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VIP-Blog de perekjean
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  • Créé le : 05/02/2013 13:43
    Modifié : 02/07/2014 22:26

    masculin (31 ans)
    Origine : Abidjan
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    Jean-Marc Ela et la libération de l'Afrique en Jésus-Christ

    01/03/2013 12:43



                           Jean-Marc Ela et la libération de l’Afrique en Jésus-Christ

         Jean-Marc Ela (1936-2008) est un prêtre, théologien, anthropologue et sociologue camerounais. Pendant quatorze ans, il a vécu avec des paysans Kirdis au Nord Cameroun. Il a partagé avec eux leurs souffrances et leurs misères. Il a surtout élaboré auprès d’eux une théologie de la libération qui les a conduits à s’opposer à toutes les formes de domination et de paupérisation que leur faisait subir le pouvoir camerounais à travers les multinationales. Contre ces stratégies de domination, il a opposé des stratégies de libération qui ont permis aux Kirdis, peuple de la misère situé à l’entrée du désert, de comprendre que leur salut se trouve entre leur main et qu’ils doivent se donner les moyens de le conquérir. En 1995, sous la pression du pouvoir de Paul Bya et après le meurtre crapuleux de son ami, le père Mveng Engelbert, il s’exile au Canada où il rendra l’âme le 26 décembre 2008. Ce grand savant africain nous a laissé un travail théologique de grande envergure qui mérite d’être connu.

         Dans cette partie, nous ferons découvrir la pensée de cet auteur sur la problématique de la foi africaine et la libération en Jésus-Christ.

     

         A partir de l’identité qu’il reconnaît au Christ et de sa foi en lui, Jean-Marc Ela élabore une christologie africaine de la libération qui s’articule à la foi africaine. Il le reconnaît et le confesse lui-même : «Notre théologie ne peut pas être autre   qu’une théologie de la libération».[1]Il affirme qu’il s’est aperçu qu’il devrait « articuler foi et libération » dans un effort de réflexion théologique.[2]Il soumet à une nouvelle interprétation le rapport de la révélation de Dieu à travers Jésus-Christ à l’homme dans le contexte de l’Afrique contemporaine. Pour lui le défi de la théologie ne semble pas être seulement d’« harmoniser foi et intelligence »,[3] mais plutôt d’articuler les liens étroits et inextricables entre « foi et libération ».[4] Selon lui, si Dieu se révèle dans l’histoire des hommes par son Fils Jésus-Christ, ce n’est pas pour donner une simple information aux hommes sur son essence. Il le fait pour leur montrer son amour et les libérer du pouvoir du mal sous toutes ses formes et ses ramifications morbides que nous connaissons aujourd’hui en Afrique particulièrement.

    La Bible : message de libération

         Il propose pour cela une libération à partir d’un « auto-développement socio-économique qui exige une vraie conversion à l’Evangile afin que l’homme retrouve sa dignité d’homme».[5] Il considère de ce fait ce qui se passe au quartier, dans les villages, « là où le cri du pauvre monte vers Dieu » comme « l’enjeu de Dieu » en Afrique;[6] lequel enjeu est dirigé contre le mal et en faveur des pauvres qui sont ses grandes victimes. Dans ce sens, pour lui, la Bible doit être lue et interprétée comme « le récit d’une libération » dont Moïse et les autres prophètes sont les précurseurs et que Jésus- Christ poursuit en libérant les pauvres et les opprimés. Il souligne que c’est ce qui le frappe le plus quand  il essaie d’écouter le Dieu de la Bible. Le défi de la Révélation se trouve être la pauvreté et l’oppression. De cette façon, notre théologie ne peut pas être autre chose qu’une théologie de la libération.[7]L’importance et l’imminence de la libération, selon lui, autorise à refuser de devenir le « griot de la curie romaine »[8] ou celui des régimes installés dans le sang et la dictature en Afrique.[9]« Si je pouvais résumer le message véhiculé par mes livres, je dirais que c’est un message de libération. Je suis préoccupé par la condition de l’homme en Afrique».[10]

    Passer de la servitude chronique à la liberté

         Jean-Marc Ela s’est laissé interpeller par la condition de l’homme noir parce que toute sa vie, il a découvert que celle-ci est marquée par une histoire de souffrance et de douleur, de violence et de barbarie qui prend des formes variées et tentaculaires selon les époques, les gouvernants et les enjeux. Cette situation, du reste grave, exige un effort de rupture qui doit conduire les Africains à « passer de la servitude à la liberté».[11]

         Bien plus, quand il relit l’histoire de l’évangélisation de l’Afrique, il arrive qu’il se demande si nous Africains avons mis suffisamment en valeur le potentiel libérateur de la révélation de Dieu en Jésus-Christ. Il observe que l’Afrique n’est pas allée en profondeur et à la racine de toutes les difficultés que rencontrent tous les jours les Africains. Selon lui, nous n’avons pas suffisamment repéré les facteurs qui entretiennent l’ignorance, la malnutrition, les systèmes d’accumulation et de domination qui empêchent les gens de jouir des fruits de leur travail et par conséquent d’accéder aux biens de la terre que Dieu, dans toute sa bonté, a généreusement destinés à l’usage de tous les hommes de tous les temps et de tous les lieux.

     

    Jésus-Christ est le Libérateur

         Dans sa réflexion théologique, Jean-Marc Ela envisage de reconsidérer l’enjeu de la mission et de la théologie à partir des situations de dépendance, d’exploitation et d’injustice qui sont le lot de millions d’hommes et de femmes condamnés à la misère sous nos tropiques. C’est pourquoi il suggère d’actualiser à travers nos pratiques de chaque jour, ce qui fut l’engagement de Jésus-Christ pour les opprimés. Celui-ci en effet, ne s’est pas simplement contenté de la conversion intérieure, mais il a délivré les captifs et les opprimés.[12]Dans cette perspective, il assigne à l’Eglise, dans l’ensemble de ses œuvres, un objectif de libération des pauvres et des opprimés d’Afrique à partir de Jésus-Christ.

    Le sens de la libération

         Comme on peut le constater, le terme « libération » est le concept opératoire et dynamique de sa pensée à partir duquel il met en mouvement sa foi. Il invite ainsi l’Eglise, au nom de l’Evangile de Jésus-Christ à écrire chaque jour, dans la foi et le courage ce qu’il indique comme « l’histoire de la libération effective des opprimés».[13]

         Il est plus concret en donnant le sens de cette théologie de la libération « Pour moi, la théologie de la libération, c’est chaque fois qu’un bras se lève, qu’une voix essaie de dire ce qui ne va pas et qu’on échappe à la peur, quand on est capable d’affronter des situations d’oppression».[14]Avec les Evêques africains, il révélera aussi qu’en Afrique, « libération de l’homme signifie décolonisation, développement, justice sociale, respect des droits imprescriptibles et des libertés fondamentales».[15]Aussi, la libération qu’il revendique au nom de la foi en Jésus-Christ Libérateur consiste à œuvrer pour l’avènement d’une société juste où les droits des humains sont respectés,[16]à lutter pour une autre société, un autre homme, un autre système de production, une autre manière de vivre entre les hommes au sein de la famille comme au sein de la société toute entière, en définitive, une autre manière de regarder le Christ. Cette dimension primordiale est au cœur même de la lutte de notre auteur. Elle a marqué ainsi toute sa vie et le conduira en exil, par la volonté de ceux qui refusent d’entendre la vérité. Il a le courage d’exprimer ses opinions pleines de critiques porteuses d’espoir, malgré les oppositions, les contradictions et les persécutions en face.

    Jean-Marc Ela : le prophète de la solidarité avec les pauvres.

         Jean-Marc Ela dénonce comme prophète, les structures du péché qui minent aujourd’hui l’Afrique et le monde, enchaînant ainsi les pauvres de toutes parts. C’est ainsi que sa christologie est marquée par les appels constants et le renvoi à Jésus de Nazareth, à Abel et aux pauvres auxquels il s’identifie par l’appellation « le monde d’en bas». Il donne à ses critiques une véritable force de protestations et de conviction contre l’injustice, l’oubli et le mépris des pauvres et contre toutes les forces du mal qu’il désigne « forces d’oppression ».  Il trouve les mots justes et surtout le courage pour fustiger les insuffisances éthiques du pouvoir qui s’expriment en termes de déviation et souvent de violence et de barbarie d’Etat contre les faibles et les pauvres. Car il croit véritablement en l’homme africain, icône de Jésus-Christ. Ses dénonciations n’épargnent aucune couche de la société africaine qui opprime les pauvres et les faibles. C’est ainsi qu’il déplore les comportements de certains hommes d’Eglise plus attachés à la recherche des honneurs qu’au service et à la défense des faibles. Sa théologie s'élabore ainsi autour de ce qu'il appelle lui-même la « théologie sous l'arbre» qui est une théologie de la solidarité ecclésiale en faveur des pauvres à travers un engagement ferme dans un projet de libération en Jésus-Christ.

    Père JEAN K.

    Maître en théologie dogmatique de l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest- Unité Universitaire d’Abidjan.

     

     


    [1] Yao, ASSOGBA, Jean-Marc Ela. Le sociologue et théologien africain en boubou, Paris, L’Harmattan, 1999   p.58.  

    [2] Ibid., p.64.

    [3] Ibid.

    [4] Ibid.

    [5] Bénézet, BUJO, “Jean-Marc Ela. Champion d’une théologie sous l’arbre”, in Théologie africaine au XXIè siècle. Quelques figures, Vol II, Fribourg, Saint-Paul, 2005, p.184.

    [6]Cf. Ibid.

    [7]Cf. Ibid., p.58. Egalement, pour Engelbert MVENG, « si vraiment la Bible est bonne nouvelle de salut, la première bonne nouvelle qu’attendent les peuples opprimés, c’est d’abord l’annonce de leur libération » ; Engelbert, MVENG, Op. cit. p.28.

    [8] Jean-Marc, ELA, Repenser la théologie africaine.  Le Dieu qui libère, p.11.

    [9] Cf. Ibid.

    [10] Yao, ASSOGBA, Op. cit., p.71.

    [11]Ibid., Pour Engelbert MVENG, la théologie de la libération africaine prend en compte le « contexte historique » marqué par l’ « esclavage », la « colonisation » avec comme corollaire « la dépersonnalisation de l’homme africain » ; Cf. Engelbert MVENG, Op. cit., p.32.

    [12]Cf. Jean-Marc, ELA, « Les enjeux de la mission aujourd’hui » in Voies nouvelles pour l’évangélisation (Actes du synode de Luishia (Lubumbashi) 19-29 août 1984, pp.111-120.

    [13] Jean-Marc, ELA, Le cri de l’homme africain. Questions aux chrétiens et aux Eglises d’Afrique, p.166.

    [14]Yao, ASSOGBA, Op.cit., p.61.

    [15] Jean-Marc, ELA, art. cit., p.131.

    [16] Cf. Ibid., p.98.

     





     

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