Boutade et Kalachnikov
Deux faits ont retenu mon attention cette semaine auxquels je consacre ma réflexion de ce week-end. Il s'agit de la «boutade» de François Hollande contre l'Algérie et de la mort de l'inventeur de la Kalachnikov.
Le peuple algérien et ses responsables ont eu un drôle de cadeau de Noël de la part de l’Élysée et par la bouche de son chef Hollande. La nouvelle a fait le tour du monde particulièrement dans les médias et les milieux diplomatiques. En fait, ce que l’Élysée qualifie diplomatiquement et avec mépris de «boutade» n'en est pas une. Cette façon de faire est symptomatique de la manière dont la France officielle considère et traite depuis toujours l'Afrique et ses dirigeants en dehors des micros. Quand régulièrement nous disons que la France n'aime l'Afrique et ses dirigeants que parce qu'ils l'aident à piller davantage ses ressources, il se trouve encore d'autres qui nous traite d'aigris. Dans cette affaire de «boutade» mal digérée par Alger, nous devons y voir une fois de plus le mépris que la France a pour les États africains et leurs institutions. Sinon, de tels propos n'auraient jamais été tenus envers un pays responsable et souverain. En effet, demander à son ministre s'il est rentré «sain et sauf» de l’Algérie qui n'est pourtant pas à feu et à sang comme le sont la Centrafrique, le Mali et le Soudan du sud aujourd'hui, c'est se moquer et mépriser les Algériens et leurs institutions. C'est dans le pire des cas souhaiter ce triste sort à l'Algérie alors qu'il y a seulement quelques jours Hollande a lui même rassemblé ses sous préfets pour leur donner un cours magistral de «défense» et de «sécurité» africaines. Hollande voulait signer des accords d'intérêts économiques avec Alger. Cela a été fait, et bien fait par son ministre rentré «sain et sauf». Cela lui suffit. Il ne peut que, pour la suite, se moquer d'un peuple devant caméras et micros sous les rires approbateurs de ses ministres et du reste de son auditoire complices de tels propos. Face aux «réactions» algériennes, on nous dit que le sieur Hollande, dans un communiqué, a exprimé ses «sincères regrets pour l'interprétation qui est faite de ses propos et en fera directement part au président Boutéflica»! Il est clairement dit ici que Hollande ne regrette pas ses propos. Il regrette et s'en prend plutôt aux interprétations faites de ses propos! C'est le comble. Même si nous devons comprendre la facilité avec laquelle les autorités algériennes ont accepté ce regret spécial de l’Élysée, on doit aussi comprendre que Hollande ne regrette point sa «boutade». Pour lui cela est normal de parler ainsi d'un pays que la France n'a pas pu mettre sous sa coupe comme la Côte d'Ivoire et ses autres colonies. Il peut même reprendre ses mêmes propos à l'encontre d'autres pays et de leurs institutions – Comme il le fait d'ailleurs bien souvent à la suite de ses prédécesseurs. Ce «dérapage verbal» méprisant traité à Alger de «Hollânerie» doit faire réfléchir des chefs d’État comme le nôtre qui préfèrent faire la courbette à Élysée plutôt que de respecter et de lutter pour la promotion, la dignité et l'honneur de leur peuple pris dans l'engrenage de la pauvreté et de la misère. L'«Hollânerie» fait partie intégrale du programme de l’Élysée pour l'Afrique et ses chefs. Souvent les discours officiels le montrent bien quoique subrepticement. C'est de cette façon que la France officielle traite l'Afrique et les Africains dans les coulisses, les salons de thé et les salles à manger de l’Élysée et de temps en temps publiquement comme la dernière fois. Comme toujours, il revient aux Africains de prendre leur responsabilité pour se faire respecter.
L'autre actualité qui a fait aussi le tour du monde est la mort, à 94 ans, de Mikhaïl Kalachnikov, le Russe inventeur du mystérieux fusil d'assaut qui porte son nom: Kalachnikov ou Avtomat Kalachnikov 1947 ou encore AK-47. Les spécialistes disent que ce fameux fusil a été fabriqué à plus de cent millions d'exemplaires qui courent encore dans le monde et ses maquis. Faut-il être fier ou triste de la mort du père kalachnikov? Chacun donnera sa réponse en scrutant son âme et sa conscience. L'intéressé lui-même dit qu'il préférerait avoir inventé une tondeuse pour faciliter le travail des paysans: « Je suis fier, dit-il, de mon invention mais triste qu'elle soit utilisée par des terroristes »! Personnellement, je soutiens qu'une telle invention fait partie des échecs de la science moderne. Inventer une arme pour éliminer l'espèce humaine, c'est être contre la volonté de Dieu de protéger cette espèce humaine, fruit de sa création. La horde de rebelles qui ont envahi notre pays et qui se pavanent au sommet de l'Etat aujourd’hui, tous les autres rebelles que regorgent le monde aujourd'hui, ont pour arme d'assaut principal et comme voie unique d'expression cette fameuse kalachnikov. J'ai vu ces rebelles ivoiriens manipuler cette arme pour tuer les hommes, les femmes et les enfants. J'ai aussi vu des gamins les manipuler et tuer leurs aînés. Moi-même, cette arme a été pointée sur moi quand les rebelles ont envahi Daloa en 2011. fort malheureusement la kalachnikov est aujourd'hui le moyen d'enrichissement rapide surtout en Afrique. J'en veux pour preuve les Soro et autres qui l'ont préférée aux livres et stylos et qu'on compte aujourd'hui parmi les plus riches de la planète qui défient et narguent nos universitaires. Cette triste arme est tristement le gagne-pain de beaucoup d'Africains et Ivoiriens aujourd'hui. Beaucoup rêvent d'en posséder par tous les moyens pour donner un sens à leur vie.
Peut-on être fier d'avoir inventé une telle chose affreuse et abominable? Peut-on être fier de mourir à 94 ans quand notre invention a mis fin à la vie de nombreux enfants qui n'avaient pas encore un an? Doit-on célébrer une telle invention et son initiateur ou au contraire devait-on en avoir grande honte? Il y a des inventions qui doivent faire honte à l'humanité quel que soit leur haut degré de génie. L'intelligence humaine ne doit pas aller contre la vie et l'espèce humaines. Au contraire elle doit les promouvoir et les protéger. La kalachnikov s'oppose et défie la «civilisation de l'amour» chère à Jean-Paul II. Elle défie l'amour et contribue à l'extermination du genre humain. Elle sonne guerre, misère, galère, coups d’État, rébellion, braquage.
Si Mikhaïl Kalachnikov est mort, pourquoi ne pas profiter pour faire disparaître sa triste invention avec lui?