Ourémi et les autres
Le monstrueux Ourémi, nous dit-on, a été enfin « arrêté ». Il l’aurait été après une traque planifiée par les FRCI et gendarmes de chez nous, selon la version officielle et dont le pouvoir s’en vante orgueilleusement. Selon d’autres versions qu’on doit aussi prendre en considération, la Licorne aurait joué un rôle extrêmement important dans la « capturation » du monstre du Péko. Quand on connaît la force de nuisance de cette Licorne et ses méthodes en Afrique et en Côte d’Ivoire en particulier, on ne peut pas nier cette version. C’est ce même pouvoir qui sait pourquoi depuis deux ans qu’il est aux affaires, c’est bien maintenant qu’il a décidé de capturer ce dangereux et sanguinaire Ourémi. Mais là n’est pas la préoccupation la plus importante. Elle se trouve, en mon sens, dans le fait de savoir le sort de l’Ouest après Ourémi. La question peut donc être formulée ainsi : Que devient l’Ouest de notre pays après Ourémi ? Ne le cachons pas, Ourémi n’a pas pris le Mont Péko en otage et ne l’a pas systématiquement pillé de son propre gré. Les observateurs sérieux disent qu’il était sous contrat. Il agissait donc en seconde main, en bras séculier. Où se trouve alors son inspirateur ? Car, on ne peut pas comprendre qu’un étranger, même en temps de guerre, débarque dans un pays et qu’il prenne en otage tout une région et y commette des crimes aussi graves sans être inquiété et qu’à la fin, on se contente, par acquit de conscience, d’une simple capture médiocrement médiatisée. Il est à reconnaître que l’Ouest de notre pays qui continue de subir dans la chair et le sang les affres de notre sale guerre, reste encore aujourd’hui sous la tutelle envahissante et dominante d’étrangers et autres mercenaires de guerre qui veulent se payer eux-mêmes leurs efforts de guerre que leurs employeurs refusent de leur payer. La nébuleuse communauté internationale le sait très bien mais ferme les yeux pour faire plaisir à son poulain d’Abidjan. C’est sûr, à travers un jeu de magie politico-juridique, on fera payer au sieur Ourémi tous les crimes commis par la rébellion et ses chefs qui roulent carrosse aujourd’hui dans Abidjan et tout le pays. Avec Ourémi, le bouc-émissaire est tout trouvé. La magie juridique nationale et internationale sera bientôt actionnée pour montrer au monde entier que la « justice des vainqueurs » est bel et bien terminée, que tous les criminels paieront pour leurs crimes et que la justice de notre pays est impartiale et a retrouvé, pour notre propre et grand bonheur, ses lettres de noblesse. Le décret qui signera « la fin de l’impunité » sera publié au vu et au su de tous à grand renfort de publicité. Mais tout cela, l’on sait, ne sera que du bluff et du saupoudrage pour appâter quelques bailleurs de fonds encore exigeants et réticents sur tous les bords et pour distraire les Ivoiriens qui refusent de s’aligner sur les discours officiels. Au-delà de l’arrestation du seigneur du Mont Péko, ce que l’on doit savoir, c’est que cette portion de notre pays reflète suffisamment l’image actuelle du pays que la propagande prend bien soin de dissimuler pour des raisons qui lui sont propres. En effet, ce pays, depuis deux ans est pris en otage par des seigneurs de guerre qui ont fait fortune dans le sang innocent des Ivoiriens. Ces chefs de guerre, la plupart des étrangers venus de la sous région, narguent les Ivoiriens et par d’absurdes réflexions leur imposent leur violence et leur barbarie. Ils disent que leurs frères ont développé ce pays et qu’ils ont donc droit de profiter aujourd’hui de ses richesses acquises par leurs sueurs et leur sang. Les zones forestières sont ainsi envahies et systématiquement soumises en coupe réglée par ces guérilleros et leurs frères qu’ils imposent aux populations autochtones. Le Mont Péko est bien l’image grandeur nature de ce pays défiguré, humilié et envahi par une horde de mercenaires de guerres doublés de pillards sans scrupule. Chasser donc Ourémi du Mont Péko ne résout aucun problème vu que celui-ci n’était qu’un maillon certes important, mais tout de même négligeable d’un système d’exploitation et de pillage scientifiquement conçu et orchestré avec la bénédiction de la nébuleuse. Les autres Ourémi qui se pavanent sous nos yeux et se la coulent douce ne sont pas moins des criminels identifiés comme tels par les ONG des droits de l’homme sérieuses. Un Ourémi en cache donc un autre. On gagnerait alors à les mettre tous hors d’état de nuire à commencer par le sommet. La guerre imposée à notre pays sera un long feuilleton dont le dénouement tardera à se faire jour, tant le puzzle demeure difficile à reconstituer et les enjeux très serrés et divers. Le feuilleton Ourémi dont la première saison vient de s’ouvrir, on l’espère, s’arrêtera sur les frères d’armes de celui-ci que toutes les enquêtes sérieuses ont désignés depuis comme de dangereux criminels de guerre. Les Ouattara, soro, Wattao, Zacharia et consorts doivent eux aussi être capturés au nom de la justice et pour le respect de la mémoire des victimes de leur barbarie commis contre les Ivoiriens. Cela y va de la paix et de la réconciliation chantée à longueur de journée par des thuriféraires et autres vaticinateurs mal inspirés. Dans tous les cas, Ourémi et les autres doivent comparaître devant la justice des hommes et celle de Dieu.