Frères et sœurs,
Je voudrais vous inviter à méditer, au moment de cet ultime adieu à notre frère KRA Aristide, la Parole de Dieu, à la scruter pour essayer ensemble de comprendre, dans la foi, le sens de la mort et le réconfort que cette Parole, dans la douleur, nous procure devant le drame de la mort. Mais aussi vous inviter à lire l’évènement de la mort de notre frère Aristide à la lumière de notre foi chrétienne catholique.
Mais avant tout, je m’incline très révérencieusement devant la dépouille de notre regretté frère KRA Aristide. Je présente, au nom de la communauté paroissiale de Sainte Marie de Zuénoula, communauté dans laquelle exerçait KRA Aristide, mes sincères condoléances à notre père évêque, très affecté par ce décès de l’un de ses fils dans la foi, au presbyterium de notre diocèse, aux religieux et religieuses, à la famille de notre frère KRA Aristide et au Peuple de Dieu douloureusement frappé par ce deuil. Que l’âme de notre frère repose en paix.
Matthieu, dans l’Evangile, nous indique clairement que le Christ est le vrai repos et il nous appelle donc à recevoir et à entrer, dans la foi, dans ce vrai repos : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos » (Mt11, 28). Le Christ est le repos, il nous fait entrer, dans la foi, dans son repos, un repos éternel.
Affronter les épreuves qui conduisent à la mort n’est pas un jeu de plaisir. L’homme, par un reflexe naturel et par pur instinct de survie, veut s’en détourner. Le Christ lui-même, de nature aussi humaine, au seuil de sa passion, n’a pas échappé à cette épreuve de la survie. En effet, à l’approche du supplice de la croix, il s’écrie, la voix certainement nouée d’amertume et de douleur : « Père, tout est possible pour toi. Eloigne de moi cette souffrance. Cependant non pas ce que je veux mais ce que tu veux » (Mc14, 36).
Cependant, quoique l’épreuve de la mort fût douloureuse et toujours incompréhensible, il faut y aller avec la confiance et dans la foi, à l’image du vieillard Siméon : « Maintenant, tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix, selon ta parole, car mes yeux ont vu ton salut » (Lc2, 29). Cette confiance ne peut être possible que par la puissance de l’Esprit. Saint Paul nous en donne l’assurance et la certitude quand il nous dit que « L’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur : c’est un Esprit qui fait de nous des fils » (Rm8, 15).
Tout bien pesé et de mille manières, la plus grande assurance et la plus grande espérance pour nous chrétiens, fils de Dieu, c’est la résurrection en tant qu’héritage de foi à nous promis par le Christ. Méditons encore ces paroles divines : « Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. Mais non ! Le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité. » (1 Cor15, 19-20) ; « Nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés. Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet : ressuscité des morts, le Christ ne meurt plus. » (Rm6, 3-9).
De son côté, l’Eucharistie, repas du Christ nous garantit sans mesure cet accès au Royaume par la résurrection. Elle est le repas de la vie : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » Et le Christ lui-même nous donne cette assurance qui nous fortifie et nous conforte dans notre foi : « La volonté du Père qui m’a envoyé, c’est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour » (Jn6, 39). Déjà, l’Ancien Testament nous avait donné une idée de ce que serait cette résurrection à travers le personnage de JOB, homme de foi que Satan n’a pu arracher à l’emprise de Dieu : « Je sais, moi, que mon libérateur est vivant, et qu’à la fin il se dressera sur la poussière des morts : avec mon corps, je me tiendrai debout, et de mes yeux de chair, je verrai Dieu » Jb19, 25-26).
Frères et sœurs, ce bref passage en revue de la Parole de Dieu, Parole à la fois éternelle, circonstancielle et surtout contextuelle, Parole qui nous parle au cœur des événements que nous vivons, nous permet de revenir à une et une seule réalité devant l’amertume et le drame provoqués par la mort. Cette réalité est bel et bien la réalité de la foi en Jésus-Christ. Quand par l’émotion et les sentiments mêlés nous avons pleuré la mort d’un être cher ; quand par pure superstition nous avons essayé, par des acrobaties incroyables, de trouver ou de retrouver le meurtrier de notre frère, une seule chose nous reste à faire: comprendre la réalité de la foi en Jésus-Christ devant le mystère de la mort ; la comprendre dans toute sa rigueur et dans tout son spectacle. L’émotion nous fait pleurer et nous devons alors pleurer toutes les larmes de notre corps, autant que cela fût possible. La superstition nous fait lorgner l’autre comme le dangereux meurtrier où l’assassin de mon frère ou de mon fils. Mais la réalité de la foi nous fait comprendre le vrai sens de la mort dans le miroir de la vie, de la mort et de la résurrection de notre seigneur Jésus-Christ.
Pour nous chrétiens, la mort, bien qu’une réalité naturelle, se couvre aussi d’un manteau toujours surnaturel, voire transcendantal et mystique qui nous fait entrer immanquablement et dynamiquement dans le mystère de Dieu et de son dessein éternel de salut pour les hommes, ces créatures que nous sommes. Dans ce sens également, pour nous chrétiens, mourir, ce n’est plus se faire abattre par un vilain et méchant sorcier aux dents exagérément longues et noires, mais c’est de répondre au dessein salvifique d’un Dieu qui appelle, à travers la mort, à passer du mystère de la vie au mystère de la mort afin de contempler à l’infini son visage par une vision béatifique qu’il nous offre gracieusement. Passer du mystère de la vie au mystère de la mort, c’est aussi une des particularités de notre foi chrétienne et le Christ nous en a tracé lui-même le chemin. Dans ce sens, la mort ne devient plus la victoire des forces du mal et des ténèbres sur un homme, mais plutôt la victoire éternelle de la vie sur la mort. En cela, cette hymne polyphonique de l’Apôtre Paul doit vivement nous interpeller : « O mort où est ta victoire ! O mort où est ton dard venimeux ? » Aussi, avec le même saint Paul, nous pouvons soutenir que nous sommes toujours livrés à la mort « afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre existence mortelle » (2Co4, 11).
Ce mystère dynamique vie et mort, qui trouve son épicentre dans la vie, la mort et la résurrection mêmes de notre seigneur Jésus-Christ, Aristide l’a lui-même compris et enseigné de son vivant. C’est pourquoi, je suis convaincu que d’auprès du Père où il se trouve en ce moment, il ne comprend rien à ce triste spectacle et à ce honteux concert qu’on crée inutilement et méchamment autour de sa mort. En effet, les mauvaises langues, les faux prophètes et les faux visionnaires comme il y en a en quantité industrielle aujourd’hui sur le marché et dans tous les camps, aussi bien chez les chrétiens que chez les païens, aussi bien chez les prêtres, religieux et religieuses que les laïcs, et qui ne vivent que des songes et des mensonges, disent méchamment, sans fermer les yeux, qu’Aristide a été tué. Le disant, sans le savoir, ils proclament haut et fort, et contre notre foi chrétienne, la puissance des forces du mal sur les forces du bien, donc la puissance du Diable sur Dieu. Or de son vivant, Aristide, à ma connaissance, et je ne me trompe pas, pour l’avoir connu, n’a adoré et servi que le vrai Dieu, le Dieu de la vie. Alors, en mourant, répond-il à l’appel de Satan à le rejoindre dans son Royaume pour combattre maintenant Dieu ou au contraire, répond-il à l’appel de son Dieu à entrer dans son Royaume pour prendre sa part d’héritage ? Ma question n’est pas subsidiaire ?
Pour nous chrétiens, même encerclés et pris dans le tourment et l’étau de nos traditions qui n’ont pas encore pu faire leur mue et leur transmutation, n’existerait-il plus une mort naturelle, c’est-à-dire une mort dans la foi ? Si oui, pourquoi professer à cor et à cri et dans un vacarme abasourdissant plein de haine et de mépris envers le clergé, qu’Aristide a été soit empoisonné, soit tué par des sorciers ou de méchants amis? Dans quel camp faudrait-il alors, dans ce cas précis, trouver ou retrouver son empoisonneur et son sorcier meurtriers ? Ce spectacle ahurissant devient plus horrible et scandaleux quand nous prêtres, religieux et religieuses faisons chorus avec les païens et les sorciers pour chanter, dans leurs propres camps, leurs musiques païennes et sorcières dissonantes et disharmonieuses. Que devons-nous enseigner finalement à nos fidèles si devant la réalité de la mort, aussi tragique et douloureuse fût-elle, nous-mêmes, prêtres, religieux et religieuses, manquons de foi, de sérénité, de lucidité, de discernement et de claire vision, et sommes plus tourmentés que les autres et qu’au lieu de tourner leur regard vers le Christ qui est mort et ressuscité et qui nous appelle à sa vie après notre mort, nous les orientons, nous-mêmes à leur tête, vers le Diable et ses suppôts ? Que vaut encore pour nous la Bible quand devant la mort nous la méprisons, la déchirons et la jetons pour lire le grimoire, ce livre des sorciers pour évoquer les démons ? Devant la mort, il parait urgent que nous revenions à l’essentiel qui est la réalité de notre foi en Jésus-Christ mort et ressuscité et qui nous appelle, à notre tour, à mourir et à ressusciter avec lui. Nous devons donc sortir de cette grisaille ténébreuse indigne et de cette mêlée étourdissante pour méditer et réfléchir à la lumière de notre foi et de l’Evangile.
De mon point de vue, il serait plus intéressant d’abandonner ce vacarme abasourdissant aux païens pour nous concentrer et consacrer à faire comprendre le mystère de la vie et de la mort devant ce choc terrible qui nous perturbe tous. Ne prenons pas le grave risque, pendant qu’il est encore temps, de laisser prendre en otage notre foi par des considérations abracadabrantes dignes des réalités de nos forêts sacrées et autres temples du Diable.
Beaucoup de frères et sœurs parmi nous, soutiennent, à tort ou à raison, qu’en faisant ceci ou cela ou qu’en évitant ceci ou cela dans les derniers jours d’Aristide, notre frère, on aurait pu le sauver. Beaucoup également disent aussi que si Aristide est mort, c’est parce qu’un jour quelqu’un lui a dit ou lui a fait ceci ou cela concernant sa vocation sacerdotale, et que ce sont ces méchantes et jalouses personnes-là qui l’ont tué. Tout cela peut être vrai certainement. Je ne le nie pas systématiquement ou radicalement, outre mesure. On peut toujours y croire. Tout est possible. On ne sait jamais. Nous sommes des hommes, surtout nous sommes Africains, portant encore les stigmates encore trop visibles de nos traditions malgré notre degré de foi et les nombreuses messes et autres célébrations auxquelles nous participons assez bruyamment.
Toutefois, nous pouvons aussi comprendre que même nos bonnes actions envers un malade, Aristide en l’occurrence, ne peuvent rien changer au dessein de Dieu pour ce même Aristide. La logique et la cohérence d’un raisonnement, la promptitude et l’exactitude d’un acte peuvent-il étouffer ou contrecarrer la volonté de Dieu ? Aristide aurait-il pu résister ou s’opposer à la merveilleuse volonté de Dieu de le choisir ici et maintenant parmi nous et avant nous pour avoir sa part d’héritage auprès de lui ? Retenons simplement qu’un raisonnement ne peut pas sortir quelqu’un de la volonté et de la logique de Dieu. Evitons donc, pour l’honneur et la foi de notre frère Aristide cet absurde raisonnement qui ne pourra jamais le faire revenir à la vie parmi nous. Ne serait-il pas plus sage, plus chrétien et plus spirituel, de notre part, nous prêtres, religieux et religieuses et fidèles laïcs, de comprendre la mort de notre frère Aristide comme l’un de ces grands mystères insondables et impénétrables que Dieu réserve à ses créatures et que par conséquent nous devons plutôt prier pour lui et non chercher le méchant sorcier qui aurait mangé son âme et croqué sans pitié ses os? Aristide notre frère, mériterait-il vraiment tout ce vacarme et ce tohu-bohu indescriptibles et inintelligibles et contre tout bon sens méchamment orchestrés autour de sa mort et dont nous prêtres, religieux et religieuses sommes les instigateurs, comme des païens le feraient selon leurs rites et rituels particuliers et diaboliques?
Quant à moi, je pense que ce qui nous manque en pareille circonstance, c’est une méditation profonde, sérieuse et sereine sur notre foi à partir du mystère de la mort et de la résurrection du Christ. La sublimité de ce mystère est telle qu’il nous échappe malgré notre degré de foi et d’engagement, même malgré notre degré de science. Or, il nous faut toujours revenir et recourir à l’essentiel qui ne se situe point dans l’émotion, dans l’événementiel, dans les sentiments mêlés ou démêlés et dans la douleur mais plutôt dans le mystère de la foi. C’est pourquoi, nous devons nous consoler autour de notre évêque et nous laisser instruire par sa propre expérience de foi et non l’accabler de prophétie et de grimoire. C’est pourquoi aussi, je salue la sagacité de notre père évêque qui a su, avec foi, habilité et humilité nous éviter un horrible spectacle en préparation dans les coulisses de ces obsèques. Quand la foi nous manque, confions-nous sans hésiter à notre évêque qui est le gardien même de la foi dans notre diocèse et qui a le devoir de nous conduire à la vraie foi. Nous espérons que cette rencontre de foi que nous avions eue a pu véritablement baisser la tension et étouffer les haines et les mépris nourris à l’encontre de quelque suspect méchamment identifié et estampillé.
A ce niveau de ma méditation, et par rapport à ce que je viens de dire, je voudrais faire une brève incursion dans la vie et la mission du prêtre dans le but de préciser davantage certaines incompréhensions et rumeurs qui couvrent de leur ombre opaque et brumeuse la mort de notre frère Aristide. Cette précision est d’autant plus importante pour moi qu’elle a la prétention d’éclairer un tant soit peu et d’une lumière nouvelle, quelque lanterne.
Qui est le prêtre ? Telle est ma problématique. Le prêtre est un envoyé de Dieu. Il est choisi et oint par Dieu pour se mettre à son service en servant l’Eglise et les hommes. S’inscrivant dans la logique de la mission même du Christ qui est le prêtre par excellence, le prêtre a pour mission de montrer le visage du christ rayonnant de vie à l’humanité. Bien plus, le christ étant Chemin, Vérité et Vie, le prêtre a pour devoir de communiquer la Vie du christ à ses frères qu’il rencontre. Gardien et protecteur de la vie, le prêtre ne peut pas vouloir et attenter à la vie d’un individu, fût-il son ennemi. Au contraire, il s’oppose lui-même à tout ce qui peut anéantir cette vie.
Quelles sont les rumeurs qui remplissent encore, de leur dard vénimeux, tout Daloa et l’ensemble de notre diocèse et même certainement l’ensemble du pays? Des prêtres auraient tué Aristide. Aussi invraisemblable et grotesque que fût cette rumeur mensongère et dangereuse, elle a malheureusement envahi les esprits et les consciences de beaucoup d’entre nous. A partir de la mission du prêtre que j’ai tenté de vous présenter, on peut battre en brèche et d’un seul coup, cette rumeur perfide et nauséeuse qui n’édifie pas et ne construit pas le peuple de Dieu que nous sommes. Il est vrai que dans l’accomplissement d’une tâche que l’évêque lui confie, le prêtre peut légitimement émettre son avis sur une question précise touchant à cette tâche. C’est d’ailleurs de cette façon que l’on a toujours procédé dans l’Eglise et dans notre diocèse en particulier. Dans ce cas-ci qui nous concerne, le prêtre qui est chargé des vocations doit exprimer un avis favorable ou non concernant l’admission au diaconat ou au sacerdoce d’un candidat. Cet avis n’est qu’une simple opinion car il revient toujours, en dernière instance et selon notre droit canonique, à l’évêque de prendre la dernière et bonne décision en vertu de son autorité suprême dans son diocèse. Personne n’a à redire ou à discuter la décision de l’évêque car il agit sous l’autorité bienveillante de l’Esprit Saint. Tout au plus, le prêtre qui s’oppose à une ordination ne peut que manifester clairement son opinion contraire à l’évêque, sans plus. Il n’a aucun pouvoir de décision finale. Bien davantage, le sacerdoce n’étant plus une affaire d’héritage familial à partager entre héritiers qui seraient ici des prêtres, comme dans l’Ancien testament, un prêtre ne peut pas s’opposer à l’admission aux ordres d’un candidat au point de le tuer pour avoir tout seul part à cet héritage. Permettez-moi de le dire de façon triviale, le sacerdoce n’est jamais la plantation de cacao d’un individu ou d’un groupe. Que gagne un prêtre à tuer un candidat au sacerdoce sachant bien que cette mort ne lui procurera rien en termes d’héritage matériel ? A titre d’exemple précis, les biens de notre frère Aristide ont été récupérés et sont gardés en lieu sûr loin des regards de ceux qu’on accuse de l’avoir tué. Alors, peut-on simplement tuer quelqu’un alors qu’on n’est pas sûr de voir et d’avoir part à ses biens ? Dans tous les cas de figure et par tous les bouts qu’on la prendrait, l’accusation portée contre des prêtres autour de cette mort qui nous rassemble est non seulement grave mais reste aussi extrêmement faible. C’est pourquoi, sur les sages conseils de notre père évêque nous devons garder toute notre sérénité. Sauvons notre foi en danger sous les coups de boutoir de considérations purement païennes, fétichistes et sorcières. Ne nous donnons plus en triste spectacle. Ne laissons plus prospérer cette étrange rumeur qui porte gravement atteinte à notre foi, à notre diocèse et à notre presbyterium qui ne la méritent pas. De toute évidence, sachons et retenons qu’un prêtre n’est pas fait pour tuer mais pour protéger la vie de ses frères et sœurs. Encore moins, un prêtre n’est pas un sorcier mais un homme de Dieu, un homme de prière, un homme de la vie.
Respectons la foi de notre frère Aristide en voulant coûte que coûte lui trouver un meurtrier dans un camp ou dans un autre. Ma foi à moi qui ai vécu les 75 derniers jours de sa vie avec lui, c’est qu’Aristide est mort parce que Dieu l’appelle maintenant à contempler éternellement son visage ; à entrer dans sa béatitude et sa félicité éternelles ; un point un trait. D’ailleurs, en lisant l’Evangile avec foi et non comme le feraient les païens, c’est ce que nous découvrons. Mais si d’aventure et par extraordinaire, parce que le Diable serait plus fort que Dieu, et que pour cela il nous faut retrouver vaille que vaille le sorcier meurtrier d’Aristide, alors je vous invite à retourner dès le premier jour de sa naissance, à explorer tous les lieux et endroits où il est passé, là où il a été aimé comme là où il a été haï, maltraité et renvoyé avec un rapport accablant. Explorons les écoles qu’il a fréquentées ; jetons un coup d’œil curieux dans les maisons de formation qu’il a visitées, mieux, le danger ou l’ennemi ne venant jamais de loin, regardons surtout dans sa propre famille, etc, etc. Mais voyez-vous, le faire maintenant ou même plus tard serait non seulement fastidieux et astreignant, mais aussi et surtout, se serait manquer gravement de foi et faire gravement du tort à notre frère Aristide qui, je n’en doute pas, contemple le visage de Dieu en ce moment même. Alors, arrêtons de le distraire avec nos supputations, nos sirènes et prophéties ensorcelées et envoûtées aux ingrédients et allures excessivement ubuesques et païens. Et prions pour notre propre conversion et notre espérance en la résurrection.
Pour terminer, comme notre père évêque nous l’a appris hier à la levée, ce dont notre frère Aristide a besoin maintenant, ce sont nos prières à son endroit et non de prophétie et autres visions ténébreuses qui révéleraient à notre face son meurtrier. Dans la position où lui-même se trouve en ce moment, il est assez puissant pour identifier ses meurtriers et pourquoi pas, venir les chercher. Alors, comme disent les jeunes, pourquoi se fatiguer ici pour quelqu’un qui peut lui-même faire son palabre ? Soyons convaincus que si notre frère Aristide a un meurtrier qui lui a joué ce sale tour, il viendra le chercher dans les jours qui viennent quel que soit le camp dans lequel ce meurtrier se trouve. En attendant, gardons notre foi et prions pour lui.
Seigneur Jésus, regarde avec amour ceux qui sont dans la tristesse, accueille leurs prières pour Aristide qu’ils pleurent. Toi seul es saint, toi seul es capable de miséricorde : pardonne à notre frère Aristide toutes ses fautes. Tu t’es livré à la mort pour que tous les hommes soient sauvés et passent de la mort à la vie : ne permets pas qu’Aristide soit séparé de toi, mais, puisque ton amour est plus fort que la mort, donne-lui de vivre dans la lumière, le bonheur et la paix, pour les siècles sans fin.