Une jeunesse toujours debout
Le patriotisme a-t-il changé de camp ou n’a-t-il plus d’intérêt pour ceux qui l’assumaient et le défendaient naguère? Ce des questions que je me suis maintes fois posées dans cette même rubrique. En effet, en regardant et analysant de très près le comportement de la jeunesse après l’installation au pouvoir d’Alassane Dramane Ouattara par les « bombes démocratiques » sarkozistes, en notant la grande répression qui s’abat toujours sur les dignes partisans du Président Laurent Gbagbo, injustement détenus dans les centres de concentration érigés dans tout le pays par un pouvoir dictatorial sans cœur, sans foi ni loi, j’ai conclu, peut-être dans la précipitation, que le patriotisme avait changé de camp et que ces mêmes jeunes qui avaient bravé les chars de la Licorne se terrent pitoyablement aujourd’hui devant les Kalaches des FRCI et dozos ignares. Je n’avais pas compris qu’une jeunesse digne et engagée était née en Côte d’ivoire sous Gbagbo qui est toujours prête à braver l’adversité pour bander les muscles face à ses oppresseurs, bourreaux et tortionnaires. Le rendez-vous de ce 16 février me ramène à l’histoire authentique de la jeunesse ivoirienne. Cette jeunesse qui a toujours su braver l’adversité pour défendre ses causes et celles de son pays. La jeunesse ivoirienne digne n’est donc pas morte, loin s’en faut. On a tenté de la museler et de la tuer mais elle résiste au cauchemar et au traumatisme de ses bourreaux. En renaît de ses cendres démocratiques et patriotiques. En se donnant ce grand rendez-vous de ce samedi, la jeunesse ivoirienne veut dire au pouvoir et à sa clique supportrice internationale qu’elle refuse l’embastillement et veut donc agir pour sa liberté toujours confisquée aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Cette jeunesse qui n’a pas oublié son « sursaut national » doublé de son sursaut d’orgueil et de patriotisme veut, hic et nunc, prendre le contre-pied de cette autre jeunesse qui s’est liée, elle, pieds et mains à la recolonisation, à la françafrique et à la franc-maçonnerie. Elle ne flirte et ne traite qu’avec l’agent et les honneurs en s’accrochant à la soupe occidentale avec la bénédiction de son mentor lui-même passé dans l’art de la mendicité internationale. Mais le constat est qu’elle ne reçoit que des miettes. On ne le dira jamais assez, dans notre pays, la jeunesse a une histoire. Elle demeurera toujours le fer de lance de notre libération des forces diaboliques de l’argent qui ont pris ce pays et l’Afrique en otage pour leurs propres biens et gloires. Comme des prophètes, les évêques de notre pays avaient dit, il y a déjà plusieurs années : « une fois de plus, nous voulons vous exprimer toute la joie, la fierté et l’espérance que nous éprouvons en pensant à vous, porteurs de l’avenir de ce pays. On dit habituellement que le devenir d’un pays repose sur sa jeunesse. En effet, vous constituez par ‘votre jeunesse une source de dynamisme et de renouvellement’ de notre société ivoirienne » (Le chrétien face à la politique, n°180). Notre jeunesse digne veut renouveler les cellules d’une nation endormie par ces dirigeants. Ce rassemblement-ci est nécessaire pour faire comprendre qu’il nous faut toujours résister à l’assaut répété de l’occident et de ses avatars de sous-préfets postés et courbés en Afrique pour brader nos richesses et nos dignités et qui maintiennent de mille manières l’Afrique dans les griffes des multinationales barbares et avares. Il nous faut, dans ce pays, définitivement sonner le glas de la dictature installée au pouvoir. Posons des actes démocratiques concrets pour consolider et fortifier notre lutte. La jeunesse nous en donne ce samedi. Comprenez donc que je soutiens ce rendez-vous de la lutte tout en sachant que les dictateurs au pouvoir ne se laisseront pas faire malgré toutes les précautions démocratiques et légales qui ont été prises. Mais reconnaissons que toutes les dictatures ont peur de la démocratie et de la loi du nombre, parce qu’elles sont illégales, illégitimes et minoritaires. Elles n’ont que leurs armes pour s’exprimer et se défendre, oubliant que les armes ont un pouvoir éphémère. La lutte restera toujours épique tant les dictateurs sont teigneux et monstrueux. Mais quand on a bravé les chars de la licorne, que peut-on faire des kalaches de la dictature ? Tout se résume légitimement en une question de dignité. Refuser de mourir comme des idiots, telle doit être aujourd’hui notre devise face à des personnes qui ne vivent que du sang de ceux qu’ils prétendent gouverner. Comment mettre fin à la Françafrique meurtrière chez nous ? Cela est une question de survie. Les perspectives que tente d’ouvrir ce rassemblement de ce samedi 16 février 2013, au-delà de la simple manifestation pour libérer un leader charismatique momentanément embrigadé par la Françafrique et la franc-maçonnerie, sont nombreuses qui nous permettent d’espérer en un avenir meilleur et radieux pour notre pays. Sans doute, tous ces jeunes qui tenteront ce rassemblement malgré l’adversité en face auront-ils à cœur de crier leur ras le bol devant une dictature sanglante qui pille, vole, torture et tue sans état d’âme et avec la bénédiction d’une communauté internationale guerrière. Le cri du pauvre et de l’opprimé est toujours entendu par Dieu. Et Dieu prend toujours la défense des pauvres dans les pires moments de sa douleur et de sa souffrance. La peur du pauvre finit toujours par le rendre plus fort et se transforme en courage et bravoure. Saisissons cette occasion pour louer et encourager tous ces jeunes qui s’opposent, d’une manière ou d’une autre, à la dictature nauséeuse qui se boulonne chez nous. Honneur et gloire à la jeunesse digne de notre pays.
Père JEAN K.
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