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VIP-Blog de perekjean
  • 88 articles publiés
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  • Créé le : 05/02/2013 13:43
    Modifié : 02/07/2014 22:26

    masculin (31 ans)
    Origine : Abidjan
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    Mon homélie du jeudi saint 2013

    01/04/2013 19:26



     

     

     

    Nous célébrons en ce jour trois événements en un seul : le lavement des pieds de ses disciples par le Christ, l’institution de l’Eucharistie et l’institution ou l’ordination des premiers prêtres de l’Alliance nouvelle par le Christ au service de l’Eucharistie.

     

    1. Le lavement des pieds

     

    L’évangéliste saint Jean qui est d’ailleurs le seul des écrivains sacrés à nous rapporter cet événement important du dernier moment de la vie de Jésus, nous dit qu’ « au cours du repas…Jésus se lève de table, quitte son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis, il verse de l’eau dans un bassin, il se met à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture ».  Encore aujourd’hui pour nous, ce geste ne nous paraît pas encore banal. Il dépasse notre entendement, notre façon de comprendre les choses et leurs logiques en tant qu’humain. Et nous nous demandons comment Dieu a-t-il pu faire cela !  Comment a-t-il pu faire cela lui dont son précurseur Jean Baptiste a dit qu’il n’est même pas digne de lui défaire les sandales des pieds ! Et le voilà lui-même en train de laver les pieds de ses disciples et de les essuyer ! Cette grande surprise passée, entrons en nous-mêmes pour découvrir la beauté, la splendeur, la clarté, la noblesse et la charité de cet acte que Jésus pose vis-à-vis de ses disciples. Le sens de l’acte que pose Jésus ici se trouve dans l’acte lui-même. En effet, Jésus s’identifie pleinement et totalement à l’homme ordinaire, c'est-à-dire à l’homme banalisé, rejeté, que personne ne se retourne pour regarder à son passage. Cet homme banalisé et rejeté, humilié et méprisé, haï et vomi même par les siens, se trouve concentré, sur notre paroisse, dans l’image et le visage de ce petit garçon de moins de dix ans que nous voyons claudiquant et quémandant notre charité à l’entrée même de notre église et qui le soir venu, se cache pour s’abriter dans nos salles ou quand cela lui est possible, dans l’église même. Ce petit garçon, c’est bel et bien Eric que nous appelons affectueusement Erico. Erico est un petit garçon qui subit cruellement dans sa chaire l’injustice de la nature, de ses propres parents et des hommes et qui est obligé, à son âge et malgré lui, de quémander sa pitance quotidienne pour survivre à la méchanceté de la nature et de l’homme. En regardant très bien le visage d’Erico, nous retrouvons facilement le résumé et le concentré de toute la misère du monde, à l’époque de Jésus comme à la nôtre. Ainsi, dans le visage d’Erico, peut-on voir clairement transparaître celui de l’aveugle mendiant, de l’infirme, du sourd muet, du possédé, en somme, tout ce que l’espèce humaine a de plus inhumain et humiliant. C’est pourquoi, pour Erico, ce n’est pas seulement les pieds qu’il faut laver mais tout le corps, ce corps frêle et inoffensif qui subit cruellement l’agression exagérée et la barbarie de la saleté et de la poubelle des hommes et de la société. Frères et sœurs, en ce jour où Jésus lave les pieds de ses disciples, je compte sur nous pour laver non pas les pieds uniquement, mais tout le corps d’Erico pour lui donner un visage humain et digne dans la ville de Zuénoula qu’il arpente et sillonne chaque jour et sur notre paroisse qu’il fréquente désormais pour avoir de quoi survivre. Car, pour Erico, la passion, le crucifiement et la mort sont quotidiens qui méritent l’égard de ses frères que nous prétendons être. En joignant cet acte du lavement d’Erico à celui du lavement des pieds de ses disciples par Jésus, comprenons que c’est l’acte ordinaire et quotidien de ces petits, ces pauvres, ces moins que rien que Jésus n’imite pas simplement mais accomplit et assume ici en lavant les pieds de ses disciples.  En plus, par ce geste banal des pauvres, des petits, des rejetés de la terre, Jésus nous donne une véritable leçon de solidarité avec tous les hommes mais particulièrement avec les pauvres et plus concrètement avec Erico: « Comprenez-vous ce que je viens de faire ? » Nous demande-t-il.  « Vous m’appelez ‘Maître’ et ‘Seigneur’, et vous avez raison, car vraiment je le suis.  Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.  C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »  Je suis allé personnellement, conduit par Erico lui-même, un enfant du reste intelligent, à la rencontre de ses parents. Ils m’ont dit, cher monsieur, ce petit n’est pas un homme, il est maudit. Il fait ses besoins dans les habits qu’on lui donne. Nous n’attendons que sa mort pour être tranquilles ou alors faites-en ce que vous-mêmes voulez! Il n’y a pas longtemps, j’ai entendu, pendant que j’étais à mon bureau, au milieu d’un groupe d’enfants de son âge, un autre enfant pleuré amèrement. Ayant reconnu la voix en détresse, j’ai accouru porter mon secours et ma solidarité. Je ne me suis pas trompé, c’était bel et bien la voix fine et inoffensive d’Erico. Je l’ai trouvé au milieu des enfants de son âge, des écoliers, en train d’être insulté et malmené par ceux-ci. Un des enfants du groupe m’a appris qu’un autre a dit à Erico qu’il était vilain et sale et qu’il devrait quitter sur leur chemin sinon il le boxerait chaque fois qu’il le verrait. Je me suis imposé à eux pour sortir Erico de l’agression et de la méchanceté de ces petits, qui certainement, reprenaient à leur profit une leçon bien apprise auprès de leur parent. De ces deux faits que j’ai vécus, j’ai compris comment les adultes et les enfants traitent leurs pauvres, ceux d’entre eux qui n’ont rien et semblent n’être rien. Aujourd’hui, avec ce lavement des pieds, Jésus nous invite à une merveilleuse solidarité fraternelle et universelle où les grands et puissants de ce monde cessent de  mépriser et d’écraser les petits, les faibles et les pauvres pour ensemble bâtir une civilisation de l’amour. Frères et sœurs, rejetons nos titres, nos grades, nos diplômes, nos fonctions et nos distinctions respectives pour entrer dans l’intimité et l’humilité  mêmes du Christ qui s’est fait serviteur et solidaire de tous.

     

    Ce matin même, à 6h30, je me rendus ici, dans le sanctuaire eucharistique pour faire mon adoration au saint sacrement. Pendant que je priais, j’entendis de petits bruits sur la porte. Comme ils étaient persistants, je vins ouvrir. A ma grande surprise, c’est Erico qui était là. Il cherchait à entrer dans l’église comme il en a désormais pris l’habitude. Ne s’entendant à voir personne dans l’église et effrayé à ma vue, il tenta de s’enfuir. Je le rassurai et lui demandai ce qu’il voulait. Il me dit : « tonton j’ai faim. Je veux manger gbofloto ». En ce jeudi saint, jour de l’Eucharistie, je compris, arrêté en face d’Erico, que personne ne doit avoir faim. En effet, je me demandai comment le Christ peut aujourd’hui même donner son corps et son sang en nourriture et en boisson pour la multitude et me retrouver en face d’un pauvre qui a faim qui plus est un petit enfant ? Je compris alors qu’il fallait donner à manger à Erico. Je ne voulus pas lui donner de l’argent pour aller acheter son gbofloto dans la rue. Et je me suis rappelé la phrase du Christ : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Ainsi, après mon adoration, je suis allé trouver l’abbé Aristide qui m’a remis deux œufs. Je les cassai et fis de l’omelette moi-même. Je coupai un long morceau de pain et les envoyai à Erico que je faisais attendre dans mon bureau. Je vis alors son visage briller et ses yeux blanchir davantage. Il se mit à manger goulument. Ce qui me marqua dans son attitude, c’est qu’Erico a insisté pour partager son pain et son omelette avec un autre petit garçon qui était avec moi. Je compris qu’Erico me rappelait que même les pauvres peuvent eux aussi partager leur pauvreté et le peu qu’ils reçoivent de la charité des autres. Après son repas, je voulus le laver et lui changer ses habits. Je fis même appel à une couturière pour prendre sa mesure et lui coudre des habits neufs pour cette journée. Mais, n’étant pas habitué à une telle attention et affection à son égard, Erico profita d’un moment d’inattention pour disparaître. Je ne le retrouvai qu’un peu plus tard.

     

    Je vous fais le récit de ce fait vécu et qui m’a profondément marqué durant cette journée pour que chacun revoie sa position vis-à-vis des déshérités. Sachons que le Christ a pris l’image des pauvres et s’est rendu solidaire d’eux. On ne peut pas être son disciple et prendre une autre voie et avoir une autre attitude envers ces individus rendus fragiles par la méchanceté des hommes et par des politiques irresponsables qui poussent les gouvernants à s’enrichir en travaillant à l’appauvrissement des plus pauvres.

     

    Reprenons en chœur ce merveilleux cantique de saint Paul aux Philippiens : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.  Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur. »

     

     

    1. L’institution de l’Eucharistie

    Au cours du même repas où il s’abaisse jusqu’à laver les pieds de ses disciples, le Christ institue l’Eucharistie, le repas de son Corps et de son Sang. Qu’est-ce alors que l’Eucharistie ? L’Eucharistie, dans sa compréhension littérale signifie « action de grâce ».  En effet, le Christ, au cours du dernier repas avec ses disciples, prit du pain, il rendit grâce et le donna à ses disciples. De même, après le repas, il prit la coupe remplie de vin, il rendit grâce et la donna à ses disciples en disant à ses disciples « Prenez et buvez-en tous… ».

    Frères et sœurs, voici comment d’un simple fait banal et culturel qu’est le repas, l’acte de manger, un fait terre à terre donc naturel, le Christ institua la plus grande richesse de toute l’Eglise et de toute l’humanité. L’Eucharistie, c’est le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus Christ. C’est la nourriture du ciel qui est tirée du fruit de la terre et du travail des hommes que sont le pain et le vin. L’Eucharistie, c’est donc le plus grand bien de l’Eglise, le don le plus précieux, le signe le plus fort, le plus grand et le plus sublime que le Christ ait laissé comme immense richesse au monde avant de passer de ce monde à son Père. Et c’est à juste titre que le pape Jean Paul II, reprenant le Concile Vatican II, a pu dire que l’Eucharistie est la source et le sommet de toute la vie de l’Eglise. C'est-à-dire tout simplement que c’est l’Eucharistie qui fonde, qui fait, qui façonne et qui tient l’Eglise. Sans elle, l’Eglise n’existerait d’aucune manière. Quel bonheur immense pour nous simples mortels que de prendre part au festin d’un mystère si grand et si glorieux! De communier au Corps et au Sang de notre Seigneur Jésus Christ !  Célébrer l’Eucharistie, c’est célébrer le Christ, c’est se mettre à son service, c’est surtout le rendre toujours présent et agissant en nous et dans l’humanité.  « Faites cela en mémoire de moi », nous a-t-il recommandé. 

    L’Eucharistie, c’est aussi le repas de communion entre les fils de Dieu. Avec ce repas et en le prenant, nous montrons aux yeux de tous que notre seul bien est le Christ. Nous nous unissons au Christ en nous unissant à nous-mêmes d’abord. Le Christ a institué l’Eucharistie dans l’amour : « Il les aima jusqu’au bout », nous dit saint Jean. Et il nous demande de perpétuer ce sacrifice dans l’amour.

     

     

    1. L’institution du sacerdoce

     

      En même temps que le Christ institue l’Eucharistie, il institue le sacerdoce et ordonne les premiers prêtres pour les mettre au service de l’Eucharistie en vue de perpétuer dans le temps ce mystère eucharistique. En instituant l’Eucharistie et le sacerdoce à la fois, le Christ rend encore plus disponibles certains de ses fidèles, à savoir les prêtres, pour agir en son nom et en sa personne. Le prêtre agit in persona Christi. 

     

    Frères et sœurs, aujourd’hui plus qu’hier, la mission du prêtre est fortement contrariée eu égard à l’évolution ultra rapide et moderne du monde. Beaucoup se demandent aujourd’hui qui est le prêtre, que fait-il, mais surtout que vaut-il ? Qui est ce monsieur à qui on doit tout donner, même payer sa propre assurance ? Je voudrais, avec ma modeste expérience de douze ans bientôt de sacerdoce, tenter de répondre à ces interrogations et préoccupations existentielles de nos frères et sœurs fidèles que vous êtes.  Pour ma part, le prêtre doit être plus que jamais et dans notre société africaine et ivoirienne d’aujourd’hui, un prophète. Le prophète dans la tradition biblique vétérotestamentaire n’est pas seulement celui qui prédit les événements à venir ou qui fabrique des guérisons. Le prophète, c’était surtout celui qui annonce, dénonce et renonce.  Mais vous me demanderiez ce que le prêtre doit annoncer, dénoncer et ce à quoi il doit renoncer. Le prophète, en tant qu’envoyé de Dieu doit annoncer le règne de Dieu. Il annonce le Royaume de Dieu. Il annonce le salut que Dieu promet à tous ceux qui croient en lui. Le prophète annonce en s’inspirant de la Parole même de Dieu. Il se fait ainsi le porte-parole, mieux le porte-voix de Dieu.  Ainsi, quand il parle et agit, il ne parle pas et n’agit pas en son nom propre mais il parle et agit au nom même de Dieu.

     

    Le prophète, en tant qu’envoyé de Dieu doit aussi dénoncer. Qu’est-ce qu’il doit dénoncer ? Le prophète doit impérativement et systématiquement dénoncer les injustices dans le monde, dans son pays et dans sa société et sa ville. Il doit dénoncer l’écrasement des pauvres et des faibles par les puissants et les forts, par les riches. Il doit dénoncer la méchanceté des riches qui oppriment et exploitent les pauvres. Dans notre société mondiale globalisée où les nations les plus riches écrasent, pillent, imposent leur dictature, maltraitent, déshumanisent et bestialisent les nations pauvres, le prophète d’aujourd’hui qui est le prêtre doit dire la Parole de Dieu en dénonçant toutes ces situations indignes qui humilient et infantilisent davantage les pauvres. Il doit le faire même au prix de sa propre vie.

     

    Le prophète, en tant qu’envoyé de Dieu doit renoncer. A quoi doit-il renoncer ?  Le prophète, qui est le prêtre d’aujourd’hui doit renoncer à tout ce qui est contraire au message de Dieu qu’il annonce. Il doit renoncer au plaisir insensé de ce monde, au confort démesuré du bien matériel.  Il doit renoncer à avoir un goût exagérément prononcé vis-à-vis des biens de ce monde. Il doit renoncer au luxe et aux affaires. Il doit accepter et pratiquer l’ascèse. Tout en étant bien dans le monde, il doit être celui qui doit apprendre à ses fidèles à se détacher des biens de ce monde qui ne sont qu’éphémères. Certes, il n’invite pas, en renonçant aux biens du monde, à la paresse et à la pauvreté. Mais au contraire, il invite les fidèles de Dieu à travailler pour développer le monde.

     

    Voici, frères et sœurs, pour ma part, le type de prêtre que la société attend du prêtre aujourd’hui. Le prêtre lui-même a-t-il les moyens spirituels, psychologiques et intellectuels pour répondre à cette exigence fondamentale et incontournable de sa mission aujourd’hui ? Quelle est l’attitude du prêtre africain et particulièrement du prêtre ivoirien dans la situation tragique que vivent l’Afrique et notre pays ? Devant ces faits excessivement graves qui portent atteinte à la dignité de l’homme africain et ivoirien, a-t-il les moyens et le courage nécessaires pour annoncer, dénoncer et renoncer ?  En un mot, le prêtre africain et ivoirien d’aujourd’hui peut-il être prophète au milieu de fidèles désemparés qui subissent directement ou non la dictature et le rattrapage des hommes au pouvoir qu’on installe à travers des bombes comme dans la plupart de nos pays africains ? Telle est ma compréhension du prêtre aujourd’hui et telle est la logique dans laquelle j’essaie personnellement d’évoluer tant bien que mal en subissant moi aussi l’interpellation des frères et sœurs qui n’ont pas encore compris notre mission dans la société.

     

    Frères et sœurs, le lavement des pieds, les institutions de l’Eucharistie et du sacerdoce, bien qu’étant des rites différents pars leur nature, sont en réalité des faits et gestes de notre foi qui ont le même objectif et doivent se comprendre de la même façon.  D’abord parce qu’ils sont des faits et gestes accomplis le même jour (le jeudi saint), au cours du même événement (le repas) et par la même personne (le Christ).  Ensuite parce qu’ils sont des faits et gestes qui expriment la même chose : le service, l’amour, l’humilité et la solidarité.  Ils sont des réalités accomplies et instituées par le Christ pour aimer et servir le peuple de Dieu. Enfin, ce sont des réalités qui nous font comprendre que notre Maitre, le Christ Jésus, est un Serviteur qui n’a jamais eu honte de sa mission de serviteur et est toujours présent au milieu de nous. Il nous invite par conséquent, surtout nous prêtres, à nous mettre résolument au service de son Peuple dans l’amour et la vérité. Nous sommes des serviteurs et non des profiteurs ou des parvenus qui cherchent à s’enrichir en profitant de la naïveté et de la peur de certains de nos fidèles que vous êtes.  Le sacrement de l’ordre que nous avons reçu nous met certainement au premier plan vis-à vis de vous, fidèles laïcs.  Il ne fait pas de nous des super hommes, encore moins des extra-terrestres. Nous devenons les gérants et serviteurs des précieux mystères de Dieu ; mystères qu’il nous a révélés par son Fils à travers les sacrements que nous célébrons avec vous et pour notre bien commun. Forts ou faibles, le seigneur nous a choisis pour nous mettre à la place où nous sommes. Nous sommes vos serviteurs malgré ce que nous sommes. Nous avons des devoirs vis-à-vis de vous : devoirs de bonne conduite, de foi, de piété, de témoignage de foi ; de vérité… et forcement nos turpitudes, nos turbulences et nos faiblesses vous éclaboussent et vous déroutent même souvent dans votre foi. Comme vous et avec vous, nous sommes nous aussi à la recherche de notre propre salut, avec ce que nous sommes et nous avons. Nous avons des efforts à faire comme vous.  Nous ne vous prêchons pas le Royaume des Cieux pour vous seulement mais aussi pour nous.  Nous ne vous ouvrons pas les portes du Royaume des cieux pour les refermer devant nous et nous ouvrir à nous-mêmes les portes de l’enfer. Aidons-nous à aller de l’avant dans l’accomplissement de notre mission au milieu de vous. Nous avons besoin de vous comme vous aussi avez besoin de nous. Nous ne sommes pas des concurrents mais des partenaires en vue du Royaume des cieux. Rencontrons-nous, parlons-nous sincèrement. Evitons les dénigrements, les histoires inventées de toute pièce pour nous salir ou nous humilier. Mettez-vous ensemble avec vos prêtres. N’ayez pas peur de les approcher. Ouvrez-leur votre cœur et ils vous ouvriront les leurs. Dans ce sens, je le répète à toutes fins utiles, les portes du presbytère vous sont grandes ouvertes. Venez nous voir, non seulement pour des motifs spirituels mais aussi pour fraterniser : boire ensemble, manger ensemble, discuter ensemble de tout et de rien. Notre presbytère n’est pas un ermitage, ce lieu isolé où vivent des personnes coupées du monde et de leurs frères et sœurs.

     

    Que Dieu nous aide à marcher ensemble, d’un même pas comme des princes vers le Royaume que son Fils a préparé pour nous.

     

     

     

     

     

     

     

    Nous célébrons en ce jour trois événements en un seul : le lavement des pieds de ses disciples par le Christ, l’institution de l’Eucharistie et l’institution ou l’ordination des premiers prêtres de l’Alliance nouvelle par le Christ au service de l’Eucharistie.

     

    1. Le lavement des pieds

     

    L’évangéliste saint Jean qui est d’ailleurs le seul des écrivains sacrés à nous rapporter cet événement important du dernier moment de la vie de Jésus, nous dit qu’ « au cours du repas…Jésus se lève de table, quitte son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis, il verse de l’eau dans un bassin, il se met à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture ».  Encore aujourd’hui pour nous, ce geste ne nous paraît pas encore banal. Il dépasse notre entendement, notre façon de comprendre les choses et leurs logiques en tant qu’humain. Et nous nous demandons comment Dieu a-t-il pu faire cela !  Comment a-t-il pu faire cela lui dont son précurseur Jean Baptiste a dit qu’il n’est même pas digne de lui défaire les sandales des pieds ! Et le voilà lui-même en train de laver les pieds de ses disciples et de les essuyer ! Cette grande surprise passée, entrons en nous-mêmes pour découvrir la beauté, la splendeur, la clarté, la noblesse et la charité de cet acte que Jésus pose vis-à-vis de ses disciples. Le sens de l’acte que pose Jésus ici se trouve dans l’acte lui-même. En effet, Jésus s’identifie pleinement et totalement à l’homme ordinaire, c'est-à-dire à l’homme banalisé, rejeté, que personne ne se retourne pour regarder à son passage. Cet homme banalisé et rejeté, humilié et méprisé, haï et vomi même par les siens, se trouve concentré, sur notre paroisse, dans l’image et le visage de ce petit garçon de moins de dix ans que nous voyons claudiquant et quémandant notre charité à l’entrée même de notre église et qui le soir venu, se cache pour s’abriter dans nos salles ou quand cela lui est possible, dans l’église même. Ce petit garçon, c’est bel et bien Eric que nous appelons affectueusement Erico. Erico est un petit garçon qui subit cruellement dans sa chaire l’injustice de la nature, de ses propres parents et des hommes et qui est obligé, à son âge et malgré lui, de quémander sa pitance quotidienne pour survivre à la méchanceté de la nature et de l’homme. En regardant très bien le visage d’Erico, nous retrouvons facilement le résumé et le concentré de toute la misère du monde, à l’époque de Jésus comme à la nôtre. Ainsi, dans le visage d’Erico, peut-on voir clairement transparaître celui de l’aveugle mendiant, de l’infirme, du sourd muet, du possédé, en somme, tout ce que l’espèce humaine a de plus inhumain et humiliant. C’est pourquoi, pour Erico, ce n’est pas seulement les pieds qu’il faut laver mais tout le corps, ce corps frêle et inoffensif qui subit cruellement l’agression exagérée et la barbarie de la saleté et de la poubelle des hommes et de la société. Frères et sœurs, en ce jour où Jésus lave les pieds de ses disciples, je compte sur nous pour laver non pas les pieds uniquement, mais tout le corps d’Erico pour lui donner un visage humain et digne dans la ville de Zuénoula qu’il arpente et sillonne chaque jour et sur notre paroisse qu’il fréquente désormais pour avoir de quoi survivre. Car, pour Erico, la passion, le crucifiement et la mort sont quotidiens qui méritent l’égard de ses frères que nous prétendons être. En joignant cet acte du lavement d’Erico à celui du lavement des pieds de ses disciples par Jésus, comprenons que c’est l’acte ordinaire et quotidien de ces petits, ces pauvres, ces moins que rien que Jésus n’imite pas simplement mais accomplit et assume ici en lavant les pieds de ses disciples.  En plus, par ce geste banal des pauvres, des petits, des rejetés de la terre, Jésus nous donne une véritable leçon de solidarité avec tous les hommes mais particulièrement avec les pauvres et plus concrètement avec Erico: « Comprenez-vous ce que je viens de faire ? » Nous demande-t-il.  « Vous m’appelez ‘Maître’ et ‘Seigneur’, et vous avez raison, car vraiment je le suis.  Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.  C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »  Je suis allé personnellement, conduit par Erico lui-même, un enfant du reste intelligent, à la rencontre de ses parents. Ils m’ont dit, cher monsieur, ce petit n’est pas un homme, il est maudit. Il fait ses besoins dans les habits qu’on lui donne. Nous n’attendons que sa mort pour être tranquilles ou alors faites-en ce que vous-mêmes voulez! Il n’y a pas longtemps, j’ai entendu, pendant que j’étais à mon bureau, au milieu d’un groupe d’enfants de son âge, un autre enfant pleuré amèrement. Ayant reconnu la voix en détresse, j’ai accouru porter mon secours et ma solidarité. Je ne me suis pas trompé, c’était bel et bien la voix fine et inoffensive d’Erico. Je l’ai trouvé au milieu des enfants de son âge, des écoliers, en train d’être insulté et malmené par ceux-ci. Un des enfants du groupe m’a appris qu’un autre a dit à Erico qu’il était vilain et sale et qu’il devrait quitter sur leur chemin sinon il le boxerait chaque fois qu’il le verrait. Je me suis imposé à eux pour sortir Erico de l’agression et de la méchanceté de ces petits, qui certainement, reprenaient à leur profit une leçon bien apprise auprès de leur parent. De ces deux faits que j’ai vécus, j’ai compris comment les adultes et les enfants traitent leurs pauvres, ceux d’entre eux qui n’ont rien et semblent n’être rien. Aujourd’hui, avec ce lavement des pieds, Jésus nous invite à une merveilleuse solidarité fraternelle et universelle où les grands et puissants de ce monde cessent de  mépriser et d’écraser les petits, les faibles et les pauvres pour ensemble bâtir une civilisation de l’amour. Frères et sœurs, rejetons nos titres, nos grades, nos diplômes, nos fonctions et nos distinctions respectives pour entrer dans l’intimité et l’humilité  mêmes du Christ qui s’est fait serviteur et solidaire de tous.

     

    Ce matin même, à 6h30, je me rendus ici, dans le sanctuaire eucharistique pour faire mon adoration au saint sacrement. Pendant que je priais, j’entendis de petits bruits sur la porte. Comme ils étaient persistants, je vins ouvrir. A ma grande surprise, c’est Erico qui était là. Il cherchait à entrer dans l’église comme il en a désormais pris l’habitude. Ne s’entendant à voir personne dans l’église et effrayé à ma vue, il tenta de s’enfuir. Je le rassurai et lui demandai ce qu’il voulait. Il me dit : « tonton j’ai faim. Je veux manger gbofloto ». En ce jeudi saint, jour de l’Eucharistie, je compris, arrêté en face d’Erico, que personne ne doit avoir faim. En effet, je me demandai comment le Christ peut aujourd’hui même donner son corps et son sang en nourriture et en boisson pour la multitude et me retrouver en face d’un pauvre qui a faim qui plus est un petit enfant ? Je compris alors qu’il fallait donner à manger à Erico. Je ne voulus pas lui donner de l’argent pour aller acheter son gbofloto dans la rue. Et je me suis rappelé la phrase du Christ : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Ainsi, après mon adoration, je suis allé trouver l’abbé Aristide qui m’a remis deux œufs. Je les cassai et fis de l’omelette moi-même. Je coupai un long morceau de pain et les envoyai à Erico que je faisais attendre dans mon bureau. Je vis alors son visage briller et ses yeux blanchir davantage. Il se mit à manger goulument. Ce qui me marqua dans son attitude, c’est qu’Erico a insisté pour partager son pain et son omelette avec un autre petit garçon qui était avec moi. Je compris qu’Erico me rappelait que même les pauvres peuvent eux aussi partager leur pauvreté et le peu qu’ils reçoivent de la charité des autres. Après son repas, je voulus le laver et lui changer ses habits. Je fis même appel à une couturière pour prendre sa mesure et lui coudre des habits neufs pour cette journée. Mais, n’étant pas habitué à une telle attention et affection à son égard, Erico profita d’un moment d’inattention pour disparaître. Je ne le retrouvai qu’un peu plus tard.

     

    Je vous fais le récit de ce fait vécu et qui m’a profondément marqué durant cette journée pour que chacun revoie sa position vis-à-vis des déshérités. Sachons que le Christ a pris l’image des pauvres et s’est rendu solidaire d’eux. On ne peut pas être son disciple et prendre une autre voie et avoir une autre attitude envers ces individus rendus fragiles par la méchanceté des hommes et par des politiques irresponsables qui poussent les gouvernants à s’enrichir en travaillant à l’appauvrissement des plus pauvres.

     

    Reprenons en chœur ce merveilleux cantique de saint Paul aux Philippiens : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.  Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur. »

     

     

    1. L’institution de l’Eucharistie

    Au cours du même repas où il s’abaisse jusqu’à laver les pieds de ses disciples, le Christ institue l’Eucharistie, le repas de son Corps et de son Sang. Qu’est-ce alors que l’Eucharistie ? L’Eucharistie, dans sa compréhension littérale signifie « action de grâce ».  En effet, le Christ, au cours du dernier repas avec ses disciples, prit du pain, il rendit grâce et le donna à ses disciples. De même, après le repas, il prit la coupe remplie de vin, il rendit grâce et la donna à ses disciples en disant à ses disciples « Prenez et buvez-en tous… ».

    Frères et sœurs, voici comment d’un simple fait banal et culturel qu’est le repas, l’acte de manger, un fait terre à terre donc naturel, le Christ institua la plus grande richesse de toute l’Eglise et de toute l’humanité. L’Eucharistie, c’est le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus Christ. C’est la nourriture du ciel qui est tirée du fruit de la terre et du travail des hommes que sont le pain et le vin. L’Eucharistie, c’est donc le plus grand bien de l’Eglise, le don le plus précieux, le signe le plus fort, le plus grand et le plus sublime que le Christ ait laissé comme immense richesse au monde avant de passer de ce monde à son Père. Et c’est à juste titre que le pape Jean Paul II, reprenant le Concile Vatican II, a pu dire que l’Eucharistie est la source et le sommet de toute la vie de l’Eglise. C'est-à-dire tout simplement que c’est l’Eucharistie qui fonde, qui fait, qui façonne et qui tient l’Eglise. Sans elle, l’Eglise n’existerait d’aucune manière. Quel bonheur immense pour nous simples mortels que de prendre part au festin d’un mystère si grand et si glorieux! De communier au Corps et au Sang de notre Seigneur Jésus Christ !  Célébrer l’Eucharistie, c’est célébrer le Christ, c’est se mettre à son service, c’est surtout le rendre toujours présent et agissant en nous et dans l’humanité.  « Faites cela en mémoire de moi », nous a-t-il recommandé. 

    L’Eucharistie, c’est aussi le repas de communion entre les fils de Dieu. Avec ce repas et en le prenant, nous montrons aux yeux de tous que notre seul bien est le Christ. Nous nous unissons au Christ en nous unissant à nous-mêmes d’abord. Le Christ a institué l’Eucharistie dans l’amour : « Il les aima jusqu’au bout », nous dit saint Jean. Et il nous demande de perpétuer ce sacrifice dans l’amour.

     

     

    1. L’institution du sacerdoce

     

      En même temps que le Christ institue l’Eucharistie, il institue le sacerdoce et ordonne les premiers prêtres pour les mettre au service de l’Eucharistie en vue de perpétuer dans le temps ce mystère eucharistique. En instituant l’Eucharistie et le sacerdoce à la fois, le Christ rend encore plus disponibles certains de ses fidèles, à savoir les prêtres, pour agir en son nom et en sa personne. Le prêtre agit in persona Christi. 

     

    Frères et sœurs, aujourd’hui plus qu’hier, la mission du prêtre est fortement contrariée eu égard à l’évolution ultra rapide et moderne du monde. Beaucoup se demandent aujourd’hui qui est le prêtre, que fait-il, mais surtout que vaut-il ? Qui est ce monsieur à qui on doit tout donner, même payer sa propre assurance ? Je voudrais, avec ma modeste expérience de douze ans bientôt de sacerdoce, tenter de répondre à ces interrogations et préoccupations existentielles de nos frères et sœurs fidèles que vous êtes.  Pour ma part, le prêtre doit être plus que jamais et dans notre société africaine et ivoirienne d’aujourd’hui, un prophète. Le prophète dans la tradition biblique vétérotestamentaire n’est pas seulement celui qui prédit les événements à venir ou qui fabrique des guérisons. Le prophète, c’était surtout celui qui annonce, dénonce et renonce.  Mais vous me demanderiez ce que le prêtre doit annoncer, dénoncer et ce à quoi il doit renoncer. Le prophète, en tant qu’envoyé de Dieu doit annoncer le règne de Dieu. Il annonce le Royaume de Dieu. Il annonce le salut que Dieu promet à tous ceux qui croient en lui. Le prophète annonce en s’inspirant de la Parole même de Dieu. Il se fait ainsi le porte-parole, mieux le porte-voix de Dieu.  Ainsi, quand il parle et agit, il ne parle pas et n’agit pas en son nom propre mais il parle et agit au nom même de Dieu.

     

    Le prophète, en tant qu’envoyé de Dieu doit aussi dénoncer. Qu’est-ce qu’il doit dénoncer ? Le prophète doit impérativement et systématiquement dénoncer les injustices dans le monde, dans son pays et dans sa société et sa ville. Il doit dénoncer l’écrasement des pauvres et des faibles par les puissants et les forts, par les riches. Il doit dénoncer la méchanceté des riches qui oppriment et exploitent les pauvres. Dans notre société mondiale globalisée où les nations les plus riches écrasent, pillent, imposent leur dictature, maltraitent, déshumanisent et bestialisent les nations pauvres, le prophète d’aujourd’hui qui est le prêtre doit dire la Parole de Dieu en dénonçant toutes ces situations indignes qui humilient et infantilisent davantage les pauvres. Il doit le faire même au prix de sa propre vie.

     

    Le prophète, en tant qu’envoyé de Dieu doit renoncer. A quoi doit-il renoncer ?  Le prophète, qui est le prêtre d’aujourd’hui doit renoncer à tout ce qui est contraire au message de Dieu qu’il annonce. Il doit renoncer au plaisir insensé de ce monde, au confort démesuré du bien matériel.  Il doit renoncer à avoir un goût exagérément prononcé vis-à-vis des biens de ce monde. Il doit renoncer au luxe et aux affaires. Il doit accepter et pratiquer l’ascèse. Tout en étant bien dans le monde, il doit être celui qui doit apprendre à ses fidèles à se détacher des biens de ce monde qui ne sont qu’éphémères. Certes, il n’invite pas, en renonçant aux biens du monde, à la paresse et à la pauvreté. Mais au contraire, il invite les fidèles de Dieu à travailler pour développer le monde.

     

    Voici, frères et sœurs, pour ma part, le type de prêtre que la société attend du prêtre aujourd’hui. Le prêtre lui-même a-t-il les moyens spirituels, psychologiques et intellectuels pour répondre à cette exigence fondamentale et incontournable de sa mission aujourd’hui ? Quelle est l’attitude du prêtre africain et particulièrement du prêtre ivoirien dans la situation tragique que vivent l’Afrique et notre pays ? Devant ces faits excessivement graves qui portent atteinte à la dignité de l’homme africain et ivoirien, a-t-il les moyens et le courage nécessaires pour annoncer, dénoncer et renoncer ?  En un mot, le prêtre africain et ivoirien d’aujourd’hui peut-il être prophète au milieu de fidèles désemparés qui subissent directement ou non la dictature et le rattrapage des hommes au pouvoir qu’on installe à travers des bombes comme dans la plupart de nos pays africains ? Telle est ma compréhension du prêtre aujourd’hui et telle est la logique dans laquelle j’essaie personnellement d’évoluer tant bien que mal en subissant moi aussi l’interpellation des frères et sœurs qui n’ont pas encore compris notre mission dans la société.

     

    Frères et sœurs, le lavement des pieds, les institutions de l’Eucharistie et du sacerdoce, bien qu’étant des rites différents pars leur nature, sont en réalité des faits et gestes de notre foi qui ont le même objectif et doivent se comprendre de la même façon.  D’abord parce qu’ils sont des faits et gestes accomplis le même jour (le jeudi saint), au cours du même événement (le repas) et par la même personne (le Christ).  Ensuite parce qu’ils sont des faits et gestes qui expriment la même chose : le service, l’amour, l’humilité et la solidarité.  Ils sont des réalités accomplies et instituées par le Christ pour aimer et servir le peuple de Dieu. Enfin, ce sont des réalités qui nous font comprendre que notre Maitre, le Christ Jésus, est un Serviteur qui n’a jamais eu honte de sa mission de serviteur et est toujours présent au milieu de nous. Il nous invite par conséquent, surtout nous prêtres, à nous mettre résolument au service de son Peuple dans l’amour et la vérité. Nous sommes des serviteurs et non des profiteurs ou des parvenus qui cherchent à s’enrichir en profitant de la naïveté et de la peur de certains de nos fidèles que vous êtes.  Le sacrement de l’ordre que nous avons reçu nous met certainement au premier plan vis-à vis de vous, fidèles laïcs.  Il ne fait pas de nous des super hommes, encore moins des extra-terrestres. Nous devenons les gérants et serviteurs des précieux mystères de Dieu ; mystères qu’il nous a révélés par son Fils à travers les sacrements que nous célébrons avec vous et pour notre bien commun. Forts ou faibles, le seigneur nous a choisis pour nous mettre à la place où nous sommes. Nous sommes vos serviteurs malgré ce que nous sommes. Nous avons des devoirs vis-à-vis de vous : devoirs de bonne conduite, de foi, de piété, de témoignage de foi ; de vérité… et forcement nos turpitudes, nos turbulences et nos faiblesses vous éclaboussent et vous déroutent même souvent dans votre foi. Comme vous et avec vous, nous sommes nous aussi à la recherche de notre propre salut, avec ce que nous sommes et nous avons. Nous avons des efforts à faire comme vous.  Nous ne vous prêchons pas le Royaume des Cieux pour vous seulement mais aussi pour nous.  Nous ne vous ouvrons pas les portes du Royaume des cieux pour les refermer devant nous et nous ouvrir à nous-mêmes les portes de l’enfer. Aidons-nous à aller de l’avant dans l’accomplissement de notre mission au milieu de vous. Nous avons besoin de vous comme vous aussi avez besoin de nous. Nous ne sommes pas des concurrents mais des partenaires en vue du Royaume des cieux. Rencontrons-nous, parlons-nous sincèrement. Evitons les dénigrements, les histoires inventées de toute pièce pour nous salir ou nous humilier. Mettez-vous ensemble avec vos prêtres. N’ayez pas peur de les approcher. Ouvrez-leur votre cœur et ils vous ouvriront les leurs. Dans ce sens, je le répète à toutes fins utiles, les portes du presbytère vous sont grandes ouvertes. Venez nous voir, non seulement pour des motifs spirituels mais aussi pour fraterniser : boire ensemble, manger ensemble, discuter ensemble de tout et de rien. Notre presbytère n’est pas un ermitage, ce lieu isolé où vivent des personnes coupées du monde et de leurs frères et sœurs.

     

    Que Dieu nous aide à marcher ensemble, d’un même pas comme des princes vers le Royaume que son Fils a préparé pour nous.

     

     

     

     

     

                                                                                

     

     

                                                                                

     

     





     

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