux autres de piller sans cesse nos richesses. Mais nous avons fait de notre processus de réconciliation un panier à crabes et un fourre-tout. Chacun y trouve à manger et à boire. Nous emprisonnons nos adversaires politiques ? C’est en vue de la réconciliation. Nous traquons ceux qui ne sont pas du même camp politique que nous ? C’est pour la réconciliation. Nos adversaires politiques sont en prison et torturés? C’est aussi pour la réconciliation. On promeut et protège ceux de notre camp qui ont eux aussi volé, pillé et tué ? C’est aussi pour la réconciliation. On écarte d’autres partis politiques des élections à venir ? C’est toujours en vue de la réconciliation. On coupe le salaire des fonctionnaires parce qu’ils ont grevé ? C’est normal, car comme dit la chanson, si tu n’as pas travaillé tu n’as pas droit au salaire ; mais dans notre cas, c’est surtout et toujours pour le processus de la réconciliation que ce salaire est coupé. Si la vie est de plus en plus chère et que le panier de la ménagère s’est transformé en sachet, ça aussi c’est pour la réconciliation. Notre processus de réconciliation est devenu un immense supermarché où chacun y vient faire sans difficultés ses emplettes à peu de frais.

         Je propose, frères et sœurs, que pendant cette semaine sainte que nous commençons aujourd’hui même, chacun fasse l’effort de rentrer en soi-même pour voir ce qu’il est en vérité. Donc pendant cette semaine sainte, que personne ne dise rien sur la vie des autres, mais plutôt qu’il dise tout sur lui-même. Ce sera notre dernier effort de carême pour cette année.  Je décrète donc un embargo total sur les critiques acerbes et méchantes déversées sur la vie des autres. Retournons ces critiques contre nous-mêmes en vue seulement de notre propre conversion. La seule et unique démarche que nous devons entreprendre envers l’autre pendant cette semaine sainte doit être une démarche d’amour et de paix. Si ce n’est pas cela, il faut obligatoirement s’abstenir de tout propos contre l’autre, il faut absolument se taire sur la vie de l’autre.  Dieu nous en revaudra. Le Christ notre Seigneur nous paiera au centuple.

              Demandons-lui, pour ce temps de carême qui reste d’être des modèles en paroles et en amour.





     

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